La prise de Kidal est un succès symbolique significatif pour les colonels qui ont pris par la force en 2020 la direction de ce pays confronté depuis 2012 à la propagation djihadiste et à une crise sécuritaire et politique profonde. Elle a été saluée par un certain nombre de partis et d’organisations.
Des dizaines de personnes se sont réunies sur la place de l’Indépendance dans la capitale Bamako en agitant des drapeaux maliens pour célébrer cette victoire. Le gouvernement du Burkina Faso, pays voisin lui aussi dirigé par des militaires qui ont scellé une alliance avec les Maliens, a salué ce succès, parlant d’un moment « charnière » de la lutte contre les groupes armés au Sahel et exprimant un « soutien indéfectible » aux autorités maliennes.
La capture de Kidal parachève une offensive terrestre lancée et soutenue par des moyens aériens, avions et drones, dont ne dispose pas l’adversaire. Elle a impliqué les “mercenaires” de Wagner, selon les rebelles et d’autres sources comme des élus, une présence que le président de la transition présente comme le fruit de la coopération militaire avec la Russie qui date des années 1960.
« Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal », a annoncé le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans un message lu à la télévision d’État.
La rébellion a reconnu la perte de Kidal. Le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes rebelles armés, a admis dans un communiqué s’être retiré de Kidal « pour des raisons stratégiques » après avoir résisté pendant plusieurs jours à l’avancée de l’armée et de Wagner en leur « infligeant de grandes pertes humaines et matérielles ». Il a parlé d’une « nouvelle étape » et a appelé à une « mobilisation permanente ». « La lutte continue », a juré le CSP, appelé à des choix opérationnels.
Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie situé à plus de 1 500 km et 24 heures de route de la capitale Bamako, s’était vidée d’une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d’habitants, indiquaient des messages postés sur les réseaux sociaux.
Les séparatistes ont repris les hostilités en août. Le retrait de la mission de l’ONU (Minusma), poussée vers la sortie par le président de la transition, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du Nord (armée, séparatistes, djihadistes).
Le président de la transition a signifié de longue date sa détermination à reprendre Kidal. L’insoumission de Kidal et de sa région, où l’armée a subi d’humiliantes défaites entre 2012 et 2014, était un motif ancien d’irritation à Bamako, y compris pour le président de la transition actuelle qui a fait de la restauration de la souveraineté territoriale son mantra.
En quittant précipitamment Kidal le 31 octobre, la Minusma a créé un appel d’air.
Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s’est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des rebelles. Aucun bilan humain et matériel n’a pu être établi de sources indépendantes.
Plusieurs civils, dont des enfants, ont été tués par des frappes aériennes, selon des résidents et les rebelles, ce que l’armée a démenti.
Le président de la transition a parlé de « lourdes pertes » infligées à l’ennemi. « Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire », a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a parlé sur les réseaux sociaux d’une « avancée considérable » qui « démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali ».
« La conquête de Kidal envoie des messages au-delà du Mali , Elle gonfle à bloc les régimes militaires.
Il faut reconnaitre que La ville de Kidal n’était pas un objectif stratégique pour les militaires maliens, mais plutôt un enjeu, a estimé auprès de Sputnik, le porte-parole de l’armée du pays.
« Il fallait mettre pied à Kidal, comme une partie de l’ensemble du territoire national, pour que la sécurité et l’autorité de l’État puissent être effectives », a précisé le colonel Dembélé.
Selon lui, la coopération militaire avec la Russie a contribué au « renforcement des capacités des forces armées maliennes tant en matière d’équipements que dans la formation des hommes ».
Les Touaregs algériens appartiennent à trois confédérations, dont une seule, celle du Hoggar, a son territoire, c’est-à-dire ses anciennes zones de nomadisation, entièrement en Algérie. Tel n’est pas le cas des Kel Adrar, (les Iforas) qui débordent de l’actuelle Algérie pour s’étendre sur tout le nord de l’actuel Mali, et des Kel Ajjer, dont une partie du territoire est situé en Libye. Séparés de leurs frères algériens, les Touaregs libyens ont, quant à eux, éclaté en trois groupements (Oubari, Ghat et Targa).
