Comme dit la fable, il ne sert à rien de courir, il faut partir à point. La plupart des pays africains ont accédé à l’indépendance en 1960. De cette date à ce jour, les pouvoirs en place dans chacun de ces pays, ont entrepris beaucoup de choses qui auraient pu positivement porter à conséquence et concrètement changer la vie des populations. La politique ayant essentiellement pour but, d’une part, de rendre possible ce qui est souhaitable, et, d’autre part, de rendre les gens heureux. Nous constatons qu’il n’en a malheureusement été rien et nous nous posons la question de savoir pourquoi cela n’a t il pas été possible dans un continent qui ne manque pourtant pas d’indéniables et précieux atouts ? Si les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs, c’est parce que les dirigeants africains, à tort, lorsqu’il s’agissait de leur propre volonté, où a raison, lorsqu’ils sont tenus en laisse par l’impérialisme occidental, n’ont pas fait les choses dans le bon ordre. Dans cette entreprise, ils sont partis comme si le but était simplement de partir, alors qu’en réalité l’important était d’abord de savoir pourquoi l’on part et où on va. Avec l’indépendance, le temps de l’Etat importé était à proscrire, le temps de l’Etat de facture africaine était venu. Ils en ont malheureusement fait fi et les conséquences structurelles sont-là.
Si nos pays tournent donc en rond depuis 63 ans, c’est parce que le cap qu’il fallait poursuivre pour atteindre la bonne destination n’a pas au préalable été bien fixé. A cause de cette erreur d’aiguillage, nous voguons donc non seulement dans la mauvaise direction, mais surtout, nous ne pourrons jamais atteindre notre port d’attache. Et l’histoire du monde regorge de nombreux exemples de marins qui faute de boussole, et pour avoir mal préparés leurs périples ont été conduit à la perte. Et Haïti indépendant depuis 1804 est l’un de ces douloureux exemples qu’il nous semble intéressant d’évoquer ici car, plutôt que d’aller chercher l’inspiration ailleurs, c’est dans nos propres turpitudes que nous devons trouver des ressorts pour éviter que les populations du continent ne s’installent indéfiniment pendant 219 ans en déshérence comme celles de cette île africaine. Nous devons faire tout ce qui est en notre possibilité pour éviter qu’elles ne perdent autant de temps que celui malheureusement perdu par ce pays avec les résultats que nous connaissons et que nous déplorons.
Pour cela, notre génération doit à l’instar de celles qui l’ont précédées prendre toutes ses responsabilités. Elle doit non seulement comme disait Frantz Fanon, découvrir sa mission historique, mais surtout la remplir et éviter de la trahir. Elle ne doit pas pour cela se lasser de revenir autant de fois qu’il faudra sur le métier.
Entre autres choses, son credo est de faire comprendre aux masses africaines que leur unique voie de salut est le panafricanisme. Pas le panafricanisme entendu comme une simple mise en œuvre de politiques importées et inadaptées sur toute l’étendue du continent comme c’est malheureusement le cas à présent, mais un panafricanisme qui est une action militante souverainiste, c’est-à-dire, qui recommande le respect absolu de l’Afrique a avoir le droit politique naturel et inaliénable de décider de ce qui est bon pour elle-même. Ce panafricanisme souverainiste que nous revendiquons, n’est malheureusement pas un long fleuve tranquille. Pour des générations de militants à travers le monde, de George Padmore et William Dubois, à tous les acteurs actuellement sur les barricades pour son combat, en passant par Kwame Nkrumah et Thomas Sankara, depuis la balkanisation du continent à Berlin en 1885, il reste le défi auquel ils sont non seulement confrontés, mais qu’ils doivent aussi résolument relever. Sa mise œuvre de ce fait, doit constamment faire face à de nombreux obstacles de tous ordres. Des obstacles politiques tout comme des obstacles qui tiennent à leur mise en œuvre pratique.
C’est dans cette dernière catégorie qu’il faut situer les difficultés qui nous ont amenés à marquer la pause que nous avons observée pendant de nombreux mois et que nous devons surmonter ensemble en nous armant de courage et d’avantage de savoir-faire, pour reprendre notre travail qui est d’informer et d’éduquer les peuples africains pour que le contrôle de leur vie ne leur échappe plus jamais sur tous les plans.
Pour le Conseil d’administration du Sillon Panafricain
Jean-Pierre Djemba,
Directeur de la publication
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