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La démocratie à l’occidental : un piège pour les Etats africains ?

Avant le triomphe de l’universel culturel

Avant la colonisation, dans l’ouest du Cameroun par exemple, la gestion de la cité ou des chefferies étaient confiée aux initiés. Ces derniers étaient généralement nés sur une peau de panthère commençaient leur initiation à la gestion de la chose publique dès l’âge de 7 ans et le plus souvent très loin de sa famille biologique afin que ce dernier se familiarise progressivement à une vie de débrouillard. Celle-ci avait un seul objectif : apprendre au futur responsable à être au service de son peuple et non de se servir de lui. En général, au décès du père, le fils qui devait prendre la succession, faisait le tour de tous les groupes ésotériques de la chefferie, recevait tous les pouvoirs pour protéger son territoire et ses sujets de jour comme de nuit de toute attaque y compris spirituelle. Il devenait de ce fait un chef de guerre et était obligé d’apporter un bien-être à son peuple.

Sur le même principe, le chef de degré supérieur recevait l’onction de toutes les chefferies sous son autorité et tous les pouvoirs subséquents pour protéger les frontières et trouver des solutions pour relever et améliorer les conditions de vie de toutes les âmes de son territoire, ainsi de suite…

Au regard de l’évolution du monde, s’il s’avère difficile et même impossible que nous reproduisons texto cette vie d’avant, force est de constater que c’est au sein de ces savoir-faire que nous devons aller nous ressourcer pour aller de l’avant.  

Après le triomphe de l’universel politique

En même temps que l’Etat importé, une démocratie à l’occidental a été imposée aux pays colonisés ou sous-mandat. L’objectif du colonisateur, leur promoteur, étant de mettre à la tête des états sous leur domination, des hommes-liges qui leur devraient non seulement tout, mais leur feraient aussi allégeance et garantiraient leurs intérêts. Et pour rendre la chose irréversible, ces derniers étaient en plus embrigadés dans les cercles ésotériques et philosophiques européens (Franc Maçonnerie ou Rose Croix) au sein desquelles ils juraient fidélité et service oubliant qu’il est difficile de servir deux maîtres, ou dans le cas des nations, d’être au service de deux peuples.

Pas étonnant donc que si la Franc-maçonnerie et la Rose-Croix ont permis aux élites européennes dont l’unique contrainte est de rendre des comptes à leurs peuples, de construire leurs pays, l’on ne puisse en attendre autant des élites africaines qui ne sont pas seulement au service des pays africains. En effet, alors que toute l’élite africaine ou presque appartient à ces écoles de pensée, leurs actions à la tête de leurs pays respectifs n’est guère comparable à celles de leurs frères européens.  Et à les voir concrètement à l’œuvre, on dirait qu’ils n’ont plutôt conservé de cette adhésion que tous les aspects non positifs de ces cercles initiatiques.

Et dans la même veine de la greffe des pratiques importées de l’occident qui ont du mal à prendre dans la réalité des sociétés africaines, les chefs traditionnels sont devenus des d’auxiliaires de l’administration et à ce titre sont salariés par l’État qui est lui-même une création d’importation. Les ayant coupés des responsabilités et prérogatives traditionnelles naturelles, pour les rendre quelque peu utiles, ils sont ainsi chargés de certaines tâches, comme la signature des actes d’état civil.

A l’échelon supérieur qui traite au niveau du pays, du régime politique, pour habiller la superstructure, l’on a instauré une démocratie à géométrie variable contrôlée par la métropole. Une démocratie de façade dans laquelle les élections permettent simplement de confirmer le choix du commanditaire. Et dans bien des cas, l’on ne s’embarrasse pas de fabriquer les résultats de l’extérieur. Et lorsque les choses ne se passent pas comme il était prévu, l’épée de Damoclès du coup d’Etat qui plane toujours et est fin prête à être actionnée par la métropole en exploitant et/ou en utilisant les informations précieuses fournies par les bases militaires installées dans les territoires, remet les choses dans l’ordre et dans le bon sens voulu par ses intérêts. A la moindre protestation, la métropole exige à la cantonade en mettant en branle ses colossaux moyens d’information et d’influence, de respecter le verdict des urnes.

