La 79ème session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) s’est ténue au siège de l’organisation, à New York, du 22 au 27 septembre 2024. Cette année, les échanges portent sur le thème : « Ne laisser personne de côté : agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures ».
A l’occasion de cette semaine de haut niveau de la 79eme Assemblée générale des Nations unies, les chefs d’Etats et de gouvernement ainsi que d’autres représentants nationaux, se réunissent pour présenter leurs priorités et échanger sur les défis mondiaux afin de faire progresser la paix, la sécurité et le développement durable. Alors que la communauté internationale est confrontée à des défis sans précédents.
La plaidoirie des africains
À l’Assemblée générale, les pays africains plaident pour une réforme du Conseil de sécurité et de l’architecture financière internationale
Se succédant à la tribune de l’Assemblée générale, les chefs d’État et de gouvernement africains ont redoublé d’appels à réformer en profondeur le système onusien et l’architecture financière internationale. Ce troisième jour du débat général a aussi été marqué par l’intervention du Président de l’État de Palestine et par celle du Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti qui ont plaidé chacun pour la création d’une mission de maintien de la paix de l’ONU.
« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président kényan, constatant, à l’instar de nombre de ses pairs, une érosion de la confiance dans le système multilatéral. Nous ne pouvons pas continuer avec un Conseil de sécurité qui reflète les structures des pouvoirs de 1945, une période où la plupart des États africains actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient donc pas voix au chapitre dans les affaires mondiales, a déclarré le Président de Sao Tomé-et-Principe. Jugeant le Conseil « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque », son homologue kényan a précisé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions de tous les autres États Membres.
La priorité de l’Afrique est la réforme du Conseil de sécurité avec l’attribution de deux sièges de membre permanent pour le continent, a résumé le Président du Malawi. Il s’est félicité du soutien affiché sur ce sujet par les Présidents des États-Unis et de la Chine. L’Afrique attend cependant une adhésion plus large des autres membres permanents à cette initiative, a dit le Président de la transition du Gabon, en même temps que l’accès au droit de veto des membres africains, conformément au consensus d’Ezulwini.
« Il n’y a pas de développement sans paix, et pas de paix sans développement », a souligné le Président de Sao Tomé-et-Principe, un argument souvent repris par les dirigeants africains. Le Président de la Gambie a indiqué que son pays, comme la plupart des pays les moins avancés, faisait face à des défis qui menacent sa survie même, appelant la communauté internationale à s’acquitter de ses engagements au titre de l’aide publique au développement. Face au retard pris dans la réalisation des objectifs de développement durable, le Président du Kenya a tancé, entre autres facteurs, le manque de financement, d’appui technique et de renforcement des capacités.
La crise de la dette en Afrique est un « cancer » qui finira par atteindre vos pays, a averti le Président du Malawi, estimant que les pays du continent étaient lésés dans leur accès aux marchés internationaux. Développant cet argument, le Président kényan a dénoncé les « méthodologies biaisées » des agences de notation qui les désavantagent. Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments et de manuels scolaires ou le remboursement de la dette. « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité au rendement économique plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? »
Ces chefs d’État, pour ne citer qu’eux, ont également plaidé pour une réforme des institutions financières mondiales. De son côté, le Président de la République centrafricaine a exhorté l’ONU à œuvrer davantage en faveur de la mise en œuvre du « nexus climat, paix et développement », en créant une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix.
Arrivé à la tribune sous les applaudissements, le Président de l’État de Palestine, a martelé: « Nous ne partirons pas, nous ne partirons pas, la Palestine est notre patrie! » ajoutant que si quelqu’un devait partir, c’était l’occupant. Il a accusé Israël d’être responsable d’une « guerre génocidaire » à Gaza, qui a fait plus de 40 000 morts, dont 30 000 femmes et enfants, 100 000 blessés et 2 millions de personnes déplacées. « Faites cesser ce génocide, faites cesser l’envoi d’armes à Israël! » a-t-il imploré, « cette folie ne doit pas continuer, le monde entier est responsable ».
