Plus les jours passent et plus chaque camerounaise, chaque camerounais se demande à quelle sauce nous allons être mangé quand le président Paul Biya aura tiré sa révérence. Quitter la scène au propre comme au figuré, en parlant de la politique comme de la vie qu’un jour où l’autre, chaque homme est destiné à quitter. Rien n’est éternel même si nous nous faisons un malin plaisir de l’oublier. Cette précision pourtant évidente pour chacun de nous, est une nécessité de langage qui s’impose malheureusement dans notre pays où la pensée à sens unique dénature tout propos et vous oblige à expliquer des évidences du genre « les hommes passent et les pays restent ».
La question de ce qui se passera au moment où le chef de l’Etat passera la main taraude tous les hommes et toutes les femmes de bonne foi de notre pays qui portent froidement un regard sur la situation dans laquelle il se trouve. Et parmi les choses qui les angoissent, au-delà des conditions dans lesquelles va se dérouler la succession, il y a notamment le nombre de chantiers que le président Biya va léguer à son malheureux successeur. Des chantiers de toutes sortes et de toutes natures qui relèvent autant du domaine physiques des choses que du domaine immatériel. Et dans le domaine des choses physique, il y a entre autres choses par exemple l’épineux problème de l’énergie qui est l’une des clés de voûte du développement dans tous les pays. Ce qui précède est tellement évident qu’on n’a pas besoin de rappeler, d’une part, qu’aucune activité économique soutenue ne peut avoir lieu au Cameroun à cause des coupures intempestives et régulières d’électricité, et d’autre part, que, dans cette situation, même la systématisation des plans B qui consisterait à se munir d’un générateur d’électricité, a non seulement des limites, mais pose aussi notamment le problème du prix du litre de gazoil à la pompe qui est de 720Fcfa, ce qui ne facilite en général pas les choses, et qui sur le plan macro-économique, plombe en particulier le climat des affaires dans le pays.
Mais malheureusement il n’y a pas que le problème de l’énergie, il y a également actuellement, le problème sanitaire lié à la pénurie d’eau potable dont le manque et la qualité ont fait resurgir le choléra qui est de retour dans certaines villes du Cameroun. Et il y a ensuite dans l’ensemble du pays, l’éternel problème des infrastructures routières dont l’axe Douala-Bafoussam-Yaoundé-Douala désormais appelé triangle de la mort, n’est que l’arbre qui cache l’immense forêt du déficit infrastructurel dans un domaine pourtant hautement stratégique qui a donné lieu à la métaphore « partout où passe la route le développement suit ». Dans notre pays, pour ne pas avoir à dresser un interminable inventaire à la Prévert des choses qui ne vont pas et qui manquent, ce qu’on pourrait dire pour faire court, est qu’entre les nombreuses affaires non élucidées, les chantiers abandonnés, les prisonniers politiques, la situation de Bakassi, du NOSO, le problème de tribalisme, celui d’un code de nationalité à géométrie variable, il y a un manque criard de visibilité politique qui rend l’avenir profondément incertain et préoccupant.
Pendant que le pays est plongé dans cette espèce de marasme généralisé qui a pour nom ici résilience, comme si cela ne suffisait pas, tout le monde a en outre en tête le spectre du « Grand Soir », la fin d’un règne présidentiel qui traîne en longueur et qui tarde à venir et dont le dénouement est incertain. Un angoissant intermède que les successeurs potentiels tapis dans l’ombre mettent à profit pour affuter les armes dont ils auront besoin le moment venu. A côté de l’ambiance délétère qui caractérise cette coterie, de nombreux Camerounais à cause du nez qu’ils ont en permanence sur le guidon d’un vélo sur lequel ils ont beaucoup de mal à se maintenir, ont cessé de penser. La vie au quotidien pour eux étant devenu un défi et une gageure. Dans cette catégorie des camerounais « d’en bas en bas », terme très cher à notre compatriote Aristide MONO, l’on veut d’abord et uniquement s’assurer que sa famille peut avoir un repas avant la tombée de la nuit. Pendant que dans celle « d’en haut en haut », la minorité qui tient les rênes du pays déboussolé, ne se ravise toujours pas à renoncer à l’illusoire et cynique plaisir de voir durer le plus longtemps possible son magistère désastreux. Nous sommes dans un univers qui aurait très bien pu inspirer Kafka.
Pas étonnant donc que bien que les lendemains soient incertains dans ce Pandémonium, le pouvoir attire et séduit toujours plusieurs candidats ou plus exactement plusieurs écuries qui verraient bien leur poulain gagner la course et aménager à Etoudi, le palais national. Quelles sont les raisons d’un tel engouement et d’un tel emballement puisque la frénésie ainsi affichée à la vue du bilan et des états de service, ne semble pas avoir pour but la volonté de changer en bien les choses ?