Jusque dans les années 1990, une majorité de coups d’Etats organisés en Afrique l’étaient par la métropole. Et pour illustrer ces cas de figures, il y a deux pays à destin similaire, le Tchad et le République Centrafricaine.

Nous pouvons constater qu’il existe deux catégories de pays

Les pays à successions dynastiques où les dirigeants sont continument réélus au travers de simulacres d’élections (Cameroun, Gabon, Congo, RDC, Guinée Equatoriale, etc…)

Et les pays où les coups d’Etats rythment la vie politique citons les exemples du Tchad et de la RCA.

Le Tchad

Le Tchad par exemple obtient son indépendance en 1960, mais la vie dans ce pays n’est que succession de guerres, guérillas et coups d’Etats.

Il obtient son indépendance le 11 aout 1960, six années plus tard, le 22 juin 1966, est créé le Frolinat (Front de Libération Nationale du Tchad) de Hissène Habré.

Un coup d’Etat militaire renverse le président François Tombalbaye le 13 avril 1975 et le général Félix Malloum devient président.

En février 1979, début de la guerre civile. Felix Malloum se retire et s’exile. En mars de la même année, Goukouni Weddeye devient président d’un gouvernement d’union nationale de transition.

Le 29 avril Lol Mahamat Choua devient le second président du gouvernement d’union.

Le 03 septembre, Goukini Weddeye devient à nouveau président du gouvernement d’union nationale de transition.

De mars 1980 à décembre 1980, guerre civile entre Hissène Habré et Goukouni Weddeye appuyé par la Lybie. Fuite de Hissène Habré vers le Soudan.

Le 07 juin 1982, prise du pouvoir par Hissène Habré.

Le 01 décembre 1990 prise de pouvoir par un coup d’Etat par le Mouvement patriotique du Salut d’Idriss Déby qui devient président du Conseil d’Etat le 04 décembre puis président de la République le 28 février 1991.

Janvier – Avril 1993 : Conférence nationale souveraine.

Le 03 juillet 1996 Idriss Déby est élu pour un premier mandat, puis un second mandat et doit bénéficier de l’aide de la France pour stopper les rebelles aux portes de Ndjamena. 

Le 01 mai 2009, de violents combats oppose l’armée tchadienne aux rebelles de l’UFR soutenu par le Soudan.

Le 25 avril 2011, Idriss remporte les élections pour la quatrième fois.

Le 01 mai 2013 Idriss Déby déjoue un coup d’état.

Le 10 avril 2016 Idriss Déby remporte les élections pour la cinquième fois et un 6ème mandat en avril 2021 qu’il n’a malheureusement pas exercé suite à sa mort brutale au front. Et certaines langues ne cessent d’affirmer que c’est aussi un coup d’Etat.

La RCA

Quant à la RCA, le premier président, David Dacko, prend le pouvoir en 1959, suite à la mort dans un accident d’avion du père de l’indépendance, Barthélémy Boganda.

Le premier coup d’Etat de son histoire, la République centrafricaine le doit à Jean-Bedel Bokassa, en 1965. Le capitaine très (trop?) proche du pouvoir français, s’autoproclame empereur et est couronné en 1977. Mais l’homme devient de moins en moins fréquentable et il est renversé à son tour en 1979, avec l’aide de l’armée française.

En 1981, le général André Kolingba prend le pouvoir par la force. Il faudra attendre 1993 pour assister aux premières élections multipartites, imposées par la France, à l’issue du Sommet de La Baule.

