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Joel TCHASSOM
Pour le SillonPanafricain.net

Le Kamerun, un Etat constitué par la violence la plus extrême à une ère toute aussi violente consécutivement au plan historique, à la Première Guerre mondiale et sa consécration du génocide civilisationnel héritée des précurseurs monarchiques confessionnels occidentaux, orientaux et arabes. Le Kamerun, disais-je, comme plein de pays Africains a été contraint à la formation d’un Etat sous l’aspiration des Nations autres que celles sensées la constituer.

Les Nations Camerounaises aujourd’hui connues sous le principe de « communautés » vivent dans un Etat artificiel ayant subi un ensemble de transformations plus ou moins connues dont l’aboutissement est métaphoriquement la transformation du « Kamerun » en « Cameroun » avec son lot de contradictions toujours plus accentuées dans le temps, l’espace et les cœurs. Les communautés Camerounaises, plus de 240 ethnies, réparties en trois grands groupes (Bantous, Semi-Bantous, Soudanais) et correspond à 240 langues nationales; avant l’avènement du Kamerun, étaient des nations structurées et anthropologiquement identifiables avec des humanités classiques évidentes et dont des micros états qui se côtoyaient pour diverses raisons et se respectaient mutuellement ce qui était une forte richesse de cette mosaïque de peuples divers mais unis par des réalités communes anthropologiques, ethnologiques et historiques.

 « La fête de l’unité nationale au Cameroun, n’est que la fête de l’Etat unitaire acquise par la France auprès de l’Angleterre»

D’aventure, permettez-moi un rappel mémoriel, il me presse de faire un rappel mémoriel plutôt triste.

Un référendum a eu lieu au Cameroun le 21 février 1960 sur l’adoption d’une nouvelle constitution où Le « oui » l’emporte avec 60 % des suffrages exprimés. Laquelle constitution doit légitimer l’Etat nouvellement crée mais faussement constitué.

La Constitution en question est écrite par les conseillers français Jacques Rousseau et Paul Audat. Inspirée de celle de la Cinquième République française, elle en accentue quelque peu le caractère présidentialiste pour concentrer l’essentiel des pouvoirs entre les mains du futur président Ahmadou Ahidjo (nègre de salon d’occasion en ce temps-là), choisi par les autorités françaises pour diriger le nouvel État indépendant dont la méthode peut orthodoxe fut décriée par les nationalistes de l’UPC à qui d’ailleurs on a fait « lire l’heure ».

Le référendum intervient peu après l’indépendance de salon feutré du 1er janvier 1960. Le scrutin est un test pour l’Union nationale camerounaise d’Ahmadou Ahidjo, au pouvoir depuis deux ans et peu connue en dehors du Nord du pays.

Cette constitution est largement inspirée de la constitution française du 4 octobre 1982. Elle prévoit la mise en place d’un système présidentiel monocaméral. Vous remarquerez que les nations locales n’ont pas eu leurs mots à dire. Il fallait bien que l’élite politique de la Nation Française prenne en mains les intérêts de la France au dépend des « peuples libres ».

Le résultat de ce scrutin est représenté comme suis.

ChoixVotes%
Pour797 49860,03
Contre531 07539,97
Votes blancs/invalides9 605
Total1 338 178100

Yaoundé vote « non » à près de 90 %, Douala à 95 %. L’historien Jean-François Bayart indique que les résultats des régions du Nord furent « fabriqués » par l’administration française dès que ceux du Sud furent connus de celle-ci. Parfois de façon caricaturale, comme dans la région de Margui Wandala, où le « oui » atteint 99,5 %.

Comme vous l’aurez constaté, l’indépendance et la constitution du Cameroun sont fondamentalement une imposture à la fois au plan civilisationnel, social, humain et même historique.

Des familles et des communautés tribales se retrouvent ainsi séparés dans deux Etats virtuels fédéraux dont l’un est le garde-manger des anglais et l’autre celui des français. Les bases ainsi fixées, impliquent un développement dispendieux, inapproprié et scientifiquement suicidaire pour les peuples locaux condamnés à vivre sous un état artificiel où les germes de la division sont implantés par une ingénierie sociale savamment orchestrée pour capitaliser sur l’impossibilité d’une convergence des contradictions primaires demandée de haute lutte par les UPCISTES NATIONALISTES, afin d’empêcher l’urgence de la communauté d’intelligence pour qu’advienne une constitution consensuelle adossée sur la Naissance d’une Nation unie.