Le Président a déploré que les États-Unis aient opposé par trois fois, seuls, leur veto au Conseil de sécurité à des projets de résolution appelant au cessez-le-feu. Estimant que la fourniture continue d’armes par les États-Unis à Israël constituait un encouragement, il a ajouté qu’ils étaient aussi le seul pays membre du Conseil de sécurité à avoir voté contre l’octroi à la Palestine du statut d’État Membre à part entière. Selon lui, c’est Israël, qui refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU, et dont le représentant a affirmé ici même que ce bâtiment devrait être rasé, qui « ne mérite pas d’être Membre de l’ONU ».
« Nous ne permettrons pas à Israël de prendre un centimètre de Gaza », a-t-il lancé après avoir accusé le Premier Ministre israélien de vouloir expulser la population de Gaza et de Cisjordanie vers l’Égypte et la Jordanie. Enfin, il a demandé un retour de la souveraineté et de la juridiction de l’État de Palestine sur Gaza, la tenue dans l’année d’une conférence de paix sous les auspices de l’ONU pour mettre en place la solution des deux États, et la mise en place s’une force de maintien de la paix de l’ONU entre l’État de Palestine et Israël.
« Quand Israël empruntera-t-il le chemin de la paix jusqu’au bout? » a fait écho le Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, avant de réitérer son appel à un cessez-le-feu sur tous les fronts. Il a exhorté la communauté internationale à agir avant que la situation de crise dans son pays ne dégénère encore davantage et ne s’étende à toute la région. « Ce que nous vivons aujourd’hui au Liban est le résultat, et non la cause, de l’absence d’une solution durable. La cause, c’est l’occupation », a-t-il argué.
M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a déclaré que les États Membres de l’ONU sont liés par les trois piliers paix, sécurité et développement. « La question qui se pose est de savoir comment agir dans cette union. » Pour pleinement coopérer, a-t-il dit, il nous faut prendre conscience de l’urgence qu’il y a à agir, notamment pour le développement, mais aussi pour une réforme des Nations Unies. La priorité de l’Afrique est la réforme du Conseil de sécurité avec l’attribution de deux sièges de membre permanent pour le continent, a-t-il indiqué, avant de se réjouir du soutien affiché sur ce sujet par les Présidents des États-Unis et de la Chine.
Le Président a expliqué qu’à cause des changements climatiques et des catastrophes qu’ils entraînent, un cinquième de la population de son pays se trouve dans une situation de famine. Mais heureusement, le Malawi a bénéficié d’une coopération internationale active pour répondre à ce défi: avec les États-Unis, des pays de l’Union européenne, l’Arabie saoudite, le Japon ou encore le Maroc et le Fonds monétaire international (FMI), des routes et des hôpitaux ont été construits ou rénovés, des programmes alimentaires et de protection sociale ont été mis en place, de même que des infrastructures électriques. « Le Malawi est l’exemple de ce que l’on peut accomplir pour qu’un pays atteigne le développement par le biais de la coopération internationale. »
Toutefois, la crise de la dette en Afrique constitue un « cancer », qui finira par atteindre vos pays, a-t-il averti, appelant les États qui refusent de voir ce problème à l’examiner en profondeur. La concurrence économique entre États est aussi un sujet de préoccupation. Elle doit être saine pour que ceux qui souhaitent avoir accès aux marchés internationaux ne soient pas lésés, en particulier les pays africains. De la même manière, il faut permettre l’accès à la technologie et à l’éducation, alors que les règles visant aujourd’hui à réglementer l’intelligence artificielle ne profitent qu’à quelques États, a ajouté le Président. La réponse aux questions qui se posent à la communauté internationale se trouve dans une gouvernance de l’ONU plus juste, robuste et inclusive, « sinon rien ne pourra être fait ». C’est l’absence d’une telle gouvernance qui est selon lui la cause des échecs en Ukraine, au Moyen Orient, au Soudan et ailleurs.
