Les mineurs de Colbat en République Démocratique du Congo et les mineurs d’Or au Cameroun sont une minorité paupérisée, mais enrichissant les géants industriels en Asie pour la plupart. Un tel paradoxe ne saurait prospérer, au regard de multiples textes réglementaires nationaux et internationaux. Ces minerais participent à la lutte contre les changements climatiques, mais appauvrissent les populations et les sols en Afrique.
Le Colbat en République Démocratique du Congo est très convoité pour la fabrication des batteries de voitures électriques, attisant une concurrence féroce dans l’industrie automobile. Cependant, il provient en grande parti du travail infantile et féminin. Car pour la plupart, les artisans miniers qui ravitaillent ces industries travaillent dans l’informel. Quentin Noirfalisse et Arnaud Zajtman l’ont mentionné dans un reportage de France 24. Selon eux, l’extraction du Colbat pollue les sols et les eaux, exposent les mineurs aux risques sanitaires, sans rémunération conséquente. Dans un rapport publiée en 2020, Amnesty International faisait également remarquer que l’extraction du Colbat et du cuivre expose les mineurs et les populations environnantes aux malformations congénitales chez leurs enfants, leur environnement à la pollution des cours d’eau et la dégradation des sols. Ainsi, dans l’Est du pays en particulier, des conflits naissent du fait des convoitises suscitées par les ressources minières. Le Responsable du programme Entreprises, Sécurité et Droits humains, Mark Dummett souligne que « Dans cette région de la RDC, l’une des choses les plus frappantes est la pollution et le fait que l’État et les entreprises minières ne font pratiquement rien pour prévenir la pollution et protéger les personnes qui vivent et travaillent là. » L’honorable Adonis Mukamba y revient en 2023 pour annoncer qu’une délégation de l’Assemblée nationale au Sud-Kivu se rendra dans cette partie de la province afin d’échanger avec les populations et prendre des mesures y afférentes. Dans cette interview accordée à la presse au mois de juin dernier. Adonis Mukamba Mazambi, député à l’Assemblée provinciale s’est offusqué de la rébellion des sociétés chinoises, dont « l’Etat congolais lui-même est en train d’organiser une fraude, pour laisser piller ses propres ressources ». Ce dernier révèle d’ailleurs que toutes les sociétés minières et leurs coopératives qui fonctionnent dans la chefferie des Wamuzimu travaillent dans l’illégalité, la militarisation des sites miniers appartenant aux sociétés chinoises, lesquelles ne disposent d’aucune preuve légale du respect du Code minier. Comme une tâche indélébile sur un pan du manteau, le même désordre est observé dans la Région de l’Est au Cameroun.
A cause de ces minerais, les écosystèmes forestiers et marins subissent des répercutions durables, en quête des solutions durables. Une lueur d’espoir se cache peut-être derrière quelques cas de bonnes consciences, en RDC comme au Cameroun. Mark Bristow présente son entreprise qui exploite la mine de Kibali, comme ayant investi 4,6 milliards dans les dividendes, les redevances et les impôts en RDC. C’était au cours de sa 49e conférence de presse organisée mercredi 5juillet 2023, à Kinshasa. Il prétend que Barrick Gold Corporation s’investit dans le soutien des soins de santé primaires, la scolarité des enfants ainsi que la sécurité alimentaire pour les femmes et les enfants, dans le cadre de son programme de développement durable.
Au Cameroun où les nuisances sanitaires et environnementales sont causées par les pratiques illicites des orpailleurs. De Kambele, Mongonam et Batouri à l’Est Cameroun, le mercure déborde comme dans un vase, les cours d’eau, jusque dans les champs environnants ces zones d’extraction minière. Ce métal hautement toxique est déversé dans les trous miniers au passage des orpailleurs, sans équipement de protection, constamment malades, des maladies inexplicables, à entendre ces derniers s’exprimer. A en croire Ndewe Armand lors de la soutenance de sa thèse de doctorat en Géographie en 2021, les sites restent orphelins et les chantiers illicites font prospérer une économie minière clandestine, encore moins maitrisée par l’administration, au regard des actions correctives encore en gestation dans les différentes administrations sectorielles. En collaboration avec le Ministère des mines (Minmidt), le Ministère de la Santé (Minsanté), le Ministère de l’environnement (Minepded) entend appliquer les recommandations de la Convention de Minamata. C’est cette équipe qui pilote le projet d’élaboration du Plan d’Action Nationale depuis 2019, sous financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), tel que MERENG BODO Eliane Marina, point focal minamata confie à notre rédaction. C’est dans le cadre du processus de mise en œuvre de cette Convention de Minamata que le secteur minier à petite échelle de l’or au Cameroun est pris comme cible de la campagne de sensibilisation, d’information et l’éducation sur les impacts négatifs liés à l’utilisation du mercure. Un atelier de concertation s’est alors tenu les 13 et 14 Avril 2023 à Batouri dans la région l’Est. Autour des échanges, les exposés des parties prenantes du projet, les expériences des leaders des associations et des chefs chantiers des artisans miniers, les témoignages des collecteurs d’or et le plaidoyer des autorités traditionnelles de Kambele 1,2,3, Keté et Colomine, ainsi que le soutien des administrations sectorielles de la région de l’Est et du département de la Kadey.
Précédé sur les rails de la sensibilisation par l’ONG Foder, les trajectoires du partage de l’information nous orientent vers les sites miniers identifiés dans cette mission. Les artisans acceptent qu’ils manipulent le mercure et cyanure au quotidien, et « que 70% des femmes sont touchées dans leurs sexes parce qu’elles mettent long dans l’eau de lessivage des boues dorées. Nous avons contacté les organismes internationaux avec des projets visant à autonomiser les femmes loin des activités minières, ces derniers ont montré très peu d’intérêts à nos propositions. Ils disent s’être déjà heurtés à la résistance des populations à quitter les sites miniers. Selon elles, c’est une culture, une tradition, un héritage familial de travailler dans les mines.
Téclaire Bigerth Journaliste environnementale