La Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) semble décidé à mener une intervention militaire au Niger afin de restaurer ce qu’elle appelle le retour à l’ordre constitutionnel, et donc, libérer le président Bazoum.
Le bloc ouest-africain soutenu par la France qui a annoncé appuyer « avec fermeté et détermination » les efforts pour contrer le putsch -, s’était dit « prêt » et avoir « les ressources nécessaires ». Mais en réalité, la situation est moins certaine. Alors que les militaires qui ont pris le pouvoir le 26 juillet à Niamey n’ont montré aucune volonté de céder, la perspective d’une intervention militaire est encore loin d’être acquise. « Tout porte à croire que l’ultimatum va être prolongé » « Malgré l’ultimatum, il n’y a pas pour le moment d’indice d’une préparation.
Tout porte à croire que l’ultimatum va être prolongé », estime Ousmane Ndiaye, rédacteur en chef Afrique à TV5 Monde, au micro de BFMTV. Il ajoute: « la CEDEAO avait donné 7 jours, mais l’Union Africaine, qui est l’instance panafricaine regroupant tous les pays, avait donné 15 jours. » De plus, selon la presse nigériane, une majorité de sénateurs ont exprimé leur opposition à une opération militaire, lors d’une réunion à huis clos. Or, selon la Constitution du pays, les forces de sécurité ne peuvent combattre à l’étranger sans l’aval préalable du Sénat, sauf exception en cas de « risque imminent ou danger » pour la sécurité nationale. De nombreuses voix critiques s’élèvent aussi.
Ce samedi, les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la CEDEAO avec ses 215 millions d’habitants et qui partage une frontière de 1500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à « renforcer l’option politique et diplomatique ».
L’Algérie, qui n’est pas membre de la CEDEAO mais qui partage près de 1000 km frontière avec le Niger, a également émis des réserves. Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé à la télévision publique qu’une intervention serait « une menace directe » pour son pays. « Il n’y aura aucune solution sans nous (l’Algérie) », a-t-il ajouté, craignant que « tout le Sahel (ne) s’embrase » en cas d’intervention. Et aux dernières nouvelles, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (U.A.) présidé par le Burundi qui s’est réuni le 14 août refuserait pour le moment de soutenir toute intervention militaire. Sa position serait dictée d’une part par les divisions de ses membres sur le sujet, et d’autre part, par la multiplication des coups de force en Afrique de l’Ouest qui donne à réfléchir sur les suites à donner au putsch qui s’est déroulé au Niger.
Soutien d’une partie de la population nigérienne aux putschistes Les putschistes de Niamey ont de leur côté promis cette semaine une « riposte immédiate » à « toute agression ». Et ils pourraient compter sur le soutien de deux voisins: le Burkina Faso et le Mali qui ont prévenu qu’ils seraient solidaires du Niger et que toute intervention armée serait considérée comme une « déclaration de guerre » à leur encontre.
Les putschistes arrivent à grappiller du soutien au sein de la population. « Au fur et à mesure que l’ultimatum approche, on voit que la junte arrive à influencer l’opinion publique nigérienne. Il y a des adhésions au jour le jour », observe le journaliste de TV5 Monde. Avant hier le syndicat des étudiants a annoncé soutenir les putschistes, les syndicats des enseignants et des universitaires aussi. » Des manifestations sont organisées en leur soutien, à Niamey ou en régions. « Des piquets de veilles patriotiques » sont mis en place sur de nombreux ronds-points stratégiques de la ville. Les soutiens à la junte font de la surveillance afin de détecter « les mouvements suspects » et parlent d’une « menace imminente », constate le correspondant de BFMTV sur place. « C’est un cas de figure où les militaires veulent prouver au monde et se prouver à eux-mêmes que le peuple est avec eux, et qu’ils seront unis d’une seule voix contre une menace extérieure », ajoute-t-il.
Des manifestants brandissent un drapeau nigérien lors d’une manifestation à l’occasion de la fête de l’indépendance à Niamey, le 3 août 2023. © AFP Crainte d’une dégradation de la situation sécuritaire D’un autre côté, de nombreux résidents de la capitale -fief de l’opposition au président déchu- espèrent éviter une intervention militaire. « Si la CEDEAO intervient, ça va encore aggraver la situation. Mais les gens sont prêts et la population va soutenir les nouveaux dirigeants, parce que nous voulons du changement », assure Jackou, commerçant dans le textile, à l’intérieur de sa boutique. Une intervention militaire de la CEDEAO fait en effet craindre une dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, mais aussi dans la région du Sahel, déjà instable et en proie aux mouvements djihadistes. « Si le président Bazoum n’est pas rétabli dans ses fonctions, c’est d’abord un chaos institutionnel qui s’installera, car il y aurait deux présidents, un légal et un de fait », souligne Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, au Congo et au Sénégal, invité sur le plateau de BFMTV. Il ajoute: « Ensuite, les pays occidentaux vont couper toutes leurs aides militaires, économiques et financières.
On va assister à une dégradation de la situation sécuritaire, et même humanitaire, qui va profiter aux djihadistes, aux Russes dans un deuxième temps mais surtout aux djihadistes ». La milice paramilitaire russe Wagner pourrait bien, à l’image du Mali, proposer ses services aux putschistes. Si l’hypothèse d’une guerre suscitée par la CEDEAO semble de plus en plus difficile, celle d’une autre menace plane sur le Niger : une rébellion puissamment armée pourrait empêcher toute reprise en main des activités économiques et paralyser de ce fait toutes les initiatives. Le plus dur est donc à venir…
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