En juillet 2017, M. Vicente Fox, ancien président du Mexique (2000 – 2006) fut expulsé du Venezuela après y avoir été déclaré persona non grata par le gouvernement de Maduro.
L’objet de sa présence au Venezuela était de servir comme observateur international a un referendum non officiel organisé par l’opposition Vénézuélienne. Une fois sur le terrain, il fit un discours au vitriol contre le gouvernement de Maduro, dans lequel il reprit à son compte l’habituelle propagande occidentale contre le régime de Maduro. En réponse à ce discours et pour justifier son expulsion, le ministre des affaires étrangères vénézuélien, Samuel Moncada déclara que M. Fox : « …a été payé pour promouvoir la violence et faire appel à l’intervention des forces étrangères au Venezuela… »
Cette déclaration n’a rien d’étonnant si l’on considère que M. Vicente Fox est une fabrication américaine ayant été amenée à la présidence du Mexique par des mécanismes parfaitement huilés des officines américaines. Ancien étudiant de Harvard, et ancien patron de Coca-Cola, sa mission fut de briser l’inspiration bolivarienne des gouvernements successifs mexicains depuis soixante-dix ans, de supporter l’établissement de la zone de libre-échange des Amériques à laquelle s’opposaient le Venezuela et la Bolivie, et de s’attaquer frontalement à Fidel Castro.
M. Vicente Fox n’est pas un cas isolé; en fait, il est le produit d’une politique du monde Occidental et singulièrement américaine de recrutement à travers le monde des individus qui seront élevés au rang « d’élites » afin d’infiltrer des gouvernements, de contrôler leur politiques et le destin de leurs nations respectives.
Ces recrutements ne se limitent pas à l’élite dirigeante. Ils s’étendent également dans tous les secteurs d’influence et atteignent même les couches sociales inférieures des petits informateurs du quartier. C’est d’ailleurs dans ces couches qu’on recrute certains des assassins. Au fur et à mesure que l’on monte dans l’échelle d’importance des recrues, la gestion du personnel devient sophistiquée, allant des simples financements à la création des CV impressionnants des futurs leaders.
Pour ce qui est des futurs leaders, cela passe en général par des Universités d’élites, des postes prestigieux dans les institutions internationales les plus impressionnantes, et une bonne presse permanente. Une jolie illustration nous est livrée par le récit candide d’un membre proéminent de la diaspora qui fut également une ancienne vedette de télévision dans son pays d’origine.
Il reçut, étant toujours dans son pays un coup de fil de CNN, une chaîne de télévision américaine à l’audience mondiale l’invitant à aller y travailler pour une durée de quelques mois après qu’une proposition d’inscription à Harvard lui fut offerte par un diplomate américain en mission dans son pays. Apparemment il n’accorda pas d’intérêt à l’inscription à Harvard mais
répondît favorablement à l’invitation de CNN d’autant plus que c’était la troisième fois qu’ils appelaient.
Pendant qu’il effectuait son travail à CNN, il reçut un coup de fil de Harvard, université très prestigieuse lui annonçant que sa bourse avait été approuvée alors qu’il n’avait même pas postulé. Il avait simplement été recommandé par ce diplomate qui aurait été un professeur de cet établissement . Puis après ses études, au moment où il s’apprêtait à rentrer au Cameroun, la Banque Mondiale lui offrit un emploi à Washington DC qu’il hésita à accepter parce qu’il voulait vraiment rentrer dans son pays. Mais le climat délétère qu’il trouva au Cameroun à son retour l’amena à accepter cette offre d’emploi.
La facilité avec laquelle ces opportunités (qui sont normalement très rares et difficiles d’accès même pour des cerveaux brillants aux États-Unis) se présentaient est la première curiosité que le lecteur doit noter. Sans le savoir ce Camerounais dont la compétence et le patriotisme ne sont pas remis en question décrivait le processus par lequel les puissances étrangères recrutent et fabriquent les élites qu’ils veulent à leur service.
