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TCHAD/ TENSION POLITIQUE DE LA SEMAINE

Des tirs nourris ont déclenché dans la capitale tchadienne, N’Djamena, Mercredi midi à la suite d’une attaque meurtrière contre le siège de l’Agence nationale de sécurité à la veille.

Plusieurs personnes ont été tuées dans l’attaque, selon le gouvernement, qui accuse un parti d’opposition.

Ces événements ont survenu quelques heures après l’annonce de l’organisation d’élections présidentielles au Tchad le 6 mai.

« Toute personne cherchant à perturber le processus démocratique en cours dans le pays sera poursuivie et traduite en justice », a déclaré le gouvernement mercredi dans un communiqué de presse. Le gouvernement a indiqué que des membres du Parti socialiste sans frontières (PSF), parti d’opposition, ont été arrêtés dans le cadre de l’attaque contre l’Agence nationale de sécurité (ANSE) et qu’ils seront poursuivis en justice.

Le ministre de la Communication, Abderaman Koulamallah, a déclaré que l’attaque avait été menée par le chef du PSF, Yaya Dillo lui-même.

Le président Deby a promis de ramener le pays à un régime civil, mais il a retardé l’échéance de plus de deux ans.

L’élection présidentielle annoncée pour le mois de Mai est censée marquer la fin de la transition politique.

Le Mouvement patriotique du salut (MPS) a désigné le président Déby comme son candidat pour les prochaines élections, mais il n’a pas encore déclaré ouvertement s’il se présenterait.

La France, ancienne puissance coloniale, soutient M. Déby depuis le début de la transition, ce qui a suscité des froncements de sourcils tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. La France a actuellement environ 1 000 soldats au Tchad pour combattre les groupes djihadistes en Afrique de l’Ouest.

L’opposition estime que la commission électorale est loin d’être neutre et craint une prolongation de la dynastie Déby.

L’opposant tchadien a été tué dans les événements survenus mercredi à N’Djamena, Selon le procureur Oumar Mahamat Kedelaye. Yaya Dillo a été tué lors d’un échange de tirs avec les forces de sécurité.

Dans un message publié sur Facebook mercredi matin, Yaya Dillo a déclaré que les militaires étaient venus le chercher au siège de son parti.

Le gouvernement a également déclaré que le PSF était impliqué dans une récente « tentative d’assassinat » du président de la Cour suprême.

M. Dillo a nié tout lien avec cette attaque, qu’il a qualifiée de « mise en scène » .

M. Dillo est un opposant virulent au président Mahamat Déby, dont il est également le cousin. M. Déby est arrivé au pouvoir en 2021 après que son père ait été tué par les rebelles après trois décennies au pouvoir.

 
Selon le procureur, vingt-six personnes ont été arrêtées mercredi et des enquêtes sont en cours pour déterminer les raisons et les circonstances exactes de cet événement tragique. Cette annonce a été faite au cours d’une conférence animée par M. Oumar Kedellaye, procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de N’Djamena.
La destruction du siège du PSF est un événement marquant dans l’histoire politique récente du Tchad. Le parti dirigé par feu Yaya Dillo était connu pour ses positions critiques envers le gouvernement en place et ses actions visant à promouvoir un changement démocratique dans le pays.

QUI EST YAYA DILLO DJEROU BETI

Car il était issu du même clan familial Déby et de la même ethnie Zaghawa qui gouverne le Tchad depuis 33 ans.

Ex-rebelle armé devenu ministre puis opposant politique, il était le neveu du défunt maréchal Idriss Déby Itno, qui régna d’une main de fer sur ce vaste pays sahélien 30 années durant, jusqu’à sa mort le 19 avril 2021, sous les balles d’une énième rébellion alors qu’il se rendait au front.

Il était donc le cousin de Mahamat Déby, jeune général proclamé par l’armée président de transition, à 37 ans, à la tête d’une junte de 15 généraux, le lendemain du décès de son maréchal de père.

Né il y a 49 ans dans la même province désertique de l’Ennedi Est que son célèbre oncle, Yaya Dillo appartenait au clan familial mais surtout à cette ethnie des Zaghawa, très minoritaire dans le pays mais qui monopolise les rouages essentiels de l’Etat et de la toute puissante armée depuis l’arrivée au pouvoir en 1990 d’Idriss Déby, à la suite d’un coup d’Etat.

C’est cette appartenance qui semblait inquiéter le plus son cousin Mahamat ces derniers temps, à mesure que se fissurait ostensiblement le clan familial et l’appareil militaire et d’Etat Zaghawa. De sorte que bruissait chaque jour un peu plus la rumeur d’un possible coup d’Etat menée par une frange d’officiers et caciques, autant par hostilité à Mahamat que par fidélité à Yaya.

Ce dernier a alterné les allégeances au gré des multiples rébellions qui ont jalonné la présidence d’Idriss Déby.

Diplômé de l’université d’Ottawa en télécommunications et management, Yaya Dillo avait fondé en 2005 le Socle pour le Changement, l’Unité et la Démocratie (SCUD) à la tête duquel il va être l’un des piliers de la rébellion armée Zaghawa contre Idriss Déby aux côtés d’autres, dont les jumeaux Timan et Tom Erdimi, eux-mêmes neveux d’Idriss Déby…

Mais il abandonne la lutte armée en 2008 pour rallier son oncle qui en fait son ministre des Mines puis conseiller à la présidence notamment. Il paiera ensuite très cher, en perdant des proches et sa propre vie, en devenant à nouveau réfractaire aux pouvoirs des Déby père puis fils, un rival politique à écarter à tout prix des urnes.

Car trois ans jour pour jour avant sa mort, un assaut par l’armée de sa résidence et siège de son parti très similaire à celui de mercredi, a tué sa mère et l’un de ses fils.

A deux mois de la présidentielle d’avril 2021 (comme en 2024) il accusait son oncle de vouloir l’écarter de la course à la présidence. Il s’était attaqué à un tabou, accusant publiquement la Première dame et jeune épouse d’Idriss Déby de détourner massivement des fonds publics.

C’est pour qu’il réponde d’un chef de « diffamation » que l’armée donnait l’assaut qui fut fatal à sa mère et son fils. Lui parvenait à s’échapper et fuir le pays avec, assurait-on déjà, l’aide d’officiers Zaghawas entre autres.

Et la Cour suprême invalidait dans la foulée sa candidature contre Déby père. Trois ans plus tard, à deux mois aussi de la présidentielle prévue le 6 mai 2024, le pouvoir de Mahamat Déby l’accusait d’être à l’initiative d’un complot visant à « assassiner » le président de cette même institution. Et déclenchait l’assaut contre le siège de son Parti socialiste sans frontière (PSF) qui lui a été fatal.

Jean-Philippe BELEDE
pour le sillon Panafricain

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