L’union nationale ; parlons-en …

Comme d’habitude, par désir de pédagogie et de méthodologie, laissez-moi vous inviter à un autre effort de mémoire.

Le 20 mai 1972 au Cameroun en vue de l’adoption d’une nouvelle constitution. Un referendum a été organisé au Cameroun.

Il a mis fin au système fédéral alors en place et a donné naissance à la République unie du Cameroun.

La proposition soumise à référendum est la suivante : « Approuvez-vous, dans le but de consolider l’unité nationale et d’accélérer le développement économique, social et culturel de la nation, le projet de constitution soumis au peuple camerounais par le président de la République fédérale du Cameroun et instituant une République, unie et indivisible, sous la dénomination de République unie du Cameroun ?

La constitution est officiellement adoptée le 2 juin 1972 par le décret 72-270 du président Ahmadou Ahidjo. Le 20 mai est fête nationale en hommage à ce référendum.

Connaissant les circonstances qui ont présidées à la création de l’Etat Camerounais et toutes les indélicatesses de la métropole coloniale dans les divers processus normatifs y afférents, il semble évident que ce deuxième référendum constitutionnel bénéficia des mêmes conditions pour les mêmes objectifs. La préservation des intérêts métropolitains géopolitiques et géostratégiques par la duplicité compradore des noirs à la peau blanche. Le colonialisme venait donc de tirer sa révérence face à la nouvelle doctrine géopolitique dominante françAfricaine : le Néocolonialisme.

Le néocolonialisme consistera et consiste à utiliser des noirs pour mater des noirs, les maintenant de force dans la « Caverne de Platon » au grand bonheur des intérêts stratégiques et géopolitiques « métropolitains » contre l’assurance du pouvoir et le monopole sur la gestion des petites ristournes laissées par l’occident et qu’on peut l’identifier sous l’expression « Budget du Cameroun ». C’est donc malheureusement pour un budget estimé aujourd’hui à 6 000 Milliards de francs des colonies françaises d’Afrique (une monnaie de singe, voire Nazi) que la Nation Camerounaise n’existe pas au sens profond et structurel du terme, c’est pour la même raison que nous constatons avec amertume que le 20 Mais au Cameroun, pays de UM NYOBE n’est qu’un égrégore énergivore, démagogue et infantilisant.

Car instauré contre les intérêts supérieurs des communautés Camerounaises sensées s’auto constituer après s’être mis d’accord pour porter des aspirations communes fortes de leurs coexistences séculaires et dont former un tissu homogène riche d’une mosaïque dont les singularités reflètent non seulement la diversité mais le dynamisme des peuples d’une Afrique fière et digne. Une Afrique en Miniature.

La conclusion est donc factuelle. Le 20 Mai au Cameroun est une célébration de la forfaiture autour de la création virtuelle de l’Etat Unitaire du Cameroun pour mieux contrôler les ressources des deux Cameroun sans qu’au préalable les communautés Camerounaises, loin d’avoir exorcisé les passifs historiques pluriels, ne se mettent d’accord pour un contrat social bénéfique à tous.

Il est donc fort à propos de laisser le 20 Mai à la petite clique aujoulatiste, élitiste et sectariste qui a fait main basse sur le budget du Cameroun et vit pour se le partager comme un gâteau d’anniversaire.

« LE FÉDÉRALISME COMMUNAUTAIRE » une solution ?

L’Hon Pdt Cabral Libii leader du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), parti politique placé 3ème  au Cameroun après les dernières élections législatives de 2020, a eu le courage de traiter le problème de fond en assumant toutes les conséquences sociales aujourd’hui observables dans la société Camerounaise. Notamment le repli identitaire, le tribalisme, l’ethno-fascisme, la corruption outrancière, la chute du modèle sociale, la menace de disparition de l’identité culturelle…

Des maux vous l’aurez constaté, tous tributaires des bases fixées dès le départ pour ménager le maintien au pouvoir des nègres de salons afin qu’à leurs tours ils aient les outils pour la perpétuation des intérêts néocoloniaux des métropoles.

L’honorable Pdt Cabral Libii nous parle de sa vision :

CE QUE J’AI VU

Présentation épurée de ma vision politique publiée au jour de mes 43 ans.
Le 29 mars 2023.
Cabral LIBII

Le Cameroun qui protège et qui libère les énergies, voilà ce que nous avons vu ! C’est la représentation exacte que notre esprit se fait de la mission assignée à l’Etat, c’est-à-dire la réponse aux attentes des gens. Le fédéralisme communautaire, ouvrage édité en 2021 avait déjà fait l’annonce de cette vision. Mais celle-ci a malheureusement dû faire face tout de suite, à la diversion et à la confusion que l’adversité politique lui avait inattendument réservée. Fort heureusement, elle a aussi donné lieu à un débat extraordinairement nourri qui a révélé la double nécessité de simplification et de clarification de notre vision.

