Le chef du gouvernement tchadien de la transition, monsieur Saleh KEBZABO, a rencontré à N’Djamena ce 24 Juin tous le corps diplomatique et les partenaires techniques et financiers, pour les informer des répercussions des afflux massifs des réfugiés en provenance des pays voisins du Tchad, notamment le Soudan, la RCA, le Cameroun et le Nigeria.
Le Tchad a connu des conflits armés mettant à rude épreuve sa sécurité et sa cohésion socioéconomique et politique. Sa stabilité peu à peu retrouvée ces dernières années, fait de nouveau face à une crise. Il s’agit, cette fois-ci, d’une crise migratoire sans précédent causée par la venue par dizaines de milliers, de réfugiés provoquant notamment des déplacements internes parmi les populations.
Pour rappel, au Nord-ouest, le Tchad compte plusieurs milliers de déplacés et des réfugiés fuyant les exactions de la nébuleuse Boko-Haram.
Au sud, la crise politique en République Centrafricaine, particulièrement celle de 2013, a entrainé l’enregistrement massif de réfugiés installés dans différents sites sur le territoire tchadien
A l’ouest, à la suite d’un conflit intercommunautaire, des réfugiés Camerounais sont accueillis depuis plus d’un an aux côtés des populations du Tchad.
A l’est, le Tchad accueille, en ce moment, plus de quatre cent mille (400.000) réfugiés soudanais. S’ajoute à ce chiffre sous-évalué, le nombre massif des déplacés internes dont les terres arables et les sites sûrs de pâturage se retrouvent occupés ou menacés d’occupation. C’est pourquoi le Premier ministre Saleh Kebzabo déclare que « le gouvernement de la République du Tchad est très préoccupé par la situation politique qui prévaut depuis quelques mois au Soudan dont les répercussions frappent notre pays de plein fouet ».
Des milliers de soudanais ont perdu leurs vies et leurs biens tandis que des milliers d’autres sont poussés à trouver refuge ailleurs. Des dizaines de milliers d’autres sont pris au piège à l’intérieur du pays et craignent pour leurs vies. Ces victimes civiles innocentes vivent un véritable drame aux conséquences incommensurables pour le Soudan.
Face à cette crise sans précèdent, « dès le 15 Avril 2023, le gouvernement tchadien a mis en place un comité interministériel sur la crise au Soudan. Une cellule de veille a été mise en place le 16 Avril 2023 au sein du ministère des Affaires Etrangères, des Tchadiens de l’Etranger et de la Coopération Internationale, aux fins d’assurer le suivi avec notre Ambassade à Khartoum et le comité de crise », informe Kebzabo.
Par ailleurs, le Tchad a pris la décision de rapatrier les ressortissants tchadiens vivant à Khartoum. Des dispositions ont été prises pour leur acheminement par voie terrestre de Khartoum à Port Soudan, et un pont aérien a été aussitôt établi entre Port Soudan et N’Djaména, qui a permis d’effectuer dix rotations d’avions affrétés. Ainsi, « à la date du 17 mai 2023 nous avons enregistré mille deux cent trente-huit (1238) ressortissants Tchadiens, cent vingt-deux (122) Centrafricains et quarante-cinq Nigériens (45) ramenés au Tchad et à Bangui grâce à la flotte aérienne et terrestre, ainsi que l’autorisation d’atterrissage des avions transportant le personnel des agences des Nations Unies et les humanitaires par le couloir humanitaire », rappelle le chef du gouvernement tchadiens devant ces hôtes. Il convient de relever que des milliers de Soudanais fuient la région du Darfour où le conflit s’étend pour trouver refuge au Tchad.
Les provinces de l’Ennedi-est, du Ouaddaï, du Dar Sila et du Wadi Fira, sont en ce moment submergées par les réfugiés soudanais. Le gouvernement de la République du Tchad ayant mesuré avec préoccupation la gravité de la situation au niveau humanitaire, avait alerté les partenaires financiers, les agences humanitaires et le groupe des amis du Tchad aux fins d’anticiper la gestion des réfugiés.
Malheureusement estime le Premier ministre, la mobilisation de la communauté internationale face au drame humanitaire et à la détresse que vivent les réfugiés soudanais n’est pas à la hauteur de la mobilisation observée sous d’autres cieux, laissant le Tchad faire face seul à l’accueil des réfugiés en épuisant au maximum ses ressources propres.
Devenu un carrefour ou un refuge en pareille situation, le Tchad s’expose de plus en plus à des crises internes liées à la rareté de ses ressources, qui pourraient mettre à mal ses engagements politiques en cette période de transition où les attentes sont très nombreuses.
De ce qui précède, le gouvernement de la République du Tchad, sollicite urgemment l’appui et l’assistance technique et financière massive des pays et organisations. « Il est plus qu’urgent qu’une conférence internationale ou une table ronde sur la mobilisation des fonds pour aider le Tchad à faire face aux multiples défis liés à la gestion des réfugiés en cette période de début des pluies soit convoquée ».
Ces fonds, appui ou aide permettront la prise en charge psycho-sociale, alimentaire, sanitaire, éducative, d’installation ou hébergement, conclut-il.
Le Sillon Panafricain salue l’attitude des dirigeants tchadiens qui face à cette pression migratoire a une vision panafricaniste en accueillant tous leurs frères en errance. Certains de nos pays en pareille circonstances auraient tendance à fermer leurs frontières.
Le Sillon Panafricain souhaite accompagner ce bras tendu au monde entier en quête de moyens pour faire face à cette crise humanitaire. Il rappelle néanmoins que ce qu’on appelle « Communauté Internationale », préfère laisser les pays du continent à l’agonie ; ce qui leur permet ensuite de capitaliser pour leurs seuls intérêts leurs interventions.
Le Sillon Panafricain propose au Tchad face à une telle situation de privilégier voire de susciter la mise en place d’une solution interafricaine dont bénéficierait tout pays en pareille circonstance.
Le Sillon Panafricain fait enfin appel à tous les africains et notamment aux mécènes pour qu’en pareille circonstance soit organisée de manière spontanée une collecte de fonds. Tout en nous assurant que ces fonds iront bien aux victimes, nous apporterons notre modeste contribution à la mise en place d’un outil de collecte.
Jean-Philippe BELEDE
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