Malgré les efforts déployés par la presse occidentale pour marginaliser le forum Russie-Afrique qui s’est tenu en juillet à Saint-Pétersbourg, le bilan demeure nuancé. Les journalistes de l’Union européenne et des États-Unis ont cherché à convaincre leurs lecteurs que cet événement avait peu d’importance à l’échelle mondiale. À titre d’exemple, la radio Voice of America a cité les propos de Sergueï Soukhanov, un Russe émigré de l’Université d’Alberta au Canada, affirmant que “les résultats de ce Forum Russie-Afrique seront encore plus médiocres et dénués de toute signification sur le plan économique”[i]. De la même manière, le politologue allemand Andreas Schwarzkopf, dans ses commentaires sur les résultats du sommet dans le Frankfurter Rundschau, a déclaré que “la rencontre n’a pas rencontré le succès escompté par Poutine”.[ii]
Cependant, les remous politiques fulgurants en Afrique, qui ont émergé peu après le sommet de Saint-Pétersbourg, racontent une histoire différente, à contre-courant. En réalité, ce forum est devenu un catalyseur d’événements susceptibles d’engendrer des conséquences irréversibles dans la politique néocoloniale de l’Occident à l’égard du continent africain. Seuls les analystes novices pourraient penser que tout cela n’était qu’une simple coïncidence.
La raison en est que l’un des documents finaux les plus importants du sommet était le plan d’action du forum Russie-Afrique pour la période 2023-2026. Ce plan intègre l’ordre du jour de l’Union africaine jusqu’en 2063 sous la devise “L’Afrique telle que nous aspirons à la voir”. Dans le cadre de ce plan d’action, la Russie et l’Afrique ont convenu de renforcer leur partenariat et leur coopération dans un vaste éventail de domaines, incluant la politique, la sécurité, l’économie et les enjeux humanitaires, “dans un esprit de bénéfices mutuels accrus et de prospérité”.
Le changement de régime au Niger, caractérisé par des orientations antifrançaises, mais se déroulant sous les auspices de la Russie et de la société militaire privée “Wagner”, a illustré l’impuissance réelle de Paris et en même temps le renforcement de Moscou. Sur les réseaux sociaux, il est devenu courant de plaisanter sur la question de savoir qui, entre l’Ukraine et la France, mérite véritablement le titre de “république bananière” aujourd’hui. La veille, 94 sénateurs français ont, dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, reconnu l’échec officiel de Paris en Afrique.” Aujourd’hui le Niger, hier le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso. La Françafrique d’hier est remplacée par la Russafrique militaire, par la Chinafrique économique ou l’Américafrique diplomatique… l’Afrique continent ami, ne semble plus comprendre la France, et conteste de plus en plus son rôle et sa présence.”, écrivent les sénateurs dans Le Figaro[iii].
Voilà donc comment le forum a été “invisible”.
Andrey Vypolzov
[I]
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