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A Bafoussam comme dans la plupart des villes du Cameroun, la rencontre de la ville avec l’art est depuis un certain temps un rêve qui peut-être ne se réalisera jamais. On dit que Bafoussam c’est la troisième ville du Cameroun et pourtant, voici presqu’une dizaine d’année qu’il n’y a pas eu de concert de musique dans cette ville jamais il n’y a eu de spectacle de danse contemporaine dans cette ville. Le public ne sait même pas ce qu’on appelle danse contemporaine. Il n’y a jamais eu dans cette ville où je vis une exposition d’artiste plasticien de renommé. A sept kilomètre dans la localité de Bandjoun, Barthélémy Toguo a construit un centre d’art qui fait parler de lui à l’international mais les autorités de bafoussam ne sont même pas au courant. 

Un désert où sur le plan artistique, rien ne se passe et ce n’est le souci de personne. La ville de Dschang à 48 km de Bafoussam reçoit au moins deux spectacles de théâtre l’an, au moins deux spectacles de danse l’an et parfois des expositions d’art plastique mais les autorités de Bafoussam restent muets et sourds à ce genre d’initiative. Ne dit-on pas souvent que l’art c’est l’âme d’une ville, ne dit-on pas souvent que les artistes sont ceux qui montrent par leur travail la sensibilité d’un peuple et d’une culture ?  Bafoussam est une ville sans âme. Nous sommes au centre d’une tradition qui a pendant des millénaire considéré l’art comme facultatif pour l’essor de la société. L’évolution n’a rien changé à cette façon profane de penser et pourtant, vous verrez chez tous les autorités de la ville, plusieurs tableaux des peintres cotés à côté de ceux des peintres profanes. Vous les verrez vous mettre la musique de Richard Bona ou de lokua Kanza, de Michael Jackson ou d’Etienne Mbappé pour meubler le temps. Dans leurs voitures ils écoutent à longueur de journée des musiciens qui sont invités à travers le monde. Mais l’esprit de partage manque à beaucoup. Ils ne s’imaginent pas en train de faire vivre à la ville cette sensation d’élévation qu’ils ont en écoutant les grands. Ils considèrent (je crois) leurs administrés comme des incultes, des ignorants et des analphabètes de la chose artistique. Les autorités de la ville de Dschang se sont battues pour avoir leur Musée des civilisations. Ce musée de civilisation a transformé la ville de Dschang. A Bafoussam on construit des marchés. Des parkings sont détruits pour construire des comptoirs. Tout est orienté vers le commerce comme si le commerce est la seule chose dont on a besoin pour être. La ville de Bafoussam est sinistre le soir, pas de Cabaret, pas de cinéma, pas de centre d’art, pas d’endroit tout court où on peut aller se distraire. Il n’y a que des bars où l’ivrognerie est au centre de toute conversation, où les musiques sont jouées sur des appareils inadaptés et à un décibel pour sourds et malentendants. Se distraire à Bafoussam c’est se soûler la gueule. Nous faisons la lecture de la poésie pour résister dans un petit restaurant ; et des spectacles de théâtre comme on peut mais nous n’y avons jamais depuis six ans, vu une autorité venir se rincer l’esprit. Le nouveau délégué de la culture qui reçoit par sms les infos sur les activités y est passé un dimanche à 23 heures soûl comme une abeille pour dire à la tenancière de ce restaurant que c’est lui le patron de la culture à l’ouest et que des restaurants comme ça doivent lui faire des recettes pour remplir sa caisse à la Délégation. C’est un scandale de penser qu’on ne peut même pas faire un truc gratuit pour un public qui se compte sur les doigts de la main sans être obligé de payer un impôt. Ce patron de la culture à Bafoussam se dissout aussi dans l’inertie légendaire des autorités de la ville capitale pour qui l’art et la culture se résume à quelques groupes de danses traditionnelles qu’on invite à quelques cérémonies pour faire du bruit pour un cachet réduit au farottage des autorités qui passent. N’a t-on pas entendu parler de Kribi-loisir-vacance ? une initiative louable du Maire de Kribi 1er qui met en résidence des artistes qui en retour encadrent les enfants de sa ville pendant un mois de vacances à l’art du dessin, au jeu de l’acteur, au chant, à la musique etc. les parents des enfants qui sont encadré ne payent rien et voient leurs enfants tout le long du mois de juillet être pris en charge par des professionnels. C’est le devoir d’un maire d’anticiper pour rendre service à sa population, pour penser à la formation et à l’éducation artistique de sa ville. A Bafoussam tout dort. On ne se rend pas compte que Pascale Martine Tayou a grandi à Bafoussam et fait le tour du monde invité par des villes ; que Barthélemy Toguo est né à Bandjoun et est mondialement connu pour son travail artistique ; que Kouokam Narcisse le grand humoriste est né à Bafoussam ; que serge olivier Fokoua qui réunit tous les deux ans les plasticiens du monde au festival des arts visuels de Yaoundé (RAVY) a passé tout son enfance à Bafoussam ; nous ne citerons pas Kouam Tawa qui vit à Bafousam et va de part le monde animé des ateliers d’écriture et apporter son expertise artistique à l’organisation des festivals. Ils sont nombreux qui font la fierté artistique du monde venus d’ici et Bafoussam les ignore, ne les invite  jamais, ne construit aucun projet intégrant l’art et la culture comme un autre facteur de développement. 

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