Avant de continuer, il est important de souligner que nous ne sommes pas en train de sous-entendre que tous ceux qui réussissent à l’étranger sont des recrues du système que nous allons décrire. Il y a des Africains qui par leurs efforts sont parvenus à des positions d’influence et ont de brillantes carrières. Ces Africains tout comme les recrues qui font l’objet de notre attention aiment leurs pays d’origine. Ils s’y investissent souvent à titre individuel dans des activités caritatives. Cependant, étant donné les objectifs de leurs maîtres, les intérêts personnels des recrues entrent forcément en conflit avec ceux de leur nation d’origine.
Ces recrues serviront d’abord d’influenceurs et d’outils de pression sur les gouvernements locaux, ensuite de classe politique de rechange pour le futur dans le cas où l’on arrivait à remplacer le dirigeant en place par un autre ayant mieux assimilé les “valeurs” occidentales. C’est aussi dans cet objectif stratégique que régulièrement, les pays comme les États-Unis et la France organisent des sommets de “leaders africains du futur”, c’est à dire d’intellectuels africains qu’ils veulent transformer en élites acquises à leur cause.
Les ambassades étrangères installées dans le pays africain effectuent le travail de prospection et de recrutement. Lorsqu’elles repèrent un élément particulièrement intéressant et ayant un grand potentiel, elles l’approchent . La cible se fait inviter par l’ambassadeur ou un autre officier de l’ambassade selon son profil. Des rapports initialement établis sont cultivés par d’autres rencontres utilisées souvent pour les faire parler.
Pendant ces rencontres on distrait la cible avec des concepts nobles sur la démocratie, les droits de l’homme et des femmes et autres choses de ce genre qui n’existent pas dans le monde réel, pour établir une image vertueuse des intentions de ces agents étrangers. La cible, encore naïve sur la marche du monde y croit fermement. Il y en a même qui malheureusement y croient toujours des décennies après leur “entrée en service” parce qu’ils ont été abreuvés de l’histoire officielle enseignée dans les universités ou évoquée dans des discussions de salons. Jamais on ne dit à la recrue la raison réelle de cette bienveillance.
Le profil psychologique de la personne-cible établi, une stratégie est arrêtée pour la recruter. Cette stratégie n’est souvent même pas compliquée à cause de l’ardent désir de réussir et de briller. On commence par flatter l’ego de la cible en la faisant se sentir importante. Des invitations à l’ambassade et autres organisations affiliées lui sont faites à l’occasion des fêtes ou de colloques et séminaires, invitations au cours desquelles la cible fait d’autres rencontres utiles. Des facilités consulaires lui sont accordées . La cible veut-elle obtenir un visa pour elle-même ou une de ses relations? Pas de problème; cela se règle par un petit coup de fil. Qui ne serait pas flatté par cela? Lorsque la relation est établie on passe à la prochaine étape.
Si l’élite va être utilisée localement, on l’encourage à créer une ONG, un journal, un parti politique, une entreprise ou une autre organisation financés par des organismes étrangers. Aux plus brillants à qui on veut donner une dimension globale, on offre une bourse dans une université dans un pays Occidental. Si cette personne est déjà éduquée et travaille, on lui offre après une petite formation de mise au point, un emploi dans une institution comme la Banque Mondiale, le FMI, les Nations Unies ou toute autre institution à grande visibilité. C’est ainsi que l’on a vu un certain nombre de brillants cadres ou enseignants quitter le Cameroun et d’autres pays africains pour des études post-universitaires puis un emploi à l’étranger.
Ce parcours académique et professionnel n’est pas anodin. Il est conçu pour créer un profil prestigieux , un profil qui rassure les populations sur les capacités intellectuelles du candidat à une élection, un profil à la “Alassane Ouattara” qui prépare pour un poste de ministre, de premier ministre ou de président de la République . Mais pour les gens qui comprennent comment fonctionne le monde, des personnes avec ce profil fabriqué par “la communauté internationale” ne viennent pas travailler pour leur peuple mais pour les puissances qui les ont recrutés et leurs grands intérêts financiers.
