Selon les concepts de la science et de la philosophie politique, une révolution est un Changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir. La plupart du temps, la révolution entraine aussi un Changement brusque d’ordre politique, économique, diplomatique, géopolitique, paradigmatique, moral, culturel dans une société.
A l’analyse, l’histoire sociopolitique africaine et la géopolitique internationale nous renseigne efficacement sur les différentes dynamiques révolutionnaires au gré des enjeux !
Dans cet échange avec vous chers lecteurs, nous utiliserons un outil diagnostic assez simple que nous nommerons “à qui profite le changement ?”
Dans une révolution populaire, les dynamiques de changements profitent d’abord au peuple souverain en plaçant le peuple au centre des mécanismes de prises de décision et de défense de la patrie et de ses intérêts.
C’est d’ailleurs la voie idéalisée, promue et implémentée comme seule issue de sortie par la galaxie panafricaniste dans son combat pour la restauration de la Dignité Africaine et le rétablissement de l’humanisme comme graal pour le concert des nations.
Cependant, l’occident collectif semble ronger son frein et oppose une résistance réactionnaire aux différentes révolutions qui de plus en plus, font tomber des systèmes pouvoirs néocoloniaux et totalement inféodés à la “Métropole”. Toutes choses qui mettent énormément à mal les intérêts néocoloniaux des puissances Occidentales et ceux de leurs thuriféraires « endo-colons », blanc à la peau noire dont le principal rôle d’ailleurs, est d’assurer la pérennité du système pouvoir qui consacre la domination occidentale sur L’Afrique.
Face aux révolutions populaires qui semblent faire de plus en plus d’adeptes au sein de la jeunesse Africaine désormais aguerrie, décomplexée, désaliénée et enfin éveillée, il semble que l’occident collectif ait opté pour ce que nous appelons au Sillon Panafricain, le Rectificatif Françafricain. Il s’agit-là d’une manœuvre géostratégique par laquelle les forces anciennes qui dominaient la société, se réorganisent et se réinventent en apparence pour continuer leur domination. Contrairement à la notion de révolution qui est un changement brusque et radical, la notion de réactionnaire quant à elle renvoi à un changement exclusivement cosmétique de la société.
Du point de vue Panafricaniste et fort de l’étude des différents coups d’état observés en Afrique récemment on peut établir sans ambages au gré du paradigme de la libération de l’Afrique que :
La révolution populaire, consacre de manière évidente et claire le refus de la domination et la restitution du pouvoir au peuple.
Tandis que le changement réactionnaire, est un effet cosmétique aux allures de révolution, qui change uniquement la forme et reste sur les logiques de fond qui consacrent la résignation face à la domination et donc la perpétuation du système Françafricain.
Après la République Centrafricaine, le Mali, la Guinée Conakry, le Niger, tous, passés par un changement radical et révolutionnaire du système pouvoir, c’est au tour du Gabon de défrayer la chronique.
En effet, c’est dans ce pays d’Afrique centrale qui semblait être l’archétype de la Françafrique, qu’un groupe d’officiers de l’armée a annoncé, mercredi 30 août, à la télévision avoir pris le pouvoir. Les militaires justifient leur coup de force par le manque de crédibilité des récentes élections générales, peu après l’annonce de la victoire du président sortant, Ali Bongo.
« Nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au nom du peuple gabonais et garant de la protection des institutions, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », ont notamment déclaré les militaires.
« Je suis pratique et pragmatique. » C’est en ces termes que le général Brice Oligui Nguema s’est décrit devant le patronat gabonais au lendemain de sa nomination à la tête de la transition, mercredi 30 août 2023.
Le nouvel homme fort du Gabon est un homme du sérail. Et sa longue appartenance à cette nébuleuse qui paraissait inébranlable et qui est à la tête du Gabon depuis plus d’un demi-siècle alimente bien des conjectures.
Brice Oligui Nguema est devenu en quelques années une des figures incontournables du régime. Nommé en avril 2019 à la tête du renseignement de la garde de la républicaine, il occupera ce poste clé un an. En avril 2020, il est désigné comme le nouveau commandant de la garde républicaine et impose une série « de réformes en vue de la rendre plus efficace dans sa mission fondamentale : le maintien du régime ».
Pourtant, ce fils de militaire gabonais a connu l’exil et la disgrâce du pouvoir. Après une formation à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, il devient en début de carrière l’un des aides de camp d’Omar Bongo. Son fils une fois au pouvoir décide de l’exiler. « Il a eu des problèmes avec Ali Bongo, qui l’a exilé au Maroc, puis au Sénégal comme attaché militaire », explique Francis Kpatindé, journaliste et maître de conférences à Sciences Po Paris sur France 24.
