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MALI : LA TRANSITION DOIT ÊTRE INTEMPORELLE

« Une transition ne peut pas égaler la durée d’un mandat ». C’est Mme Paulette Missambou, la présidente du Sénat éponyme du régime en place actuellement au Gabon qui fait cette déclaration ce matin sur les antennes de RFI. Une transition politique doit être entendue comme quoi ? Dans le contexte des Etats croupions africains, comme la période inconstitutionnelle qu’un régime d’exception se donne pour restaurer un ordre politique accepté par la majorité du peuple dans un pays où cet ordre n’existait pas ou plus. Dans cette définition, il y a plusieurs mots clés qui sont : période inconstitutionnelle, régime d’exception, restaurer, ordre politique accepté, majorité du peuple, et, n’existait plus. Reprenons ces mots en leur donnant le sens qu’ils doivent avoir dans un contexte qui sort de l’ordinaire.

« Inconstitutionnelle » veut dire non encadré par la loi.

« Régime d’exception », veut dire un système politique qui est au-dessus de la loi.

« Restaurer » veut dire, remettre en place dans les règles de l’art, une chose qui avait perdu son lustre.

 « Ordre politique accepté » veut dire qui tient compte des équilibres nécessaires et qui le nécessaire assentiment de la majorité.

 « Majorité du peuple » veut dire, qui obéit à la loi souveraine du plus grand nombre.

Et enfin, qui « n’existait plus » veut dire dont on avait malheureusement privé le pays pour son harmonie et son équilibre.

Avec un tel catalogue de choses à réaliser et d’objectifs à atteindre pour le bien commun, comment peut-on dire comme le fait Mme Missambou qu’une instance qui a pris sur elle de le faire, ne peut pas égaler la durée d’un mandat présidentiel ? Le temps d’une transition n’a absolument rien à voir avec la durée d’un mandat présidentiel par exemple. Le premier s’inscrit dans l’exception entendu comme la nécessité de recréer durablement un état de choses qui avait été rompu ou qui était devenu obsolète. Et tout le monde sait que détruire est plus facile que construire. Et ici, il s’agit d’entreprendre à reconstruire de manière durable un peu comme on le fait pour des ouvrages antisismiques dans les pays où les plaques tectoniques sont en permanence en action. Au Japon notamment.

Les politiques en Afrique ont tort de juger les bouleversements qui s’opèrent dans les pays du continent où des coups d’État ont eu lieu pour la restauration d’un ordre politique nouveau et durable. Le temps de ce genre de processus est logiquement plus long que le temps d’un mandat présidentiel qui s’effectue lui dans le cadre d’une situation politique normale. Ce qui est important dans un tel mandat, c’est la mise en œuvre dans un temps préalablement défini, d’un programme proposé au peuple souverain. Alors que dans une transition dont le but est de restaurer ce cadre inexistant, il n’est pas aisé de définir avec la précision d’un métronome, compte tenu d’une part, de la difficulté à surmonter, et, d’autre part, de l’importance de l’objet, le temps que cela peut prendre.

Après l’effondrement de l’Empire Ottoman, les artisans de la restauration de la Turquie moderne avec à leur tête l’institution militaire dirigée par Mustafa Kemal, n’avaient aucune contrainte temporelle. C’est l’atteinte du résultat qui était le plus important et non pas le temps que cela allait prendre. C’était logique et on voit aujourd’hui ce que cela a donné. Les restaurateurs négro-africains doivent s’en inspirer.

Au regard de ce qui se passe, au Mali ne faudrait-il pas laisser le temps aux membres de la transition pour terminer le job ? Le travail est-il réellement terminé ?

Le 31 mars 2024 Plus 80 partis et associations ont réclamé la fin de la transition et l’organisation des élections générales au motif que cette transition devait s’achever le 26 mars 2024.

En réponse à cette demande, et face à la fronde qui s’organisait ici et là, le 10 avril 2024, les membres de la transition par la voix de son porte-parole le Colonel Maïga, ont décidé de la suspension des activités des partis et associations pour des raisons de : « Maintien de l’ordre public » tout en évoquant un dialogue national initié le 31 décembre 2023 par le président de la transition le colonel Assimi Goïta.

Les Maliens devraient attendre les conclusions de ce dialogue national qui devrait fixer le nouveau cap. Le destin du pays doit désormais être dans les mains du peuple Malien qui se veut jaloux de sa souveraineté, et non celles de la « Communauté Internationale » qui priorise ses propres intérêts.

Enfin l’heure est venue où les africains doivent décider d’eux-mêmes de ce qui est bon pour eux et non être simplement attentifs aux sirènes extérieures comme des grands enfants : c’est ce qu’en pensent désormais les panafricanistes à travers cette expression désormais factuelle « de Rupture ».

Si nous voulons que l’on nous respecte, restons nous-mêmes.

Pour le sillon panafricain,
la Rédaction.

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