Il y a une déstabilisation programmée au Tchad qui ne dit pas son nom, mais que confirment les deux faits suivants : un, l’assassinat du patron des renseignements généraux et de son fils ; et deux, dans la nuit du 27 au 28 octobre 2024, un groupe djihadiste « Boko Haram » qui tue près de 40 militaires près des frontières avec le Cameroun et le Nigéria.
Dégouté par ce massacre au sein des forces armées tchadiennes, le Tchad menace de se retirer des forces multilatérales mixtes (Benin, Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad) au sein duquel le Nigeria par exemple n’a pas su jouer son rôle et de faire appel à l’aide internationale ?
Malin qui pourra dire clairement ce qu’il adviendra dans ce pays à moyen et à long terme. Nous citerons pêle-mêle le clair flou politique et sécuritaire qui sévit à N’Djamena :
Qui a assassiné le patron des renseignements généraux et son fils ? Comment de simples rebelles peuvent-ils intervenir au sein d’un camp militaire et assassiner une quarantaine de soldats sans être inquiétés ? Cette attaque se situe-t ’elle dans la droite ligne de l’assassinat du patron des renseignements généraux ? Que font autant de bases militaires au Tchad si le président Mahamat Kaka Deby et ses collaborateurs ne peuvent avoir de bonnes informations pour assurer la sécurité des citoyens tchadiens ? Le président Mahamat Kaka Deby ne risque-t-il pas de tomber dans le même piège que son défunt père (paix à son âme) en se décidant d’aller au front ? Qui arme ces terroristes ? Voilà autant de questions qui nous taraudent l’esprit en ce moment où le Tchad traverse une situation très difficile.
Peut-on être en sécurité avec autant de forces armées aux intérêts non avoués sur son territoire ? Nous en doutons. Nouvellement élu le président Mahamat Kaka Deby fort de l’expérience qu’il a acquise auprès de son défunt père souhaite faire du Tchad, un pays où il fait bon vivre. Mais les appétits des forces tapies dans l’ombre tant sur plan national et/ou international ne semblent pas lui laisser de marge de manœuvre. Au lieu de penser ou concevoir les outils permettant d’améliorer la vie de ses compatriotes ; il se trouve obligé de descendre lui – même dans une arène qui semble être un piège bien ficelé. Les ressources de l’Etat seront prioritairement affectées à la défense, laissant sans voix tous ces jeunes qui voient en lui celui qui pourrait mettre fin à cette situation d’insécurité physique et alimentaire que subit le Tchad depuis des décennies malgré ses richesses naturelles.
Le président Mahamat Déby a ordonné une contre-mission pour retrouver les coupables, selon un communiqué de la présidence tchadienne.
L’attaque s’est produite sur une île appelée Barkaram, dans une vaste région marécageuse.
Elle était autrefois recouverte par les eaux du lac Tchad avant qu’il ne se réduise de façon spectaculaire au cours des dernières décennies.
Des résidents locaux ont déclaré qu’ils pensaient que des combattants de Boko Haram étaient à l’origine de cette dernière attaque.
Il s’agit d’un groupe militant islamiste basé de l’autre côté de la frontière au Nigéria.
Les habitants ont déclaré qu’au moins 200 soldats étaient stationnés dans la garnison à ce moment.
Les assaillants ont eu le temps de s’emparer de munitions et d’équipements avant de partir.
C’est un coup dur pour le président Déby, qui est un soldat d’élite de formation, et le fils de l’ancien président. Ce dernier a été tué il y a trois ans dans une bataille avec des rebelles près de la frontière libyenne.
Dans ses communications publiques, la présidence tchadienne a présenté M. Déby comme un dirigeant pragmatique doté d’un sens militaire.
Il s’est rendu sur le site de l’attaque tôt lundi, « évaluant la situation sur le terrain, rendant hommage aux soldats décédés, montrant sa compassion aux blessés et remontant le moral de ses frères d’armes ».
Le bassin du lac Tchad est bordé par le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria.
Ces pays font tous partie d’une force multinationale mixte visant à éradiquer les groupes armés opérant dans la région.
Mais, les islamistes « se regroupent souvent lorsque les troupes se retirent », et un meilleur financement et une meilleure planification sont nécessaires, selon l’International Crisis Group.
Ces dernières années, plusieurs coups d’État ont eu lieu dans la région, au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Dans chacun de ces pays, les militaires ont invoqué l’incapacité à faire face à la menace des militants islamistes comme l’une des raisons de l’éviction des gouvernements civils.
L’analyste Paul Melly écrit que, entouré de tant de crises régionales, le Tchad se distingue comme un îlot de partenariat stable et continu avec l’Occident – et approfondit maintenant ses relations avec la Russie dans un stratagème qui irrite et fait pression sur la France et les États-Unis.