M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président du Kenya, a constaté que les conflits et les tensions s’étendaient désormais à toutes les régions, et s’est inquiété de la multiplication des récits polarisants, des guerres et de la course aux armements, notamment nucléaires. Évoquant les « traces dévastatrices » laissées par les conflits, de Gaza au Darfour, de l’Ukraine au Yémen, de l’est de la République démocratique du Congo au Soudan, de la région du Sahel à Haïti, il a noté que les changements climatiques les alimentaient souvent, en aggravant la pénurie de ressources et la concurrence pour les obtenir. Il s’est également dit préoccupé par l’usage croissant de la désinformation et la manipulation, facilitées par les médias sociaux, qui menace davantage les démocraties en sapant la confiance du public et l’intégrité des processus démocratiques.
« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président, ajoutant que la mentalité du « eux contre nous » avait généré des coalitions négatives, une escalade des tensions et une érosion de la confiance dans le système multilatéral. Il a rappelé la participation de son pays à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, et s’est dit fier que la Somalie rejoigne bientôt le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité, qui établit un cadre pour le financement des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine. Il a rappelé qu’à la demande des dirigeants du Soudan du Sud, il avait lancé au début de l’année l’initiative « Tumaini », réunissant les parties belligérantes afin de s’attaquer aux causes profondes du conflit prolongé dans ce pays. Évoquant la situation en Haïti, M. Ruto a rappelé que le Kenya dirigeait une mission multinationale d’appui à la sécurité. Il a annoncé que malgré des lacunes en termes d’équipement et de financement, le Kenya atteindrait l’objectif de 2 500 policiers sur le terrain d’ici à janvier prochain. Selon le Président, le Conseil de sécurité est « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque ». Il a affirmé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions des 193 États Membres restants. Qualifiant cette situation d’inacceptable, il a appelé à une réforme urgente du Conseil. Il a ajouté que les pays africains travaillaient aussi à réformer l’Union africaine « de fond en comble ».
Insistant sur le lien entre la paix et le développement, il a rappelé que seuls 17% des ODD étaient en passe d’être atteints, et que près de la moitié affichent des progrès minimes ou modérés, plus d’un tiers étant au point mort ou ayant régressé. Outre les nombreuses crises ayant affecté la planète ces dernières années, il a blâmé le manque de financements, d’appui technique et de renforcement des capacités. Il a également dénoncé les « méthodologies biaisées » employées par les agences de notation qui désavantagent les pays africains, entravant leur accès à des financements abordables sur les marchés internationaux. Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments, de manuels scolaires ou le recrutement d’enseignants, et le remboursement de la dette. « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité aux rendements économiques plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? » s’est-il interrogé, avant d’appeler à réformer l’architecture financière internationale. Le Président a rappelé que Nairobi accueillerait le mois prochain un forum d’investissement pour les énergies renouvelables en Afrique. Il s’est félicité de la reconstitution de l’Association internationale de développement qui a tenu son sommet à Nairobi au début de l’année, ainsi que du lancement du Club Afrique, une alliance d’institutions financières africaines visant à renforcer la position de l’Afrique dans l’architecture financière mondiale.
M. BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA, Président de la transition et Chef de l’État du Gabon, a rappelé que le Gabon vient de célébrer le premier anniversaire du coup de libération. Il a évoqué la marche vers la construction d’un Gabon nouveau, avec notamment la mise en place des institutions de la transition; la libération des prisonniers d’opinion; l’inclusivité permanente; la tenue d’un dialogue national inclusif; ainsi que la rédaction d’une nouvelle constitution. La prochaine étape est l’organisation du référendum dans les prochains mois, l’adoption d’un code électoral et la révision du fichier électoral. « Au lendemain du coup de libération du 30 août 2023, qui s’est réalisé sans effusion de sang, nous avons prôné la préservation de la paix et de l’unité nationale en faisant appel à toutes les forces vives de la nation, quels que soient leurs origines, leurs croyances ou leur statut social, dans les efforts visant à construire un Gabon plus équitable et plus prospère. »
Se tournant vers les nations industrialisées, le Président de la transition les a invitées à véritablement respecter leurs engagements en soutenant les pays qui abritent les plus grands réservoirs de carbone au monde. Il a en outre dit appuyer les efforts du Secrétaire général de l’ONU visant à parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable sur le « Sahara marocain ». Il s’est réjoui de l’annonce officielle des États-Unis qui ont dit soutenir l’admission de deux États africains comme membre permanent du Conseil de sécurité. Cependant, l’Afrique attend une adhésion plus large des autres membres permanents du Conseil de sécurité à cette initiative, en même temps que l’accès au droit de veto des membres africains, conformément au consensus d’Ezulwini. « Ceci ne serait que justice pour notre continent. »
Le Président de la transition a par ailleurs invité la communauté internationale à ne pas détourner les yeux de Gaza. Il est plus que jamais temps que s’installe une paix définitive en vue de la coexistence harmonieuse des États palestiniens et israéliens. Il a également réitéré la position du Gabon en faveur de la levée de l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba en raison de son impact négatif sur le bien-être de la population. Sur le plan économique, le Président Oligui Nguema a relevé que le système financier international actuel ne permet pas de diriger les investissements vers le développement et donc d’assurer la dignité des populations à laquelle nous appelle le thème du débat de cette année. Il a ainsi plaidé pour une réforme des institutions financières mondiales, arguant qu’elle est cruciale pour dégager des financements en faveur des pays en développement. Il a conclu en lançant un appel: « mutualisons nos efforts pour l’espoir d’un meilleur destin, en agissant autrement pour la préservation de la race humaine ».
M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a commencé par remercier le Conseil de sécurité d’avoir, le 30 juillet dernier, décidé de la levée totale de l’embargo injuste, illégitime et inique sur les armes, imposé aux forces armées centrafricaines et qui a causé au pays, une décennie durant, tant de préjudices irréparables. Il a exprimé sa gratitude et celle du peuple centrafricain pour cette « sage décision » qui, quoique tardive, permet au pays de poursuivre ses actions en faveur du rétablissement de la paix et de la sécurité nationales et d’agir, avec les autres États du monde, pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures.
Le chef d’État a ensuite indiqué que son pays se prépare à renforcer son ancrage démocratique par l’organisation prochaine des élections municipales et régionales, les premières depuis quatre décennies. Dans cette perspective, il a annoncé que des mesures spéciales sont prises pour mettre hors d’état de nuire les groupes armés résiduels qui se livrent à des actes de grand banditisme, à l’exploitation illégale ainsi qu’au trafic frauduleux des ressources naturelles dans le but d’acquérir des matériels et équipements militaires. Des avancées significatives ont également été réalisées grâce à la participation de toutes les parties prenantes au processus global de paix et de sécurité axé sur « l’Accord politique pour la paix et la réconciliation nationale et la feuille de route conjointe de Luanda ». Mais en dépit de ces avancées, le pays fait face à de nombreux défis, en particulier la construction des casernes militaires au plus proche des menaces, l’acquisition des matériels et équipements militaires au profit des Forces de défense et de sécurité.
M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, s’est dit convaincu que la voie vers un avenir meilleur passe par le multilatéralisme et une coopération internationale plus étroite. Il a jugé urgent de mener une réforme substantielle du système onusien, en particulier du Conseil de sécurité et des institutions financières internationales. Il a indiqué que la Gambie, comme nombre de pays parmi les moins avancés, fait face à des défis qui menacent sa survie même. La communauté internationale doit aider les pays les moins avancés (PMA) afin de remédier au fardeau des inégalités et de permettre l’édification d’économies robustes. « Nous devrions également joindre nos forces pour combler le fossé numérique et appuyer les transferts de technologies en faveur du développement », a-t-il ajouté.