Depuis son retour au Gabon, le militaire aurait profité du système d’enrichissement personnel mis en place par Ali Bongo. D’après le consortium d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting (OCCRP), l’homme présenté comme un « cousin du président » aurait acheté, en 2015 et en 2018, trois maisons dans le Maryland, le tout pour « un total de plus d’un million de dollars en espèces ». Il a refusé de répondre aux questions du consortium expliquant que « ce soit en France ou aux États-Unis, la vie privée est une vie privée qui doit être respectée ».
Tout porte à croire que la France n’a pas d’autre choix que de réorganiser sa domination néocoloniale via son réseau françafricain au Gabon. Quand on sait le caractère stratégique et la position géopolitique qu’occupe ce pays de l’Afrique centrale dans le dispositif de pouvoir Français, il va de soi que la France saurait permettre une contamination directe de l’Afrique centrale par l’effet domino des révolutions populaires de l’Afrique de l’ouest. Dans l’urgence, il leurs est plus facile de s’appuyer sur des acquis dont le meilleur élément est la famille Bongo avec ses tentacules qui contrôlent les secteurs les plus stratégiques de l’appareil d’Etat.
Par Ailleurs, le président Ali Bongo, au-delà de son invalidité partielle et les différentes humiliations que ressentait la Françafrique à travers lui, commençait à s’écarter déjà de la France notamment :
Dans ce contexte de cabotage qui pourrait à la longue carrément s’émanciper et prendre définitivement le large, la France n’a pas d’autre choix que de se prémunir par un coup d’Etat Réactionnaire, pour contrer un éventuel coup d’état révolutionnaire. Comme cela le fut en Guinée Conakry, où les frères panafricanistes ont su renverser la vapeur en faisant passer le Colonel Mamady Doumbouya de réactionnaire à révolutionnaire par le maintien constant des mobilisations et de la pression populaires.
D’entrée il a fustigé les conditions d’organisation des élections générales qui aboutiraient sur un bain de sang s’ils n’intervenaient pas.
Puis il a dit que les Partis politiques sont libres de leurs activités mais il n’y a plus de majorité et d’opposition. Car le CTRI n’est pas un Parti politique au pouvoir. En réaffirmant l’annulation des élections générales, il a dit que lors du baccalauréat par exemple, si l’on constate des fraudes massives et que l’on annule l’examen, cela concerne tout le monde y compris ceux qui ont eu 15/20. Et on reprendra par la suite.
Ses missions :
– Rétablir la dignité des gabonais ;
– Faire des assises avec toutes les forces vives de la nation pour élaborer une nouvelle constitution à base de celle de 2011;
– Mettre en place une assemblée constituante ;
– Nommer un gouvernement de transition avec les forces vives…
– Faire un référendum pour l’adoption de la nouvelle constitution ;
– Toiletter la loi électorale et organiser des élections séparées : présidentielles, législatives et locales ;
-Ne devrait être candidat à l’élection présidentielle qu’un gabonais né de père et de mère gabonais et ayant une épouse gabonaise ;
– La durée de la transition sera donnée par les assises et non le CTRI.
– La prestation de serment se fera lundi sur une charte en cours de rédaction et non sur la constitution dissoute. Elle aura lieu à la cour constitutionnelle mais pas devant les anciens juges. Les hommes passent l’administration reste, a-t-il dit.
Le Général Oligui Nguema, interrogé sur le sujet, aurait affirmé qu’il souhaite une transition la plus courte possible et qu’il n’entend pas rester au pouvoir au terme de celle-ci.
Le Général Brice Oligui Nguema a donc le même profil que le Colonel Mamady Doumboya, sur le fond l’on peut se risquer de croire à l’analyse des missions qu’il s’est fixé, que nous avons à faire à un révolutionnaire, seulement les circonstances qui encadrent sa prise de pouvoir renvoient presque tous à une dynamique réactionnaire. Pour ce gabonais qui est sorti de l’ombre et est entré dans la lumière, entre les anciens d’Omar et les déçus d’Ali, le passage étroit est payant pour le moment.
En attendant les premiers actes forts de l’homme, nous estimons que la société civile et les corporations panafricanistes doivent rapidement se mobiliser au Gabon, récupérer à leurs compte les mouvements populaires, pour exercer une pression et obtenir des garanties du Général Brice Oligui Nguema afin de s’assurer que, quelle que soit la cause qui lui a donné naissance, le coup d’Etat réactionnaire aboutira sur une révolution populaire.
La rédaction du Sillon Panafricain (www.sillonpanafricain.net)
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