Le Tchad serait également devenu un canal clé pour l’acheminement d’armes vers le Soudan, bien qu’il le nie, et accueille un grand nombre de réfugiés de la guerre civile soudanaise dans des camps situés près de sa frontière orientale.
Les soldats tchadiens sont fréquemment ciblés par les attaques de Boko Haram dans la région du Lac Tchad (ouest).
C’est une vaste étendue d’eau et de marécage parsemée d’îlots qui abrite les combattants du groupe jihadiste ou de sa branche dissidente, l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, selon l’acronyme en anglais).
En mars 2020, les combattants jihadistes avaient mené une offensive sanglante sur une importante base tchadienne sur la presqu’île de Bohoma, faisant une centaine morts, les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l’armée tchadienne.
En réponse, le pouvoir avait déclenché « la colère de Bohoma » une vaste opération menée par le chef de l’Etat, le maréchal Idriss Deby Itno, père de l’actuel président.
Cette nouvelle attaque et sa contre-offensive surviennent alors que le chef de l’Etat vient de restructurer les forces armées avec une série de limogeages et de nominations.
Pour analyser cet assaut, Remadji Hoinathy, chercheur principal, Afrique centrale et bassin du lac Tchad, ISS, rappelle que nous sommes dans une guerre asymétrique.
Et dans ce type de guerre, « la partie militairement la plus faible est tentée de recourir à des méthodes de guerre illicites pour contrer la puissance de l’adversaire », explique Dr. Toni Pfanner, ancien rédacteur en chef de la Revue internationale de la Croix-Rouge.
C’est dans cette logique que « Boko Haram a essayé, autant que faire se peut, de commettre des actions de cette envergure dans l’ensemble des trois pays (Tchad, Cameroun, Nigéria) et de manière plus régulière », analyse Remadji Hoinathy.
Pour lui, cette nouvelle attaque de Boko Haram répond à plusieurs objectifs : « la continuité de son action qui est de porter le feu contre les armées qui se battent contre elles ».
C’est également une sorte de propagande pour réaffirmer ses capacités militaires.
En effet, Boko Haram voudrait prouver qu’il n’est pas affaiblit après les dernières offensives antiterroristes menées par les pays du Bassin du Lac Tchad.
L’Opération Lake Sanity est une mission militaire menée par la Force multinationale mixte (FMM), constituée des armées des pays du Bassin du Lac Tchad. Sa principale mission est de lutter contre le terrorisme dans cette région.
Après sa première phase de mars à juin 2022, « la FMM a lancé une seconde phase en avril 2024 avec des contingents du Cameroun, du Tchad et du Nigeria ». L’opération devait neutraliser les bases éloignées et les repaires de Boko Haram sur les îles selon Remadji Hoinathy et Célestin Delanga de l’ISS.
Le président Mahamat Idriss Deby Itno qui s’est rendu sur place, « a donné le coup d’envoi de l’opération Haskanite pour poursuivre et traquer les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements », a annoncé la présidence tchadienne dans un communiqué publié lundi.
« Nous avons beaucoup de pertes, certes, mais la situation est sous contrôle et nos forces sont sur place à la poursuite de l’ennemi », a déclaré à l’AFP le gouverneur de la région du Lac, le général Saleh Haggar Tidjani
Pour atteindre cet objectif, une stratégie systématique et globale de sécurisation des zones périphériques est nécessaire selon les chercheurs. Remadji Hoinathy et Célestin Delanga préconisent que les forces combinées des pays du bassin du lac Tchad entreprennent des opérations régulières afin d’empêcher Boko Haram d’y déployer de nouveau ses combattants.
Le cri de détresse et la menace du président Mahamat Kaka Deby de quitter la force mixte multilatérale vient confirmer une fois de plus ici que seule une mutualisation des forces peut nous aider à tenir bon.
A condition que chacun joue pleinement son rôle.
Le nouveau complot de déstabilisation ou de la recolonisation de l’Afrique passe-t-il par le Tchad ?
La déstabilisation du Tchad permettra aux forces occultes d’avoir une emprise nette sur le Cameroun, le Niger et le Nigeria.
Pour éviter cela, chacun de ces trois pays et notamment le Nigeria se doit de jouer parfaitement son rôle aux frontières.
Nous déconseillons fortement au président Mahamat Kaka Deby de continuer à se rendre au front. La jeunesse africaine a besoin de lui, car elle estime qu’il a beaucoup appris de son feu père et peut jouer un rôle capital dans la sous-région. Continuer à le faire ce serait tomber dans un piège qui se prépare et peut se refermer sur lui. Il devrait plutôt faire un nettoyage des différentes forces armées qui jonchent son pays sans pouvoir lui apporter une quelconque aide.
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