Les camerounais retiennent leur souffle à quelques jours du 22 septembre 2020, date annoncée par le MRC pour descendre dans les rues et exiger pacifiquement le départ du Président de la République. Entre attentisme, craindre et volonté d’en découvre le risque d’un embrasement général pèse comme une épée de Damoclès
Sept morts plusieurs blessés des dizaines de disparus et plusieurs centaines de déplacés, c’est le bilan des évènements qui se déroulent le 22 septembre 2017 dans les localités du nord-ouest et du sud-ouest (NoSo). Ce jour là le gouvernement a déployé l’armée alors que les rues du NoSo sont inondées de monde, des manifestants pour l’essentiel munis de branches d’arbres de rameaux (arbre de la paix) sortis en masse pour exiger la libération des activistes anglophones arrêtés sont lâchement accueillis par la soldatesque, sans autre forme de procès les militaires font usage de leurs armes. Pour la première fois l’indépendance du NoSo est clairement réclamée au cours d’une manifestation d’envergure, des drapeaux bleu et blanc sont brandis et le nom « Ambazonia » prononcé. Cinq ans plus tard la situation socio-politique et sécuritaire dans ces régions est des plus alarmantes, zones déclarées sinistrées en 2019 par le gouvernement, on y compte aujourd’hui environ 3000 morts, 530 000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés. Un bilan qui ne semble pas impressionner les gouvernants prêts à ouvrir de nouveaux conflits
Que va – t-il se passer le 22 septembre 2020 ?
La tension politique issue des élections présidentielles d’octobre 2018 n’a de cesse de monter, après le refus de reconnaitre la victoire du président déclaré vainqueur par le Conseil Constitutionnel, Maurice Kamto le président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun est monté d’un cran ces dernières semaines. Lors d’une conférence de presse donnée le 24 aout à Yaoundé, il n’a pas hésité à appeler le peuple camerounais à «la résistance pacifique contre la forfaiture électorale en préparation», et au «départ pur et simple de (…) Paul Biya du pouvoir». Il s’agit pour lui de réclamer la résolution de la crise anglophone et la modification du système électorale avant l’organisation d’une quelconque élection au Cameroun. Ce ton haut résonne ainsi au moment où Paul Biya a convoqué le collège électoral pour les élections régionales du 06 décembre prochain. Maurice Kamto quant à lui avait également annoncé que la convocation du corps électoral serait le déclencheur d’un ensemble de manifestations pour faire partir Paul Biya du pouvoir. La date du 22 septembre 2020 est le jour prévu pour le lancement desdits mouvements selon une publication sur la page twitter de Bibou Nissack le porte parole du président du MRC. Depuis lors, une vague d’indignations exprimée par le gouvernement et alliés se fait voir, pendant ce temps préfets, sous-préfets et gouverneurs interdisent des manifestations dans leurs territoires de commandement alors que les partisans de Maurice Kamto font face à des intimidations de tout ordre. Toute chose qui laisse croire que le 22 septembre 2020 ne sera pas une journée de tout repos, d’ailleurs le ministre de la communication met en garde «les responsables d’un certain parti politique», coupables «d’appels à l’insurrection et au renversement des institutions de la République». René Emmanuel Sadi dans son communiqué du 15 septembre 2020, dit que «Les forces de sécurité prendront à cet égard toutes les mesures nécessaires pour assurer fermement le maintien de l’ordre public et de la paix sociale». Dès lors on pourrait se demander ce qui se passerait si jamais Maurice kamto et ses soutiens descendent dans la rue ? Il se dégage donc une inquiétude perceptible, le 22 septembre 2020 comme le 22 septembre 2017 ? Le compte à rebours est lancé.
LSP