Environ quatre (4) ans après la pose de la première pierre, l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (Ailct) vient d’ouvrir ses portes. Cette académie, située dans la ville de Jacqueville, à une soixantaine de kilomètres d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, a été inaugurée, le jeudi 10 juin 2021, par le Premier ministre ivoirien Patrick Jérôme Achi, qui représentait le président Alassane Ouattara, et le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Ledrian, représentant Emmanuel Macron.
« Nous vivons aujourd’hui un moment singulier. Un moment fait de responsabilité, d’exigence et de détermination. Face à la menace sombre et prédatrice qui plane sur le progrès de nos sociétés ouest-africaines, nous avons choisi de répliquer par l’audace, le courage et la coopération engagée des nations », a déclaré Patrick Achi, annonçant « une guerre totale » contre le terrorisme. « Ainsi, face à ce fléau et son lâche cortège d’atrocités, face au feu dévorant du djihadisme, nous n’avons pas le droit de demeurer interdits. Plus que jamais, il nous faut faire corps. Plus que jamais, il nous faut faire front. Ce sera ici à Jacqueville, le rôle de l’Académie internationale. Elle sera l’avant-garde de la riposte d’une Afrique de l’ouest libre et consciente, spécialement entraînée et irrémédiablement déterminée. Elle sera le fer de lance d’une guerre totale des valeurs comme des projets de société. Elle sera l’architecte d’une victoire de la civilisation lumineuse mais résolue des Hommes, face à l’obscurité funeste des fanatiques », a affirmé le Premier ministre ivoirien
Le chef du gouvernement ivoirien a salué l’action de la France sur le continent dans cette lutte contre le terrorisme au côté de l’ Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa), de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), du G5 Sahel, et des chefs d’État engagés dans le combat. « Oui, toisant le fléau, ils se sont dressés pour dire : nous ne céderons jamais face aux cohortes scélérates ; nous combattrons toujours ceux qui convoient la terreur au cœur des Hommes ; nous protégerons nos peuples et leur avenir, pour qu’ils puissent respirer cette vie de paix et de sécurité, de progrès et de liberté à laquelle ils aspirent tant », a soutenu M. Achi.
Déjà opérationnel
Selon lui, cette académie est une organisation innovante à même de façonner une communauté et une culture du contreterrorisme dans le sous-continent. « Une organisation innovante qui permettra de constituer un puissant réseau international de spécialistes, formés dans son école des cadres, son camp d’entraînement certifié par les unités d’élite de l’armée et de la police françaises et son institut de recherche stratégique », a-t-il souligné, faisant noter qu’avant même d’être opérationnelle, cette école a accueilli en 2019 plus de 300 stagiaires issus d’une douzaine de pays. « Soyons-en tous immensément fiers. Parce que se dessine là, le futur de la paix sur le continent : une élite sous-régionale de femmes et d’hommes à même de prendre le destin sécuritaire de l’Afrique de l’ouest en main, forgée dans la communauté des armes, la fraternité des bancs d’une institution d’excellence et le creuset de valeurs partagées », a-t-il dit.
Outil performant
Le premier ivoirien qui a rappelé la participation de la Côte d’Ivoire à l’Initiative d’Accra sur le partage de renseignement avec cinq pays de la sous-région, a exprimé sa solidarité aux pays touchés par le terrorisme dont le Mali et le Burkina Faso. « Par nos luttes et nos valeurs partagées, nous le serons demain à jamais. L’horreur de ce cauchemar bien réel frappe sans retenue nos consciences éclairées. Il nous rappelle les mots simples et poignants de Kofi Annan, prononcés en 2001 : « une attaque terroriste est toujours une attaque contre l’humanité tout entière » », a dit Patrick Achi.
Pour le ministre français, la responsabilité des États est de combattre ensemble cet ennemi commun dont les exactions au Sahel les concernent directement. « Car, sur la carte des menaces, le Sahel est la frontière sud de l’Europe et la frontière sud des États du Golfe de Guinée. Les questions qui se posent à nous sont claires : comment lutter efficacement contre des groupes terroristes plus mobiles que jamais et capables d’étendre leur rayon au fond du Sahel pour tenter de desserrer l’étau dans lequel ils se trouvent pris ? Comment les empêcher d’apporter ici leur stratégie du chaos pour affaiblir les États et soumettre les populations en s’imposant par la violence et l’instrumentalisation des aspirations encore insatisfaites ? Comment rendre impossible la connexion qu’ils cherchent à réaliser avec des groupes du bassin du lac Tchad ? », a indiqué M. Ledrian.
Il a appelé les pays et acteurs à unir leurs forces, avec l’appui de son pays mais aussi des Européens, de la communauté internationale. Cela devra passer par une intensification de la coopération au niveau militaire, sécuritaire et judiciaire, « et en agissant avec la même énergie, la même exigence sur l’ensemble du spectre du contreterrorisme. Et c’est très précisément le sens de l’Ailct, dont la création a été annoncée par les présidents Ouattara et Macron… »
Jean-Yves Ledrian a rendu un hommage à Hamed Bakayoko, défunt Premier ministre, qui a été au début du projet, tout en soulignant que l’académie sera une école interministérielle des cadres, un centre de formation et d’aguerrissement des unités d’intervention et un institut de recherches stratégiques. Toutes les formations se feront dans « un environnement d’excellence pour former et perfectionner celles et ceux qui nous protègent de cette menace terroriste, qu’ils soient policiers, gendarmes, militaires, magistrats, douaniers ou encore personnels d’administration pénitentiaire », a-t-il fait savoir, souhaitant un véritable partage d’informations et de renseignements pour le développement d’une culture commune de l’anti-terrorisme. Pour lui, la France mènera « ces batailles du temps long, ces batailles de la paix. Le fléau du terrorisme n’est pas une fatalité aussi bien ici qu’ailleurs, c’est une menace qu’il faut combattre » avec « cohérence et pragmatisme » en redoublant d’efforts.
Le ministre d’État, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara a fait savoir que des ressources sont à rechercher, pour terminer les commodités de cette académie qui a commencée à fonctionner.
Une convention sur la gestion de cette école a été signée, ce même jeudi, à Abidjan, entre la Côte d’Ivoire et la France avant que les officiels ivoiriens et français ne se rendent à Jacqueville.
M’BRA Konan
pour le www.sillonpanafricain.net
Les chefs d'État africains ont appelé à une réforme du Conseil de sécurité et de…
L'Alliance des États du Sahel (AES) est confrontée à une insécurité permanente, avec une recrudescence…
Découvrez les derniers développements de l'enquête sur Mahamat Déby, président du Tchad, soupçonné de corruption…
“Explorez la création historique de la Confédération des États du Sahel (AES) par le Burkina…
🌍✨ Nouveau Article ✨🌍 Découvrez notre dernière analyse sur l'émergence de l'Alliance des États du…
Découvrez comment la montée de l'extrême droite en Europe reflète les aspirations partagées entre l'Occident…