Par Joël TCHASSOM
Pour le Sillon panafricain
Introduction
L’Afrique, continent riche en ressources naturelles et en potentiel humain, est confrontée à des défis économiques et géopolitiques de plus en plus complexes. La mondialisation, la concurrence économique accrue et les interventions géopolitiques des puissances étrangères ont créé un environnement dans lequel les pays africains doivent lutter pour préserver leur souveraineté économique et politique.
Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire, pays situé dans la région ouest-africaine, offre un exemple intéressant de la manière dont les pays africains peuvent relever les défis économiques et géopolitiques. La présence économique libanaise en Côte d’Ivoire, qui remonte à plusieurs décennies, est un exemple de la manière dont les investissements étrangers peuvent avoir un impact significatif sur l’économie d’un pays africain.
Cependant, cette présence économique étrangère soulève également des questions importantes sur la souveraineté économique et politique de la Côte d’Ivoire. Comment les pays africains peuvent-ils protéger leur souveraineté économique et politique face aux investissements étrangers et aux interventions géopolitiques ? Comment peuvent-ils promouvoir le panafricanisme et la coopération économique et politique entre les pays africains pour relever les défis économiques et géopolitiques ?
Cet article se propose d’examiner ces questions en analysant la présence économique libanaise en Côte d’Ivoire et les défis que cela pose pour la souveraineté économique et politique du pays. Nous examinerons également les implications de cette présence économique étrangère pour le panafricanisme et la coopération économique et politique entre les pays africains. »
Partie 1 : La présence économique libanaise en Côte d’Ivoire
La présence économique libanaise en Côte d’Ivoire est une réalité qui remonte à plusieurs décennies. Les Libanais ont investi dans divers secteurs tels que le commerce, l’industrie, l’immobilier et l’agriculture. Selon la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire (CCILCI), les Libanais contrôleraient environ 40% de l’économie globale ivoirienne, dont :
– 80% du parc immobilier privé, avec des entreprises telles que la Société ivoirienne d’immobilier (SII) et la Compagnie ivoirienne de promotion immobilière (CIPIM)
– 60% du commerce, avec des entreprises telles que la Société ivoirienne de commerce (SIC) et la Compagnie ivoirienne de négoce (CIN)
– 90% de la distribution de détail, avec des entreprises telles que la Société ivoirienne de distribution (SID) et la Compagnie ivoirienne de commerce de détail (CICD)
– 60% de l’industrie, avec des entreprises telles que la Société ivoirienne d’industrie (SII) et la Compagnie ivoirienne de production industrielle (CPI)
Les Libanais ont également créé des emplois et investi dans l’économie ivoirienne. Selon le président ivoirien Alassane Ouattara, la communauté libanaise a créé près de 300 000 emplois officiels et contribue à hauteur de 15% des recettes fiscales de l’État ivoirien.
Cependant, la présence économique libanaise en Côte d’Ivoire soulève également des inconvénients tels que :
– La dépendance économique : la Côte d’Ivoire est très dépendante des investissements étrangers, notamment libanais, pour son développement économique.
– L’exploitation des ressources : les entreprises libanaises ont été accusées d’exploiter les ressources naturelles de la Côte d’Ivoire, notamment les ressources minières et forestières.
– Le sentiment d’impunité sociale et judiciaire : certains Libanais ont été accusés de fraude et de corruption, mais ont rarement été poursuivis ou condamnés.
– Le relatif contrôle partiel de l’appareil d’État et des acteurs politiques : les Libanais ont des relations étroites avec les élites politiques et économiques ivoiriennes, ce qui leur permet d’influencer les décisions politiques et économiques.
Il est important de noter que la présence économique libanaise en Côte d’Ivoire est complexe et multifacette, et qu’il est nécessaire de prendre en compte les différents aspects de cette présence pour comprendre son impact sur l’économie ivoirienne.
Partie 2 : Les défis de la souveraineté économique en Côte d’Ivoire
Les défis de la souveraineté économique en Côte d’Ivoire sont multiples et complexes. La présence économique libanaise, ainsi que celle d’autres pays étrangers, pose des risques importants pour la souveraineté économique de la Côte d’Ivoire.
Dépendance économique :
La Côte d’Ivoire est très dépendante des investissements étrangers, notamment libanais, pour son développement économique. Selon la Banque mondiale, les investissements étrangers directs (IED) représentent environ 40% du PIB de la Côte d’Ivoire. Cela signifie que la Côte d’Ivoire est très vulnérable aux fluctuations des marchés financiers internationaux et aux décisions des investisseurs étrangers.
Exploitation des ressources :
Les entreprises étrangères, notamment libanaises, ont été accusées d’exploiter les ressources naturelles de la Côte d’Ivoire, notamment les ressources minières et forestières. Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), la Côte d’Ivoire a perdu environ 10 milliards de dollars entre 2000 et 2015 en raison de la mauvaise gestion des ressources naturelles.
Concurrence avec les entreprises étrangères :
La présence économique libanaise en Côte d’Ivoire est loin d’être la seule. D’autres pays étrangers, tels que la France, les États-Unis, la Chine et le Japon, ont également des intérêts économiques importants en Côte d’Ivoire. Selon un rapport de la Banque mondiale, les investissements étrangers directs (IED) en Côte d’Ivoire proviennent principalement des pays suivants :
- France : 25%
- Liban : 20%
- États-Unis : 15%
- Chine : 10%
- Japon : 5%
Cela signifie que la Côte d’Ivoire est très vulnérable aux décisions des investisseurs étrangers et aux fluctuations des marchés financiers internationaux.