Le Président a souligné l’importance de l’égalité entre les genres et le rôle indispensable des femmes dans le développement socioéconomique. « En tant que Président, je continuerai de garantir la protection des femmes et des filles. » Le Président a indiqué que la Gambie est fermement engagée en faveur de la promotion des droits humains et de l’établissement d’une démocratie robuste. L’établissement d’une commission nationale pour les droits humains, ainsi que la consolidation d’un pouvoir judiciaire indépendant, impartial et libre, apporte un sentiment de sécurité aux citoyens de la Gambie en leur permettant de saisir les tribunaux, a-t-il expliqué. « Je suis heureux d’annoncer que depuis 2017, il n’y a eu aucun prisonnier politique en Gambie et qu’aucun journaliste ou défenseur des droits humains n’a été emprisonné. » En août 2024, la Gambie a été reconnue comme l’un des pays leaders en Afrique s’agissant de la liberté d’expression, s’est-il encore félicité. Le Président a également précisé que son pays est en train de prendre des mesures pour mettre un terme final « à la saga des victimes de la dictature » dans son pays. Pour aller de l’avant, nous avons besoin de votre soutien, a déclaré le Président.
Le Président a salué les efforts du Maroc ainsi que la viabilité de l’Initiative marocaine d’autonomie. « Cette initiative, conforme aux principes de la Charte, propose une plateforme à toutes les parties impliquées dans le conflit du Sahara marocain afin de s’engager dans un dialogue emmené par l’ONU en vue d’une solution politique permanente, agréée par tous. » En ce qui concerne le respect du « principe d’une seule Chine », le Président a dit continuer de soutenir la Chine, en louant le soutien généreux de ce pays à ses voisins du Sud. Sur le sujet des migrations, il a invité la communauté internationale à les réguler tout en les décriminalisant. Les êtres humains ne doivent pas perdre leur vie à la recherche d’un avenir meilleur, a tranché M. Barrow. À cet égard, la Gambie coopère avec les pays concernés pour remédier au sort des migrants, a-t-il assuré.
Enfin, le Président a invité la communauté internationale à remédier aux inégalités avec « compassion » et à s’acquitter de ses engagements au titre de l’aide publique au développement (APD). « Malgré les immenses défis auxquels nous faisons face, il existe un immense potentiel de changement positif grâce à des actions collectives », a conclu le Président de la Gambie.
M. ABDEL-FATTAH AL-BURHAN ABDELRAHMAN AL-BURHAN, Président du Conseil souverain de transition du Soudan, a évoqué la guerre dans son pays, lancée par la milice des Forces d’appui rapide, « un groupe bénéficiant de soutiens à l’intérieur comme à l’extérieur du Soudan ». Il a regretté que ce groupe reçoive un soutien d’États de la région qui lui fournissent des fonds et des mercenaires. Il s’est demandé pourquoi le système international n’a pris aucune mesure à l’encontre de ce groupe, malgré toutes leurs exactions et les crimes contre l’humanité qu’ils ont commis. Selon le Président, cela vient confirmer le besoin de réformer le Conseil de sécurité. Il a assuré que le Gouvernement soudanais est disposé à faciliter les convois humanitaires et la protection des civils. Il a dénoncé les crimes contre les civils perpétrés par les Forces d’appui rapide qui vont jusqu’à vendre des femmes comme esclaves. Il a remercié les États accueillant les réfugiés soudanais, ainsi que les organisations d’aide qui appuient le pays. À ceux qui entendent contrôler les richesses du Soudan, le Président a rappelé que « la volonté du peuple soudanais prévaudra ».
Il a appelé à la fin des combats au Soudan, au retrait des Forces d’appui rapide des zones occupées et au lancement d’un processus politique. Il a promis que les forces armées soudanaises, « connues pour leur professionnalisme », allaient continuer à combattre les Forces d’appui rapide malgré les soutiens que ces dernières reçoivent. Ces forces sont une milice armée qui commet des crimes terroristes et elle doit être reconnue comme un groupe terroriste, a-t-il insisté. Il a par ailleurs indiqué que les Palestiniens doivent établir un État souverain sur les frontières d’avant 1967, qui doit être admis comme État Membre à part entière de l’ONU.