L’État est une entité imagée, une personne morale. Mais c’est la clé de voûte de la vie en société. Et à ce titre, nous en faisons un compromis entre le peuple et lui-même. Par ce compromis, les citoyens, détenteurs de la souveraineté, conviennent de se confier à une superstructure, qu’ils placent au-dessus d’eux-mêmes avec des objectifs précis : les protéger et libérer leurs énergies. Ainsi, l’Etat juridiquement défini par les quatre (04) éléments qui le structurent traditionnellement que sont : un territoire, une population, un pouvoir et une souveraineté internationale, doit devenir un liant consensuel et inclusif, propre à la collectivité humaine camerounaise. Et c’est en cela seulement qu’il devient l’objet d’un contrat social correspondant à notre réalité.

Malheureusement, le contexte international d’accession à l’indépendance en 1959, ne fût guère favorable à un contrat social de ce type. L’urgence de se défaire du joug colonial ne laissait point de place à l’entreprise de détermination commune. Du reste, cela ne figurait nullement dans l’agenda des puissances impérialistes qui, contraintes par la force des choses d’accorder l’émancipation aux pays colonisés, n’envisageaient stratégiquement pas de mettre fin à leur domination. Ce brouillard des indépendances s’est dissipé sur un État guindé et hors-sol… Toutefois, les multiples crises étatiques engendrées par cet impair historique, couplées au remplacement progressif de la génération qui en assurait le « service d’entretien », offrent une opportunité historique que le peuple camerounais doit saisir par le truchement de l’alternance de fin de cycle politique, pour fixer les fondations d’un Etat en lequel il se reconnait. Cet ouvrage est une feuille de route.

L’affirmation de notre africanité comme préalable.

L’Etat du Cameroun doit fièrement incarner son africanité. Et le modèle social africain est séculairement collectiviste et porte une empreinte de durabilité. Nous sommes d’avis avec Moussa KONATE lorsqu’il affirme que « ce serait une grave erreur de soutenir que l’Afrique (…), telle qu’elle se présente aujourd’hui n’a rien à voir avec son projet initial. Les marques extérieures de la modernité, les velléités d’individualisme et une certaine évolution des mœurs ne doivent pas être prises pour des signes de transformation radicale du continent (…). La voiture dernier cri côtoie la charrette tirée par un âne ; la villa ultra luxueuse jouxte l’ancestrale case de terre ; le téléphone cellulaire n’a pas étouffé le tambour messager… » . Bien avant lui, Cheick ANTA DIOP affirmait que « si l’on envisage l’organisation de la famille africaine précoloniale, celle de l’Etat, les conceptions philosophiques et morales, etc., on constate une unité culturelle évidente, découlant d’une adaptation similaire aux mêmes conditions matérielles d’existence ».  L’identité africaine existe. Il est primordial pour nous d’en faire le socle de l’Etat refondé. Car, colonisé puis embarqué sans préavis dans la bourrasque « mcluhaniste  », le Cameroun comme beaucoup d’autres pays, fait les frais d’une aliénation culturelle, métaphysique, philosophique, scientifique, organisationnelle, technologique et même traditionnelle, qui sape petit-à-petit les fondements de son identité et prive les nouvelles générations de l’énergie vitale de leur glorieux héritage historique, anthropologique et civilisationnel. Il incombe à l’Etat de préserver et d’ériger les référents auxquels le peuple doit s’identifier pour se projeter. Sans cela, les énergies du Cameroun ne seront jamais libérées. Du coup avec quoi les Camerounais iront-ils au dialogue des cultures, au rendez-vous du donner et du recevoir civilisationnel ? De quoi seront-ils parés pour résister aux offensives culturelles et idéologiques des pays mieux préparés ? Qu’auront-ils à proposer au monde ?

L’affirmation  du nouveau paradigme de coopération.

