Les élections en vue du renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir ont fait l’actualité du mois de septembre 2021.
Le parti républicain, qui prône la paix et est respectueux des institutions, a donné à voir et à entendre au cours de ces élections. Violence physique, vandalisme, intimidation et même des incantations ont émaillé les consultations. Dans un entretien téléphonique audio distribué sur les réseaux sociaux, on entend une voix qui menace :
« J’ai été appelé de la présidence de la république, tu t’agites trop finalement, maintenant je sens que c’est de la provocation et je vais t’écraser en politique, j’ai pris acte et je vais me concentrer pour te broyer en politique. »
La voix est attribuée à un ministre en fonction, qui s’adresse à un responsable des élections dans une localité. Dans une vidéo prise dans le département du Mbam et Inoubou sur la route nationale numéro 4 Yaoundé-Bafoussam, on voit un homme en tenue suppliant des militants du Rdpc qui ont barré la route
« La route n’appartient pas au Rdpc, elle appartient à l’Etat, vous n’allez pas empêcher aux Camerounais de jouir de leurs droits, au détriment de vos intérêts propres. Monsieur le conseiller, s’il vous plait, si vous avez des revendications à faire, adressez-vous à vos différents responsables pardon »
implore l’homme en tenue. Sur les morceaux de bois et autres obstacles érigés sur la chaussée, des pancartes sont insérées sur lesquelles on peut lire « commission corrompu du Rdpc Kon Yambetta, non aux menteurs » Dans la région du Littoral, département du Nkam, un président d’un bureau de vote, le tricot déchiré, raconte dans une autre vidéo :
« Je m’appelle Ondoko Raoul, j’ai été désigné comme président du bureau de vote de Massoumbou, pour coordonner les élections du renouvellement des organes de base du Rdpc. Il y a certains militants qui se plaignaient de ne pas avoir de carte du parti, je leur ai demandé de faire les requêtes et de laisser le vote continuer. Ils ont refusé. J’ai fait appel à un responsable qui est venu leur réitérer la même chose. Mais quand il s’en est allé, ils sont revenus à la charge, ils m’ont séquestré dans le bureau, ils m’ont molesté et ont déchiré mes vêtements comme vous pouvez voir. Pendant ce temps, d’autres ont décelé les urnes et déchiré toutes les enveloppes qui s’y trouvaient, certainement parce qu’ils pensaient qu’ils ne pouvaient pas gagner les élections. La chose à laquelle j’ai pensé c’était d’abord fuir pour ma sécurité »
Dans des bureaux de vote à Douala Akwa, la violence physique était au rendez, pareil dans certains bureaux de vote à Bangangté, Loum, dans le Mayo Danaï à l’Extrême Nord. La ligne a été franchie avec l’incendie du domicile du sous-préfet de Mbengbis dans la région du Sud.
Le parti au pouvoir avec ces élections, vient de donner une preuve supplémentaire, si on en avait encore besoin, qu’il a la fraude dans l’Adn et que le Cameroun a encore du chemin à faire en matière d’élections libres et transparentes.
Fraudes
A l’origine de toutes ces violences et voies de faits, la fraude. Pour ces élections, le parti au pouvoir aura en effet déployé toutes les techniques de triche qui lui sont souvent reprochées par les autres partis lors des élections nationales pluralistes. Tout y est passé : la disparition des listes de certains candidats, la falsification des cartes du parti, la tenue en catimini des élections à l’insu de certains candidats, les charters et le vote par des faux militants, des intimidations, des menaces, du chantage et même des incantations. A ce propos, une assiette contenant une vingtaine de têtes de poules a été découverte à l’entrée du quartier général de certains candidats à Bangangté.
Le parti au pouvoir avec ces élections, vient de donner une preuve supplémentaire, si on en avait encore besoin, qu’il a la fraude dans l’Adn et que le Cameroun a encore du chemin à faire en matière d’élections libres et transparentes. Si en effet le parti aux affaires est incapable de conduire sans heurts des consultations électorales en interne, est-ce au niveau national que cela sera possible ? Les organes de base étant les laboratoires où s’expérimente la démocratie, il y a lieu de se demander si en laboratoire la formule ne marche pas encore, comment est-ce qu’on a pu l’appliquer en externe depuis 1991 et juger qu’on en est à un stade avancé de la démocratie ?
En attendant que les pourfendeurs de ce parti prouvent que ce sont des anti patriotes de l’opposition qui ont infiltré leurs rangs pour causer autant de désordre et ternir leur image, force est de constater d’ici là, que le parti des flammes… porte bien son nom
Interpellation
Ces renouvellements sont dès lors une interpellation, non seulement pour le parti au pouvoir, mais aussi pour tous les autres partis. Parce que ce qui se passe au Rdpc, se passe aussi dans d’autres partis à des échelles différentes. Au Sdf, Mrc, Udc, Pcrn, à l’Undp et à l’Upc pour ne citer que quelques-uns, la rengaine est la même lors des consultations internes pour le renouvellement des organes quand il y en a même, parce que certains partis sont les propriétés des individus qui ont aussi placé d’autres individus à certains postes, et ils n’attendent que la mort pour libérer. La culture de la tolérance, de l’acceptation de la défaite n’est pas encore ancrée en l’homme politique camerounais. Mais les militants du Rdpc devraient savoir que leur parti étant au pouvoir depuis les indépendances, malgré le changement de nom, il est le seul instrument politique qui permette encore de juger l’esprit démocratique au Cameroun. Au cas où cela leur aurait échappé, pour ceux qui jamais ont feuilleté leurs statuts, ils indiquent à l’article 2 :
« Le Parti du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais a pour but de rassembler et de mobiliser les populations du Cameroun en vue de : la recherche et la consolidation de l’unité, de l’intégration et de l’indépendance nationales ; la promotion d’un système politique démocratique ; le développement économique du Cameroun ; la sauvegarde des libertés fondamentales inscrites dans la déclaration Universelle des droits de l’homme et dans la constitution de la République du Cameroun notamment l’égalité de tous devant la loi ; la contribution à leur éducation civique et politique et à la promotion de leurs intérêts économiques et sociaux ; la sauvegarde et la promotion des valeurs culturelles camerounaises notamment le bilinguisme ; l’élaboration des orientations politiques et d’un programme d’action tendant à la recherche du bien-être de tous par le travail dans l’ordre, la paix et la démocratie ; la recherche et la consolidation de l’Unité Africaine ; la contribution à la libération totale de l’Afrique ; la contribution à l’instauration d’un nouvel ordre mondial plus juste. »
Autant de valeurs qui sont aujourd’hui foulée au pied. En attendant que les pourfendeurs de ce parti prouvent que ce sont des anti patriotes de l’opposition qui ont infiltré leurs rangs pour causer autant de désordre et ternir leur image, force est de constater d’ici là, que le parti des flammes… porte bien son nom
Roland TSAPI
pour le Sillonpanafricain.net