M. CARLOS MANUEL VILA NOVA, Président de Sao Tomé-et-Principe, a rappelé qu’en tant que petit État insulaire, son pays était en première ligne face aux changements climatiques, première menace pour la survie de sa population. Bien que nous ne soyons responsables que d’une infime partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre, nous sommes parmi ceux qui souffrent le plus de leurs effets, a-t-il regretté, évoquant l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation des événements climatiques extrêmes, l’érosion côtière et la perte de biodiversité. Il a appelé la communauté internationale à écouter la voix des nations les plus touchées, et à la prendre en compte dans des actions concrètes. Il a également appelé les plus grands émetteurs à remplir leurs obligations historiques et morales en réduisant drastiquement leurs émissions et en versant les financements climatiques promis aux pays en développement, notamment en matière d’adaptation.
Expliquant que sa vision de l’avenir était fondée sur les objectifs de développement durable (ODD), il a ajouté qu’il s’efforçait de trouver un équilibre entre la croissance économique, la protection de l’environnement et la justice sociale. Notant que pour de nombreuses nations, le chemin était encore long, il a appelé à explorer de nouveaux modèles de partenariat entre les pays développés et les autres. « Il n’y a pas de développement sans paix, et pas de paix sans développement », a-t-il résumé.
« La situation actuelle n’est pas inéluctable », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’en agissant comme des nations unies, et en renonçant à la loi du plus fort, il était possible de trouver des solutions aux maux de l’époque. Il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et efficace, insistant sur la nécessité de considérer les pays africains comme des partenaires à part entière. Nous ne pouvons pas continuer avec un Conseil de sécurité qui reflète les structures de pouvoir de 1945, une période où la plupart des États africains actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient donc pas voix au chapitre dans les affaires mondiales, a-t-il estimé, notant que cette sous-représentation concerne aussi d’autres espaces de gouvernance comme les institutions financières internationales.
Le Président a appelé à mettre fin à « l’embargo anachronique » imposé à Cuba, contraire aux principes de coexistence pacifique, et à corriger cette injustice. Réitérant son appui à « souveraineté du Maroc », il a salué son initiative en vue de « trouver une solution pacifique au différend », saluant au passage les projets stratégiques lancés par le Royaume comme le pipeline entre le Nigéria et le Maroc.
LETSIE III, Roi du Lesotho, a réaffirmé son appui aux principes de paix, de justice et de dignité, dont la préservation constitue selon lui la plus grande responsabilité de l’humanité. Retraçant l’histoire de son pays, qui commémore cette année le deux-centième anniversaire de la fondation de la nation Basotho, le Roi a évoqué une nation bâtie sur la tolérance, l’inclusion et l’unité. Si l’amour de la paix et l’horreur de la guerre sont à ses yeux des « idéaux qui peuvent être réalisés », l’avènement d’une paix et d’un développement durables exigeront un changement fondamental de la part des dirigeants du monde. Pour sa part, Letsie III s’est engagé à faire progresser la vision collective de l’ONU de veiller au respect des droits humains et d’aider des milliers de personnes à sortir de la pauvreté.
Poursuivant, le Roi s’est inquiété des « tendances troublantes » contenues dans le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui indique que 48 pays en développement dépensent davantage en paiements d’intérêts sur les prêts aux nations développées qu’en services essentiels comme l’éducation et la santé. Ces inégalités, qui sont à l’origine des migrations, conduisent trop souvent à la xénophobie et aux conflits dans les pays d’accueil, s’est alarmé le Roi. Afin de favoriser la mise en œuvre du Programme 2030, le Lesotho entend présenter en 2025 son troisième examen national volontaire du développement durable, a-t-il annoncé avant de souligner que la réalisation des ODD nécessitera des partenariats plus forts et un soutien financier accru, en particulier pour les pays vulnérables. Dans l’intervalle, la crise climatique exacerbe la dégradation de l’environnement de son pays, avec des effets délétères sur l’agriculture, les ressources hydriques et l’approvisionnement énergétique, entraînant des pénuries alimentaires qui ont obligé le Gouvernement à déclarer l’état d’urgence en matière de sécurité alimentaire.