En soulevant les questionnements ci-dessus, nous demeurons farouchement opposés à la vulgate fataliste et afro-pessimiste qui prône l’incapacité atavique des États postcoloniaux, réputés émasculés irrémédiablement par le colon. Ce postulat est même abêtissant dans la mesure où il inhibe l’intelligence proactive, confond paresseusement les époques et les acteurs des époques. Plus grave, il nourrit dans une forme subtile de diversion, la rancœur populaire tenace à l’endroit principalement des puissances colonisatrices, désignées comme causes de tous les malheurs. Cela participe insidieusement du déni de notre capacité intrinsèque à modeler par l’intelligence politique et économique, les rapports avec n’importe quel pays au monde. Le Cameroun doit avoir « les bras ouverts ». Notre pays doit aiguiser les intérêts étrangers, tous les étrangers. Le ressentiment politique, l’animosité extrémiste, la médiocrité conceptuelle et les jérémiades coloniales doivent progressivement s’effacer devant la respectabilité, l’attractivité, la proactivité et à la coopération gagnant-gagnant. La terre camerounaise, devenue creuset d’opportunités au regard des énergies libérées de son potentiel, devra fédérer les offres du monde. L’histoire a écrit ses pages. Il est temps que l’avenir écrive les siennes.

Il est toutefois indispensable de revisiter sans aménité notre histoire politique afin d’apurer un passif qui continue à héberger de tristes réminiscences. Tout comme, il est impératif de restaurer les mémoires des héros nationalistes et d’en faire des sources d’inspiration permanente pour les générations futures. Il est aussi indiqué d’élucider comment ces leaders ont été sacrifiés par les leurs, parfois si lâches, si veules, si vénaux, si opportunistes, si égoïstes…L’ouvrage de réconciliation qui s’impose au moment de la refondation de notre Etat, doit s’en charger sans complaisance.

Les États colonisateurs par le caractère séculaire des rapports qu’on entretient avec eux, demeurent des partenaires. Il nous appartient désormais de définir nous-mêmes nos intérêts dans nos relations avec eux, en sachant tirer le meilleur parti. Les sujets d’achoppement comme l’immigration doivent être abordés différemment. Il faut en effet substituer à l’immigration du désespoir, une immigration de rayonnement. Le Cameroun en se transformant en une terre d’espérance, guérira ses « enfants » de l’obsession de l’ailleurs. Dans cette veine, la question monétaire ne saurait être éludée. Le 26 décembre 1945 date d’institution du FRANC CFA et le 26 décembre 1959 date de signature des accords coloniaux militaires, sont deux moments qui résonnent encore dans nos mémoires comme des bornes de carcans historiques dont il faut poursuivre le déplacement avec méthode, concertation et clairvoyance afin de créer un cadre optimal de déploiement de nos énergies restées longtemps en veille. La souveraineté n’est pas discutable, mais la monnaie est objet de discussion entre Etats souverains, puisqu’en tout état de cause, qu’il s’agisse in fine d’une monnaie propre ou d’une monnaie partagée, il faudra à la base un accord monétaire. Aussi, notre monnaie doit-elle porter le nom que nous lui donnons et refléter la valeur que notre potentiel économique lui assigne.

L’affirmation de notre idéologie.

Une réflexion contextuelle sur l’Etat ne peut échapper à l’exigence de catégorisation de notre système de pensée. Ainsi, notre modèle de représentation et d’explication du Cameroun est le fédéralisme communautaire.  Une originalité idéologique ancrée sur notre spécificité.

– La spécificité du Cameroun.

Le Cameroun est ontologiquement fixé sur socle de peuplements sociologiquement et anthropologiquement composite. Ce qui lui vaut d’ailleurs la fière appellation d’Afrique en miniature. Et cet Etat, pour libérer les énergies de son essence, doit être l’émanation de cet « humus pluriel ». Ceci, afin que les énergies de son peuple ne soient pas centrifuges, mais centripètes. Si sa gestation est interculturelle, l’Etat du Cameroun doit être dans sa forme achevée, un cadre intra culturel. De la pluralité démotique, doit germer une culture républicaine hébergée par un Etat qui fédère. Pour que nous nous y reconnaissions tous, l’Etat doit être le fruit de ce que nous apportons tous. Le Cameroun doit être un Etat qui fédère.

