Le contexte
Les relations qui prévalent encore entre la France et ce qui continue encore d’être dans les faits appelé son pré-carré africain, sont encore celles que l’ancien Premier ministre Pierre Messmer, qui était haut-commissaire de la France au Cameroun à la fin des années 1950, décrit dans ses mémoires en disant ce qui suit : « Nous avons accordé l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus d’intransigeance. »
Cette indépendance factice, était accompagnée des accords coloniaux dans lesquels, la France était entre autres choses le véritable propriétaire des sous-sols africains qu’elle protégeait par le biais de ses différentes bases militaires installées ici et là sur les territoires de ses colonies de fait, et dont elle pouvait faire et défaire les chefs d’Etat en fonction de ses propres attentes. Les exemples de coups d’Etats en RCA, au Tchad, et Burkina Faso illustrent abondamment et de manière éloquente cette organisation.
L’approche de la France avec le sommet de Montpellier
Chemin faisant, sous la contrainte des évolutions du monde qui ne dépendent pas toujours de la volonté des attentes impérialistes, la nécessité de revoir ce dispositif s’est imposé à la France qui a fini par accepter des accommodations. L’on peut considérer le sommet de Montpellier qui s’est tenu le 08/10/2021 sous le thème Réinventer ensemble la relation, comme faisant partie de ces dernières.
Selon ses organisateurs, l’objectif déclaré officiellement était de : «de porter un regard neuf sur la relation entre l’Afrique et la France pour offrir un nouveau cadre de réflexion et d’action aux nouvelles générations ».
Et au cours de ses assises, la parole a été donné à ceux des partenaires identifiés par les organisateurs comme étant : « les acteurs de la relation France-Afrique ». La décision de ce choix était déjà en soi une anomalie car au-delà du contenu d’une telle assemblée destinée à réconcilier, la désignation des interlocuteurs se doit d’être consensuelle. Mais comme si cela n’était déjà pas un problème, l’objet de la discussion ne fut pas non plus à la hauteur des attentes de ce que l’on disait vouloir faire dorénavant.
En manifestement comparé à ce qui avait déjà été proposé notamment à l’époque par Alain JUPPE et/ou Hubert VEDRINE…, les fruits ne tenaient pas la promesse des fleurs.
Un décalage que n’arrangea pas ensuite, d’une part, le discours de Ouagadougou, et d’autre part, le comportement d’Emmanuel MACRON que d’aucuns considérèrent simplement comme de la condescendance ou alors comme une provocation de trop.
Ce qu’attendaient les africains
Au-delà de toutes ces péripéties qui en disent cependant long sur l’état d’esprit qui prévaut au Palais de l’Elysée, la question de fond que l’on doit se poser est de savoir si c’est ce qu’attendent encore en ce moment les négro-africains ? On peut et doit même y répondre par non car manifestement, beaucoup d’Africains ne se sont pas sentis concernés par ce sommet qui avait commencé avec un choix unilatéral des invités. Une fois encore, un peu comme si l’histoire repassait les plats des années de la décolonisation manquée des années 1960, la France avait choisi des intervenants inconditionnels qui lui étaient acquis et dont les opinions étaient moins clivantes au regard de sa politique en Afrique.
Et à ce sujet, quelques personnes se sont d’ailleurs distinguées en lançant un avertissement à peine voilé au président français.
Comment lire les récents coups d’Etats en Afrique de l’Ouest
Quelle que soit la durée de la nuit, le jour fini toujours par se lever. A cause d’un tas de raisons, les Africains ne sont pas jusqu’ici parvenus à inverser absolument le cours de l’histoire de leur destinée contrariée. Ils ont néanmoins désormais profondément conscience qu’elle ne se déroule pas comme cela aurait dû l’être. Et chose importante, ils se rendent compte que ce détournement est le fait d’autres hommes qui privilégient leurs intérêts et compromettant les leurs. Cette prise de conscience historique de masse est le fait majeur de l’époque que nous vivons. Et n’en déplaise à d’aucuns, c’est dans cette perspective que s’inscrivent objectivement les récents coups d’Etat en Guinée le 5 septembre 2021 Mamady Doumbouya, du Mali le 24 mai 2021 avec Assimi Goïta, du Burkina FASSO le 30 septembre 2022, avec le capitaine Ibrahim TRAORE, et du Niger, le 26 juillet 2023 Abdourahamane Tiani. L’histoire de ses quatre soulèvements militaires en Afrique doit être regardée sous le prisme des changements qui à l’instar de n’importe quelle longue nuit même polaire, devaient nécessairement à un moment donné céder la place à un nouveau jour. Les pays occidentaux qui ont longtemps profité de la situation doivent se résoudre à comprendre et à accepter que rien ne pourra plus être comme avant car il y a désormais une masse critique négro-africaine qui non seulement ne pourrait pas le comprendre, mais ne l’acceptera pas et est prête à l’instar des centurions des armées des quatre pays cités plus haut, de payer le prix fort qu’il faut pour la liberté et la dignité.
Pour l’avenir, des solutions consensuelles côté cour et côté jardin
Alors que faire ? Deux solutions s’offrent à l’ensemble des protagonistes qui se recrutent en Europe et en Afrique. Premièrement camper respectivement sur ses positions et faire le choix de la guerre. Ce choix équivaudrait à détruire irrémédiablement le présent et à compromettre l’avenir de tout le monde. Et la France aurait pu gagner la guerre qu’elle engendrera sans avoir à beaucoup y perdre si d’une part, après l’effondrement de l’URSS en 1991, tel un phénix renaissant de ses cendres, la Fédération de Russie n’était pas réapparue. Tel n’est plus malheureusement le cas pour elle puisque le monde est de nouveau en pleine mutation. Deuxièmement, côté européen, revenir à de meilleurs sentiments et accepter de revoir à la baisse ses prétentions et son orgueil de dominant, et côté Africain, se rappeler, d’une part, qu’être le berceau de l’humanité implique des devoirs, et, d’autre part, comprendre l’impasse dans laquelle se trouve l’Occident qui a malencontreusement entrepris de se développer sans avoir dans son sous-sol les intrants qui étaient nécessaires pour le faire, et accepter de faire avec lui un deal lui permettant de s’en sortir et d’éviter au monde surarmé d’aller à la destruction.
L’avenir du monde sera multipolaire ou ne sera pas. Le rêve d’un monde unipolaire est désormais révolu.
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