Ne croyez pas que les universités étrangères ouvrent leurs portes ou accordent des bourses innocemment aux étudiants africains et étrangers. D’abord Ils visent naturellement les plus brillants dans le cadre d’une stratégie dont l’objectif est de les façonner pour servir leur cause. On ne peut pas le leur reprocher. C’est de bonne guerre. La faute est à nos pays qui devraient mettre sur pied des politiques de décèlement et de rétention de brillants cerveaux. Les pays asiatiques le font bien. Ensuite ils visent ceux représentant un intérêt quelconque qui peut être l’appartenance à une tribu particulière.
Pour atteindre cet objectif, les puissances étrangères mettent au besoin de côté le mérite. Même si vous n’êtes pas qualifiés pour cela, on vous admet à Harvard ou à Yale. Faut-il un doctorat dans votre CV? On vous le donne. Etes-vous un enseignant? on vous recrute dans une université prestigieuse pour donner des cours sans importance juste pour que vous puissiez attacher le nom de cette institution au votre.
Le domaine politique n’est pas le seul qui les intéresse. Le Banking, l’Academia, les arts, les ONG et même l’armée sont tous des terrains d’action. La plupart des coups d’Etats en Amérique du Sud des années 70 à maintenant étaient faits par des militaires issus de “The School of the Americas “, une académie militaire basée en Géorgie aux États-Unis. Le but officiel de cette académie était d’assister les pays d’Amérique du Sud sur le plan de la sécurité en formant les officiers de l’armée et de la police. Ces officiers issus de cette école se sont distingués par la
répression politique , la torture, le meurtre au point de forcer cette école à changer de nom en 2001 en “the Western Hémisphère Institute for Security Cooperation” traduit par “L’institut de Coopération sur la Sécurité dans l’Hémisphère Occidental”. Cette école qui faisait partie de la stratégie de domination américaine transformait ses diplômés latinos, séduits par la société de consommation, en sous-fifres de l’empire américain. De la même façon, les coups d’Etats faits contre les présidents nationalistes africains le furent par des militaires tels que Bokassa ou Eyadema issus de l’armée française.
Ainsi, ces élites africaines recrutées par ces puissances étrangères sont de façon ultime au service des Maîtres du Monde dont ils poussent subtilement l’agenda. C’est pourquoi l’on peut voir certaines d’entre elles encourager les populations à se vacciner contre le Covid-19 ou à accepter l’homosexualité comme mode de vie sexuelle alternative.
Naturellement toutes ces attentions et faveurs mettent ces élites africaines dans des dispositions très favorables vis-à-vis de leurs “bienfaiteurs”. Après tout, elles leurs doivent leurs carrières, leur argent et leur rayonnement. Ce qu’ils deviennent par le biais de cette aventure à l’étranger n’est en rien comparable à une humble carrière de fonctionnaire ou même de haut-cadre de la branche locale d’une multinationale.
L’embrigadement est d’autant plus fort que certaines de ces élites ne comprennent même pas le grand jeu dont ils sont l’objet. Et pour s’assurer leur adhésion totale au programme et bien les tenir, en plus de la chaîne financière, on leur met au coup la chaine beaucoup plus puissante de la spiritualité à travers la cooptation dans des sociétés secrètes. Tous ne joignent peut-être pas mais ceux qui ont de grandes ambitions le font allègrement.
En conclusion, maintenant que nous approchons la fin de règne au Cameroun, nous pouvons nous attendre à ce que beaucoup plus de camerounais reçoivent des distinctions et soient promus à des postes de visibilité. Il est donc vital de scruter avec une attention particulière les parcours fulgurants de certains de ces Camerounais qui évoluent à l’international et se méfier pour les hommes, les profils à la Ouattara ou Fox et pour les dames, des profils similaires à ceux d’Angela Merkel, de Condoleezza Rice, ou même de Kamala Harris.
Correspondance de Gabriel Makang
pour le Sillonpanafricain.net