C’est de la doctrine dénommée « fédéralisme » que dérive l’épithète habituellement accolé au sujet de droit public appelé « Etat ». C’est pour cette raison que « fédéralisme » ne veut pas dire « Etat fédéral ». Et c’est pour cette même raison que deux Etats fédéraux ne sauraient être identiques. Car, si l’adjectif qualificatif « fédéral » est générique, la réalité de son contenu diffère évidemment d’un pays à un autre, parce que la réalité sociologique diffère d’un pays à un autre. Ce que l’Etat dénommé USA veut fédérer (des états ayant chacun sa spécificité) est différent de ce que l’Etat d’Afrique du Sud veut fédérer (des provinces Gauteng, Kwazulu ou Limpopo). Ce que l’Etat appelé Belgique veut fédérer (les Régions wallonne, flamande et francophone), diffère de ce que l’Etat d’Ethiopie veut fédérer (les ethnies amhara, Oromo ou Tigré). Les peuples que le Royaume d’Espagne veut fédérer (Andalou, Catalan ou Galicien) diffèrent de ce que l’Etat de Tanzanie veut fédérer (Tanganyika et Zanzibar).

Une constante se dégage de tous ces exemples. La plupart des Etats qui, à leur naissance ou au cours de leur construction, devaient relever le défi de la diversité sociologique ont convoqué la doctrine fédéraliste. C’est elle qui convient le mieux aux contextes de diversité. Les formes et les appellations peuvent différer par la suite, mais l’essence structurelle est la même. Le Cameroun au regard de sa physionomie sociologique originelle aurait dû emprunter la même voie doctrinale. Cette omission a été un « vice de fabrication » qui depuis lors, provoque un enchainement de « pannes de roulement ». Le choix unitaire à l’avènement de l’indépendance, n’était guère idéologique. Il s’est agi de construire dans l’urgence, un édifice juridique et institutionnel qui ne visait qu’à répondre aux attentes post-coloniales de « standardisation des africains » .

– L’originalité idéologique.

Il y a une quasi-unanimité planétaire, sur l’idée que le fédéralisme est un mode d’organisation politique qui vise à concilier l’unité et la diversité, la cohésion sociale et les choix sociaux singuliers, au sein d’un espace partagé. Si l’ « État fédéral » est en effet un sujet de droit public, le fédéralisme ne l’est pas. Celui-ci est abord une idée de l’État avant de devenir une formalisation normative et institutionnelle de l’État. Dans cette veine, nous partageons cette affirmation des politologues canadiens André LECOURS et François ROCHER : « Le fédéralisme ne peut être analysé uniquement sous l’angle de l’organisation du pouvoir, mais impose   un détour par le chemin des idées, des représentations, des valeurs et idéaux ». Ainsi, notre assertion du fédéralisme est strictement doctrinale et articulée de façon originale à la communauté.

Le saisissement de la communauté quant à lui, se heurte malheureusement souvent au Cameroun, à moult dénotations, connotations et négations. Quand pour certains c’est un monstre qu’il ne faut surtout pas déchainer, pour d’autres, c’est un anachronisme sociologique auquel il est futile de porter le moindre intérêt. Et c’est à juste titre que le sociologue français Claude JACQUIER peut faire le constat suivant : « L’utilisation même de ce mot, qui appartient pourtant à la langue française et à la tradition sociale et politique, apparaît très suspect ». Un étrange paradoxe notamment dans le contexte camerounais où la communauté a déjà accédé au rang de sujet de droit puisqu’elle peut revendiquer une propriété. La « forêt communautaire » consacrée par la législation forestière, en est une illustration. Le 2ème Président du Cameroun, Paul BIYA, y a articulé son projet politique : Pour le libéralisme communautaire. Il est vrai que le corpus de l’ouvrage n’a paradoxalement pas tenu la promesse des belles fleurs de l’intitulé, car les contours exacts de la déclinaison communautaire du libéralisme sont restés introuvables en son sein. Peut-être l’auteur avait-t-il été refreiné par la vulgate hostile qui s’emploie depuis longtemps, à stigmatiser la communauté, à la discréditer, à la rendre politiquement incorrecte. Il demeure que la communauté, malgré ces assauts, est l’unité de base qu’il faut fédérer au Cameroun, pour endiguer les incessantes tensions parfois explosives, mais généralement larvées qui couvent sous les « alternymes » de rejet et de dévalorisation, ou encore sous les représentations péjorées des uns par les autres, qui trahissent une sédimentation de l’ethnocentrisme.