Mais les vingt dernières années ne seront pas plus calmes. Les belles résolutions de La Baule ne dureront que trois ans. En effet, dès 1996, le président Ange-Félix Patassé est confronté à une mutinerie au sein de l’armée. Il ne doit son maintien au pouvoir qu’à l’intervention de la France. Celle-ci mobilise 1500 soldats pour assurer la sécurité de ses ressortissants.

Patassé, réélu en 1999, devra sans cesse repousser des tentatives de putsch. Kolingba, puis Bozizé, tentent de le renverser. François Bozizé prendra le pouvoir en 2003, à l’issue de son deuxième coup d’Etat, profitant d’un voyage au Niger de Patassé.

Bozizé remporte l’élection présidentielle de 2005. Pour autant, le calme ne revient pas. Au Nord-Est du pays, des forces rebelles menacent. La France soutient le pouvoir légal et Bozizé peut même entamer un second mandat en 2011. Dans la foulée, un cessez-le-feu est signé avec les rebelles du nord.

Dernier épisode depuis la fin de l’année 2012, l’apparition de la Séléka, une coalition de rebelles qui a fait sécession. Elle reproche à Bozizé de ne pas avoir tenu parole à l’issue des différents cessez-le-feu, de 2007 et 2011.

Un nouvel accord de paix, signé à Libreville en janvier 2013, ne changera rien. Bozizé a beau ouvrir des ministères aux rebelles, dont celui de la Défense, la Séléka reprend les armes, et en quelques jours fait tomber Bozizé.

Le pays connaîtra un début de stabilité suite aux élections de 2016. Une coalition de l’opposition autour de la candidature de Faustin-Archange Touadéra, lui permet d’être est élu au second tour de la présidentielle. Face à la rébellion il fait appel à la société de sécurité privée russe Wagner pour aider au rétablissement de la stabilité du pays.

Comment mettre fin à cette situation ?

Comme nous l’avons montré ci-dessus, La démocratie à l’occidental a été plus en fait, un moyen de contrôle de nos pays, que de les rendre stables et prospères…

Face à cette situation qui perdure donc, l’Afrique pour s’en sortir doit revenir à des fondamentaux qui autrefois, avant la colonisation, ont largement fait leurs preuves. Elle doit donc « rester soi-même » et cela sur tous les plans. Ce retour aux sources passe par deux préalables de souveraineté : l’indépendance et le respect.

Pour l’indépendance, il faut une libération physique qui passe par la reprise en mains du contrôle et la sécurité de ses frontières, et bien entendu le départ des forces militaires étrangères qui pour être restées en place pendant longtemps, sont désormais considérées par les peuples comme des forces d’occupation.

Pour l’indépendance, il faut aussi une libération spirituelle. En effet, une libération physique à elle seule ne suffit pas. Tous nos dirigeants actuels font allégeance aux cercles ésotériques étrangers et ne peuvent donc se consacrer exclusivement au « Mandat » qui leur est confié.

Et pour ce faire, les différents cercles initiatiques africains doivent pouvoir communiquer entre elles, formaliser un certain nombre de procédures pour les pérenniser dans le temps et l’espace.

S’en suivra ensuite la souveraineté économique « le contrôle de la monnaie », la gestion des infrastructures, de l’énergie ; la souveraineté éducationnelle : l’Afrique est, le seul continent, où tous les manuels éducatifs sont dans une langue étrangère, et plus encore, où son histoire est écrite par d’autres …

Cet inventaire qui tente modestement de dresser le catalogue des liens de subordination est bien loin d’être exhaustif. Le temps de la rupture sans complexe ni crainte est venu. La rupture sans complexe parce que sans elle, il est illusoire de parler de développement de notre continent. Le développement ne pouvant pas aller sans la liberté. Et la rupture sans crainte, parce que le temps de la politique de la canonnière est révolu. Le monde est entré dans une autre dimension qui ne la permet plus. C’est à ceux qui en sont nostalgiques qu’il appartient de se faire violence et non pas aux Africains qui en ont été victimes pendant des siècles.

La rédaction
pour le Sillon Panafricain

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