En effet, le but n’est pas simplement d’être candidat. Et si on l’est, c’est alors pour faire quoi ? Le peuple camerounais meurtri dans son interminable résilience est en droit d’espérer l’arrivée à la tête de l’Etat d’un ou d’une compatriote qui soit enfin capable d’aider ce beau pays à se réconcilier avec lui-même, afin de permettre enfin à toutes et à tous d’apporter leurs pierres à l’édification d’un Cameroun nouveau, apaisé et prospère. Pour rappel c’est depuis 1990 que les Camerounais demandent une conférence nationale souveraine pendant laquelle l’on devrait fraternellement trouver solution à la discorde, la mésentente et les frustrations. En effet, pour que ce pays se remette sur les rails, il lui faut absolument un dialogue sincère et inclusif. Les Camerounais doivent trouver un cadre pour se parler pour se pardonner, et pour certains, faire leurs deuils. Et comme le suggère si bien Mbombog Mbegan, Consultant à Equinoxe TV, il nous faudra organiser des « funérailles nationales » pour conjurer le mauvais sort qui pèse sur nous. Pour le faire, il faut quelqu’un qui puisse s’en porter garant et s’en faire l’artisan.
Dans la chose politique camerounaise où nous avons blanchi sous le harnais, l’expérience accumulée et la méthode nous autorise donc d’abord de dresser l’esquisse de la short liste des candidats potentiels avant de jouer ensuite les censeurs, et de nous permettre un avis qui n’engage bien entendu que nous. Pour la liste, il est à peu près certain que tous les anciens candidats en feront en principe partie. Et parmi ces derniers, il faut commencer par citer le cas de ceux qui comme les ministres Bello Bouba Maigari, Issa Tchiroma, Jean de Dieu Momo qui sont en poste au gouvernement et dont les éventuelles entrées en lice dépendront de la décision du président Paul Biya de rempiler ou non. Il faut également souligner le cas de Jean Jacques Ekindi, un habitué des joutes présidentielles qui ne pourra pas cette fois être au départ de la course parce qu’étant entre-temps devenu simple militant de base du RDPC, et que conformément aux dispositions de ce parti, la préséance ne permet pas d’être le candidat naturel à l’élection présidentielle.
Après ce tri de départ, il nous reste donc comme premier jet, les noms suivants : Paul Biya, Cabral Liibi, Akere Muna, Jean Blaise Gwet, Franck Biya, Maurice Kamto et Christopher Fomunyoh, que nous allons passer au tamis d’un second tri objectif et argumenté.
Et dans cet exercice, personne de sérieux ne sera surpris que d’office, nous écartions le président Paul Biya, car pour une fois à rebours, à tout seigneur tout honneur. Paul Biya, exit donc.
De quoi va-t-il être question au Cameroun en 2025 ou en 2024 le cas échéant ? Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, il ne va pas essentiellement être question de simplement passer du Président Paul Biya qui est en poste depuis plus de 40 ans, à un autre président de la République qui lui aussi aura envie de s’éterniser à son tour au pouvoir. Il va être question de faire descendre tout le monde d’un train qui non seulement n’a pas pris la bonne direction en 1960 parce qu’il a été pris d’assaut par de puissants pirates, mais que plus de soixante années de mauvais usage a complètement délabré et rendu obsolète. En clair, il ne s’agit plus donc d’un nouveau point de départ d’une présidence de routine, d’une présidence papa bonheur pendant laquelle on va distribuer des prébendes et des sinécures aux copains, coquins, complices et autres acolytes, mais d’une présidence de mission qui doit travailler à la refondation du Cameroun. Refondation d’abord sur le plan Idéal, la rupture avec l’Etat importé, et ensuite sur le plan institutionnel. Une telle présidence ne peut donc pas par principe être l’affaire d’un parti politique qui aurait remporté l’élection présidentielle. Elle ne peut être que l’affaire du peuple Camerounais déléguant à un de ses fils ou à une de ses filles, le rôle de coordinateur d’une période d’exception.
Ce qui précède ne clôt pas l’exercice que nous avons ici entamé. Nous nous pensons avoir trouvé en Christopher Fomunyoh cet oiseau. Pour nous, il a trois choses que les autres n’ont pas : premièrement, nous ne lui connaissons pas de proximité partisane, il est donc trans partisan ; deuxièmement, il est anglophone et coche donc la case qui voudrait qu’un ressortissant du NoSo, devienne président de la République ; troisièmement, il ne brigue pas le poste pour assurer le quotidien de la fonction, il y aspire Pour remplir une mission de sauvetage de pays en grave danger de dislocation.
Pour ceux qui ne seraient pas d’accord avec tout ce qui précède, la quête de l’homme providentiel doit continuer … Il faut trouver cet homme ou cette femme d’esprit, qui fera le bonheur des Camerounais qu’il faudra absolument rassembler et unir autour du noble objectif de reconstruction d’un pays qui est en lambeaux et dont il faut arrêter la descente aux enfers.
Cet homme ou cette femme sera forcément un personnage qui transcende les partis non pas en se plaçant au-dessus d’eux, mais en étant capables d’obtenir leur adhésion. C’est dans cette catégorie exceptionnelle qu’il faudra trouver cet homme ou cette femme providentiel (le) ….
A situation exceptionnelle, homme ou femme exceptionnel (le) dirons-nous donc pour terminer cette supplique.
Paul Yamga et Jean-Pierre Djemba Pour le sillonpanaficain
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