Pourvu en abondance en ressources énergétiques renouvelables « de haute qualité » telles que « le soleil, le vent et un approvisionnement en eau de montagne la plus pure », le Lesotho est idéalement positionné pour mettre en place une économie durable, a noté le souverain. Sa priorité actuelle consiste à combler le déficit de la demande énergétique intérieure, tout en exportant de l’énergie propre et de l’eau dans la région. En matière de santé, le chef d’État s’est félicité des progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent aujourd’hui leur statut et reçoivent un traitement. Depuis 2010, les nouvelles infections ont été réduites de 74%, ce qui démontre selon lui l’engagement de son pays envers la santé publique et l’équité sociale.
Pour faire face aux menaces combinées du terrorisme, des flux d’armes illicites et de la criminalité transnationale organisée, Letsie III a prôné la médiation, méthode peu onéreuse qui a également l’avantage de faciliter la réconciliation entre les parties. Dans cette veine, il a invité le Conseil de sécurité à jouer un rôle proactif dans la médiation des différends internationaux, par le biais d’une approche multilatérale, transparente et impartiale. Le Nouvel Agenda pour la paix souligne justement la nécessité urgente de reconstruire les mécanismes de gestion des différends et de renforcer la confiance entre les États Membres et les institutions régionales. L’autodétermination et l’indépendance étant selon lui des droits essentiels, il a demandé instamment la mise en application des résolutions de l’ONU visant à mettre fin à toutes les formes de colonialisme et d’occupation, notamment au Sahara occidental. Le Roi a en outre renouvelé son appel à lever les sanctions imposées au Zimbabwe. Afin de faire du Conseil de sécurité un organe plus représentatif et légitime, le monarque a plaidé en faveur d’une réforme globale, sur la base de la position africaine commune du consensus d’Ezulweni.
M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président de la Guinée équatoriale, a estimé que le panorama de discriminations, de crises alimentaires et de conflits armés montre l’importance d’accorder une plus grande priorité au multilatéralisme et à la coopération internationale. Il a déclaré que la position de son pays reste inchangée: il faut donner la priorité, par tous les moyens, à la pacification et à la diplomatie préventive. Il a également estimé que la prolifération de conflits, dans toutes les régions au monde, est la plus grande preuve de l’obsolescence, de l’incapacité et de l’inefficacité du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Ce que l’on voit aujourd’hui de cet organe de décision, ce sont les luttes d’intérêts géostratégiques qui rendent de plus en plus difficile la prise de décisions pouvant résoudre les situations de conflit et alléger les souffrances des populations. C’est pourquoi, a tranché le Vice-Président, il y a urgence à réformer le Conseil et à mettre fin à sa configuration obsolète qui remonte à 1945. « L’Afrique, dans le cadre du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte, le réclame depuis plus de 20 ans. »
Il s’est aussi exprimé sur la situation au Sahel où les pays, à l’instar de certains pays du Sud, subissent des interférences, des pressions et autres blocus dont le seul objectif est de provoquer la déstabilisation et de paralyser leurs efforts pour atteindre la prospérité. Certains pays veulent être juges et arbitres pour intervenir et donner des leçons aux autres, s’immisçant dans les affaires intérieures d’autres pays, a-t-il critiqué. Or, tous les pays, en tant qu’États souverains, ont le droit de décider avec qui ils souhaitent entretenir des relations et signer des accords bilatéraux, a-t-il insisté.
Nous ne comprenons pas, a-t-il poursuivi, pourquoi jusqu’à présent, il n’a pas été possible de lever complètement l’embargo contre Cuba et mettre un terme au blocus économique, commercial et financier imposé à ce pays depuis plusieurs décennies. Le Vice-Président a appelé à la levée immédiate dudit embargo et à son retrait de la « fameuse liste » des États qui parraineraient le terrorisme, ajoutant que cela devient plus que nécessaire dans le contexte du Pacte pour l’avenir, qui préconise de ne laisser aucun pays de côté.
