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Au troisième rang de l’Assemblée générale de l’O.N.U., un jeune homme s’est dressé, le chef couvert du petit calot brodé que l’on porte volontiers les jours de fête dans les montagnes du Fouta-Djalon, et drapé dans un ample boubou couleur de nuit : le représentant de la Guinée, M. Diallo Telli, fait monter de plusieurs degrés la température de la discussion et donne une fois de plus le ton aux débats de l’Organisation internationale.

Dès avant que M. Khrouchtchev fasse claquer sur son bureau le cuir de son soulier, on s’empoignait en paroles, à Manhattan, sur un mode plus proche de celui du Palais-Bourbon ou des cours d’assises que de celui des assemblées de Genève. Dans cette définition d’un style, M. Diallo Telli aura pris une part essentielle. Plus le pays que l’on représente est désarmé, pense-t-il, plus le ton sur lequel on le défend doit être ferme : le représentant de M. Sekou Touré a-t-il acquis cette conviction en lisant les Mémoires de guerre du chef de la France libre ?

Diallo Telli, un fin diplomate

Si véhéments que puissent être ses propos, M. Diallo Telli n’a pourtant pas l’allure d’un gladiateur ni d’un tribun de la plèbe. On ne saurait imaginer visage plus typiquement peulh, plus finement dessiné que celui du nouveau secrétaire général de l’O.U.A. Mince silhouette, traits aux arètes vives, teint de cuivre, lunettes à fine monture voilant mal un regard pétillant, M. Diallo Telli pourrait poser pour un portrait de l’intellectuel africain. Il manie l’anglais avec aisance. Quant au français, il en use comme un homme qui a été, des années durant, fonctionnaire de la République.

Né voici bientôt quarante ans en pays Foulla, à Poredaka, élève de l’école communale de ce village, puis du lycée de Dakar, étudiant à la faculté de droit de Paris, puis à ” colo “, il devint administrateur de la France d’outre-mer, non sans militer au sein du très peu conformiste Parti démocratique guinéen (le P.D.G. de M. Sekou Touré).

Mais c’est dans un autre poste qu’il se forma aux tâches qui lui sont aujourd’hui dévolues : comme secrétaire général du Grand Conseil de l’A.O.F., à Dakar. Là, dans le cadre colonial, étaient jetées des bases interafricaines que M. Sekou Touré et ses compagnons, plus férus encore d’unité que d’indépendance, tentèrent, en août 1958, de faire survivre à la décolonisation, et dont l’abandon fut l’une des causes de leur sécession.

Alseny Baldé depuis Conakry
pour www.lesillonpanafricain.net

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