L’Algérie surveille jalousement tout ce qui se passe dans la zone saharo-sahélienne, car, pour elle, les logiques de chaos qui y développent des foyers d’instabilité menacent directement sa propre stabilité et sa sécurité. D’autant plus qu’en 2003, pourchassés par les forces de sécurité algériennes, certains groupes islamistes ont trouvé refuge au Sahara, et précisément en zone touareg. En 2007, ils se sont affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), mouvement lui-même issu du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) né en Algérie en 1998.
Auparavant, et cela dès les lendemains de l’indépendance, l’Algérie s’impliqua dans la région. En 1963-1964, lors de la première guerre touareg du Mali, le président Ben Bella autorisa ainsi l’armée malienne à poursuivre les rebelles touareg du Mali jusqu’à 200 km à l’intérieur du territoire algérien, c’est-à-dire jusqu’aux limites septentrionales de l’espace des Kel Adrar.
Au mois de janvier 1991, lors de la deuxième guerre touareg du Mali, l’Algérie organisa les négociations entre le général Moussa Traoré et le MPA (Mouvement populaire de l’Azawad) d’Iyad ag Ghali, ce qui permit la signature de l’Accord de Tamanrasset des 5-6 janvier 1991. Une médiation qui permit ensuite la signature du Pacte national du 11 avril 1992.
Le 23 mai 2006 éclata la troisième guerre touareg du Mali, et ce fut une fois encore l’Algérie qui permit la signature de l’Accord Alger du mois de juillet 2006 entre l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC) et l’État malien.
Le 4 juillet 2006, à Alger, l’État malien et les représentants de l’ADC signèrent les Accords d’Alger pour la restauration de la paix et du développement dans la région de Kidal.
L’enjeu immédiat est de gagner des cœurs et des esprits, car, la victoire de Kidal a un impact psychologique non seulement sur les forces armées maliennes, mais également sur les insurgés qui ont perdu et dont le moral est à priori bas.
Mais, dans ce type de guerre, le succès militaire ne suffit plus pour gagner une bataille. Et dans cette bataille, l’enjeu premier, c’est la sécurité, parce que très souvent, pour les populations, la sécurité, occupe le sommet de la hiérarchie des besoins. Aujourd’hui, avec la désintégration du Mali et du Niger, comme l’Algérie s’inquiète de voir l’État islamique pousser vers le nord, elle surveille donc attentivement ce qui se passe sur son glacis méridional, à savoir l’espace touareg.
Et au-delà de tout ce qui précède, c’est dans le cadre large des boulerversements géopolitiques et géostratégique que connait le monde qu’il faut lire ce qui se passe en Afrique de l’ouest et plus précisement dans les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Les pays de l’Alliance Liptako Gourma viennent de marquer un point très important, les rebelles ayant reconnu leur défaite même s’ils parlent d’un répli stratégique. Mais le plus dur est à venir. Le Mali doit s’attendre dans les prochains mois à une vague de nouvelles attaques des rebelles dont les soutiens n’ont pas dit leur dernier mot.
L’Algérie qui partage une importante frontière commune avec le Mali et le Niger peut jouer un rôle capital dans la stabilisation de la région.
Dans l’air du temps, il y a comme un relent de reprise de l’ancienne guerre froide qui opposerait cette fois d’un côté, la Fédération de Russie, la Chine et les pays de ce que l’on nomme le Sud global, et de l’autre le bloc occidental dont le chef de file est les USA. Sa caractéristique principale n’est plus une redistribution des cartes qui profiteraient à un impérialisme, mais un rebattage des cartes dont tous les pays tireraient profit y compris les pays Africains.
La rédaction
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