Il aussi jugé « clair » que les économies africaines peuvent devenir des acteurs importants des chaînes approvisionnement mondial, en faisant profiter de leurs vastes ressources en matières premières nécessaires aux secteurs de haute technologie et à leurs propres marchés de consommation en pleine croissance. C’est pourquoi l’Afrique mérite une attention prioritaire de la part des initiatives d’appui et de financement du développement, a-t-il plaidé. Le Vice-Président a conclu son discours en demandant de concrétiser les engagements de financement du développement durable, conformément au Programme 2030 de l’ONU et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
M. TIÉMOKO MEYLIET KONÉ, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, s’est alarmé de la multiplication des tensions géopolitique et des conflits armés, avant de mettre en garde contre un « embrasement généralisé ». Constatant que cette situation d’insécurité et de recul de la paix est aggravée par le terrorisme, il a appelé à la mobilisation de la communauté internationale en faveur des populations du Sahel, qui paient un lourd tribut à ce fléau. Il a ajouté que la Côte d’Ivoire accueille dans les meilleures conditions possibles plusieurs milliers de ressortissants de pays sahéliens voisins qui fuient la violence des groupes armés. Au-delà du Sahel, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui est confrontée à cette menace, a averti le dirigeant, précisant que son pays s’emploie à aider les pays de la région concernés à renforcer leurs capacités.
Le Vice-Président ivoirien a ensuite prévenu que les progrès réalisés par les pays de sa région en matière de développement et de sécurité humaine sont fragilisés par les effets des changements climatiques, qui accentuent la pauvreté et entraînent le déplacement forcé de millions de personnes chaque année. « L’accroissement incessant du nombre de réfugiés climatiques constitue une tragédie de notre époque », s’est-il ému, appelant les Nations Unies et l’ensemble des partenaires à accroître et intensifier leur assistance humanitaire d’urgence destinée à ces populations en détresse.
Mais il faut, selon lui, aller plus loin et mettre résolument en œuvre des mesures qui permettront d’inverser à court terme la courbe dangereuse du réchauffement planétaire. Il a donc exhorté les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement climatique et de soutien à la transition énergétique. En particulier, il importe d’abonder rapidement le fonds pour les pertes et dommages afin de soulager les populations les plus touchées, a-t-il souligné.
Abordant les questions institutionnelles, le dirigeant a estimé que les Nations Unies « héritées du XXe siècle » doivent être réformées en profondeur pour jouer pleinement leur rôle dans le monde multipolaire d’aujourd’hui. Le Conseil de sécurité, en particulier, doit s’ouvrir à l’Afrique dans toutes les catégories de membres afin de refléter cette réalité, a-t-il préconisé. « C’est à cette condition que notre organisation mondiale pourra véritablement contribuer à la résolution durable des conflits, en s’appuyant sur le respect du droit international, qui demeure son fondement ».
Il en est de même de la lutte contre le réchauffement climatique, qui dépend de la capacité de l’ONU à mobiliser les États Membres autour de cette priorité, a poursuivi le Vice-Président, pour qui la réforme de la gouvernance mondiale doit également s’étendre aux institutions financières multilatérales, afin qu’elles soutiennent davantage les efforts de financement des objectifs de développement durable des pays en développement, tout en adressant la question de la dette. Ces transformations profondes sont inévitables et doivent être accélérées pour que les institutions soient véritablement au service de tous nos pays et de leur combat contre la pauvreté et pour le développement, a-t-il conclu.
Si tout ce qui précède éait pris en compte par les puissances qui contrôlent en réalité l’Organisation des nations-unies, la gouvrnance du monde garantirait sans coup férir la paix et la sécurité à toute l’humanité. L’afrique au-delà de son incapacité à pouvoir traduire les recommandations de ses dirigeants en actes concrets, à le mérité de montrer le chemin qui y conduirait.
Pour Le sillonpanafricain.net
La rédaction