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Conseils régionaux ou scrutin de tous les enjeux sociopolitiques ?

A travers le décret signé le mercredi 2 septembre 2020 fixant le nombre de Délégués par Département et le nombre de Représentants du Commandement traditionnel, le Président de la République jette les bases de l’aboutissement du processus de décentralisation prévue dans la constitution de 1996. Une option politique dont les multiples crises observées à ce jour laissent dubitatifs certains acteurs de l’oppositions quant à la résolution de la crise sociopolitique, tellement les antagonismes se font sentir en dépit de la surdité apparente des autorités.

Il s’agit de la dernière institution polico-administrative attendue depuis 1996 dans le processus de mise en place de la décentralisation à travers les collectivités territoriales décentralisées. Par décret signé le 02 septembre 2020, le Président de la république a fixé la répartition des sièges des conseillers régionaux au niveau des 58 départements du Cameroun. Le Conseil régional comprend les délégués des départements dont les candidats sont issus des partis politiques (70 par département) élus au suffrage universel indirect et les représentants du commandement traditionnel notamment les chefs traditionnels de 1er ou de 2e degré (20) élus par leurs pairs selon l’article 243 aliéna 1du code électoral. Au total se sont 90 conseillers régionaux qui sont choisis par département. Une indemnité forfaitaire de 50 milles FCFA est également prévue pour chaque électeur. Les décrets signés ce mercredi laissent entrevoir la convocation du corps électoral dans les prochains jours, selon la loi le délai est de 45 jours avant la date du scrutin. Une fois effectuées les élections régionales seront le point d’aboutissement du processus de décentralisation entamé en 1996 et dont la mise en œuvre connait d’énormes balbutiements.
Contexte politique
Les décisions du Président de la République interviennent dans un contexte politique marqué par un appel du Président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le 24 aout dernier Maurice Kamto a organisé une conférence de presse au cours de laquelle il a menacé le gouvernement si ce dernier s’entêtait à organiser des élections dans le contexte de crise sociopolitique actuel dans certaines régions du pays. Pour le MRC le peuple sera invité à investir les rues pour contrainte Paul Biya à quitter le palais d’Etoudi en cas de convocation du corps électoral pour une quelconque élection. Depuis le dernier scrutin présidentiel d’octobre 2018, Maurice Kamto a choisi la voie de la rupture pour manifester son opposition au pouvoir qu’il qualifie d’illégal et d’illégitime. Sous le label du hold up électoral le MRC n’a cessé de mettre la pression sur les institutions malgré la répression dont il est victime, après les marches de janvier 2019 suivies de plus de 9 mois de prison, le leader du MRC n’en démord pas Maurice Kamto dit être prêt à subir le sacrifice suprême si la crise anglophone et le code électoral ne trouvent de solutions consensuelles et définitives. Toute chose qui tient l’opinion et les partenaires du Cameroun en haleine, malgré l’organisation en février 2020 des élections locales (législatives / municipales) et la présence de certains partis politiques dans des institutions étatiques, l’on observe encore des violations des libertés publiques comme le dénoncent souvent des organisations de défense des droits de l’homme en tête desquelles Amnesty International. D’après cette ONG la liberté d’expression et de manifestation est mise à rude épreuve lorsqu’il s’agit de permettre à l’opposition camerounaise de se déployer.
Crise Anglophone
Dans le même ordre d’idée, la situation sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et sud-ouest (NoSo) reste préoccupante, pas plus tard que mardi 1er septembre 2020 la ville de Bamenda a été secouée par de violents affrontements entre séparatistes et armée suite à la mort d’un policier du bataillon d’Intervention rapide. Depuis 2016 la crise dans le NoSo est marquée par un regain de violences à la suite des revendications des avocats anglophones et des enseignants doublées des revendications politiques autour de la forme de l’Etat. Entre partisans d’un Etat unitaire décentralisé, ceux d’un Etat fédéral, les séparatistes ont symboliquement hissé leur drapeau le 1er octobre 2017 en guise de déclaration de l’indépendance de la République d’Ambazonie en réponse disent ils à la brutalité des autorités camerounaises. A ce jour plus de 160 000 personnes, dont au moins 34 000 vers le Nigeria voisin sont déplacés au moment où on compte plusieurs centaines de morts. Malgré les initiatives prises par le pouvoir, les leaders séparatistes restent sur leur faim, ainsi le grand dialogue national qui a abouti à la mise sur pied d’un statut spécial pour les régions du NoSo ne satisfait ni les civils armés qui affrontent les forces gouvernementales au quotidien, ni certains partis politiques de l’opposition.

Sortie de crise ?
Selon Yaoundé l’aboutissement de la décentralisation est la clé de voute idoine pour permettre aux populations de s’approprier des décisions qui les concernent, dans cet élan le gouvernement pense que les élections régionales à venir structurent la sortie de la crise sociopolitique qui gangrène le Cameroun. Un argument rejeté par plusieurs opposants dont certains conditionnent la fin des conflits par le départ du président Paul Biya du pouvoir après environ 40 ans de règne pour lequel les résultats socioéconomiques restent mitigés.

Le Sillon_Panafricain

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