Impact de la présence économique libanaise sur la souveraineté économique de la Côte d’Ivoire :
La présence économique libanaise en Côte d’Ivoire comme toutes les autres présences, pose des risques importants pour la souveraineté économique de la Côte d’Ivoire. Les risques principaux sont les suivants :
– Perte de contrôle sur les ressources et les secteurs économiques stratégiques : la présence économique libanaise en Côte d’Ivoire peut entraîner une perte de contrôle sur les ressources et les secteurs économiques stratégiques, tels que les ressources minières et forestières.
– Liberté de manœuvre diplomatique : la présence économique libanaise en Côte d’Ivoire peut également entraîner une perte de liberté de manœuvre diplomatique pour la Côte d’Ivoire, car les décisions économiques et politiques peuvent être influencées par les intérêts des investisseurs étrangers.
– Nécessité d’un positionnement géopolitique axé sur une approche paradigmatique exclusivement panafricaniste : la présence économique libanaise en Côte d’Ivoire soulève des questions importantes sur la nécessité pour la Côte d’Ivoire de développer un positionnement géopolitique axé sur une approche paradigmatique exclusivement panafricaniste, qui donne la priorité aux intérêts économiques et politiques de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général.
Le panafricanisme est un mouvement politique et économique qui vise à promouvoir la coopération et l’unité entre les pays africains. Dans le contexte des défis économiques et géopolitiques auxquels l’Afrique est confrontée, le panafricanisme est considéré comme une réponse pertinente pour promouvoir la souveraineté économique et la stabilité politique en Afrique.
Présentation du panafricanisme comme une réponse aux défis économiques et géopolitiques :
Le panafricanisme est basé sur l’idée que les pays africains doivent travailler ensemble pour relever les défis économiques et géopolitiques auxquels ils sont confrontés. Cela implique la promotion de la coopération économique et politique entre les pays africains, ainsi que la création d’institutions et de mécanismes pour renforcer la coopération et l’unité africaines.
Analyse de l’impact du panafricanisme sur la souveraineté économique et la stabilité politique en Afrique :
Les avantages du panafricanisme pour la souveraineté économique et la stabilité politique en Afrique sont nombreux :
– Renforcement de la coopération économique et politique : le panafricanisme permet aux pays africains de travailler ensemble pour relever les défis économiques et géopolitiques, ce qui renforce la coopération économique et politique entre les pays africains.
– Promotion de la stabilité politique : le panafricanisme peut contribuer à promouvoir la stabilité politique en Afrique en renforçant la coopération et l’unité entre les pays africains.
– Développement économique : le panafricanisme peut contribuer au développement économique de l’Afrique en promouvant la coopération économique et la création d’institutions et de mécanismes pour renforcer la coopération et l’unité africaines.
Cependant, le panafricanisme a également ses défiss :
– Les défis de la mise en œuvre : la mise en œuvre du panafricanisme peut être difficile en raison des différences culturelles, économiques et politiques entre les pays Africains émancipés et d’autres qui croulent encore sous la dépendance vis a vis des puissances externe.
– Les risques de conflits entre les pays africains : le panafricanisme peut également présenter des risques de conflits entre les pays africains, en particulier si les intérêts économiques et politiques des pays africains sont en conflit avec ceux des puissances qui exploitent les ressources dans nos pays Africains..
En conclusion, le panafricanisme est une réponse pertinente aux défis économiques et géopolitiques auxquels l’Afrique est confrontée. Cependant, la mise en œuvre du panafricanisme présente des défis et des risques qui doivent être pris en compte pour garantir la réussite de ce mouvement.
Conclusion
La réflexion sur les implications des résultats pour la souveraineté économique en Afrique nécessite une analyse approfondie des défis et des opportunités qui se présentent. La coopérative Anou au Maroc offre un exemple concret de la manière dont les communautés africaines peuvent prendre le contrôle de leur économie et promouvoir la souveraineté économique ¹.
Les principaux défis auxquels l’Afrique est confrontée pour atteindre la souveraineté économique incluent :
– La dépendance économique : l’Afrique est encore très dépendante des investissements étrangers et des aides internationales.
– L’exploitation des ressources : les ressources naturelles de l’Afrique sont souvent exploitées par des entreprises étrangères, ce qui entraîne une perte de valeur ajoutée pour les communautés africaines.
– La concurrence avec les entreprises étrangères : les entreprises étrangères ont souvent un avantage concurrentiel sur les entreprises africaines, ce qui rend difficile pour les entreprises africaines de se développer et de concurrencer sur les marchés internationaux.
Cependant, il existe des opportunités pour que l’Afrique prenne le contrôle de son économie et promeuve la souveraineté économique. Les exemples incluent :
– La promotion de la coopération économique régionale: la coopération économique régionale peut aider à renforcer les économies africaines et à promouvoir la souveraineté économique.
– Le développement des entreprises africaines : le développement des entreprises africaines peut aider à créer des emplois et à promouvoir la croissance économique en Afrique.
– La promotion de l’investissement africain : la promotion de l’investissement africain peut aider à renforcer les économies africaines et à promouvoir la souveraineté économique.
En conclusion, la souveraineté économique en Afrique nécessite une approche globale qui prend en compte les défis et les opportunités qui se présentent. La promotion de la coopération économique régionale, le développement des entreprises africaines et la promotion de l’investissement africain sont autant d’opportunités pour que l’Afrique prenne le contrôle de son économie et promeuve la souveraineté économique.