La communauté à notre entendement renvoie à un ensemble d’ethnies qui présentent des affinités de plusieurs ordres. Le trait caractéristique de l’ethnie en effet est la langue. D’ailleurs la plupart des ethnies portent les noms des langues qu’elles parlent (Duala, Bassa, Toupouri, Foulbé, Bamoun, Bafang, Bafia, Batanga, Ewondo etc.). Tout comme certaines villes du Cameroun portent fièrement les noms des ethnies (Duala, Bafia, Bagangté etc.). La communauté rassemble un groupe d’ethnies qui au-delà des langues respectives qui diffèrent, affichent de solides liens historiques, sociologiques ou anthropologiques qui créent une conscience de destinée commune. Les communautés Islamo-peule, Sawa, Kirdi, Bamiléké, Beti, Koh-zimé, Bassa-mpoo-bati, Bamoun, Tikar etc. en sont des illustrations. La reconnaissance de la communauté est l’indispensable préalable pour fédérer et préserver dans l’intérêt de tous, notre identité plurielle. Des études anthropologiques pertinentes, menées notamment par Pr Paul ABOUNA démontrent une telle prégnance du rattachement à l’ethnie au point où, ses conclusions proposent la constitutionnalisation de l’ethnocratie . Nous n’épousons pas cette finalité « ethnocratique » que nous jugeons réductrice parce que nous ne confondons pas l’ethnie à la communauté, la particule à l’ensemble, mais nous partageons le refus de négation d’une réalité qui « crève les yeux », et faisons le choix de l’objectiver. L’intégration nationale, puisqu’il s’agit d’elle, n’est pas la négation des différences, ce n’est pas non plus l’effacement des identités. Pour accomplir notre vision de protection et de libération des énergies, l’Etat doit être fédérateur en tout temps et en toutes circonstances, de son socle identitaire qu’est la communauté.

Toutefois, notre doctrine politique demeure inclusive des autres courants de pensées. En dehors de l’anthropologie anarchiste avec laquelle elle ne pourrait philosophiquement pas « cheminer », elle puise assurément dans l’universisme  de la pensée africaine et emprunte volontiers sur le plan économique aux deux grands systèmes du paradigme occidental qui sont : le libéralisme et le socialisme.  En effet, le libéralisme relègue l’Etat à l’exercice des fonctions indispensables à la vie en société, notamment la défense et la sécurité, en abandonnant les autres activités à l’initiative privée. Quant au socialisme à l’inverse, il entend faire prévaloir l’intérêt général sur les intérêts particuliers au moyen d’une organisation concertée. Ainsi, quand le premier système souvent désigné de « droite » fait l’éloge de l’initiative privée, le second désigné de gauche, fait l’apologie du commun. Pour ce qui nous concerne, nous sommes attachés à l’idée de collectivité qui est ancrée dans la communauté ainsi qu’aux traditions qui la structurent. Nos autorités traditionnelles, qui sanctuarisent notre identité doivent avoir leur place au sein de l’Etat sans être auxiliarisées à celui-ci. Nous pensons en même temps que l’initiative privée est indispensable et que le rôle de l’Etat est de la protéger et la réguler en bon père de famille. Nous faisons donc le choix d’emprunter aux deux systèmes de pensée. Notre posture n’est pas antinomique, elle est fédératrice.

Pour davantage justifier notre emprunt, nous convoquons le philosophe et économiste écossais Adam SMITH , fondateur du libéralisme, lorsqu’il affirme : « chaque individu (…) ne pense qu’à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société que s’il avait réellement pour but d’y travailler ». C’est fort de cette implacable réalité, inhérente à la nature humaine que nous sommes convaincus que le rôle de l’Etat est aussi de libérer les énergies individuelles qui vont générer la prospérité. Nous empruntons au libéralisme, l’encouragement à l’initiative, à l’innovation et à la propriété. L’humain n’est jamais plus motivé que lorsqu’il poursuit son intérêt personnel. Le progrès souhaité en est tributaire. Mais le progrès ne peut être laissé à la merci de la seule initiative privée. Ainsi, dans le contexte camerounais, au regard de la profondeur du fossé des inégalités et des retards multiples qui ont ramolli le potentiel de nombreux citoyens, l’Etat doit être protecteur et planificateur. Il doit être un abri sûr et faire du milieu de vie un lieu sûr. Cette vocation prend un relief particulier en ce qui concerne les questions environnementales. C’est le lieu de rappeler que le paradigme africain est fondamentalement respectueux de la nature, et donc traditionnellement écologique. Et pour nous, l’humain doit demeurer au centre de toutes considérations.

Notre emprunt au libéralisme n’induit donc pas de lever toutes les limites à la marchandisation des rapports humains et à l’agression de la nature.  L’Etat doit protéger la durabilité du cadre de vie, les faibles et les désemparés, mais aussi les forts et les puissants. L’Etat se place ainsi au-dessus, pas seulement en tant qu’arbitre, mais aussi comme secours et recours au sens de l’intérêt général socialiste. Elle est loin de nous, faut-il le rappeler, l’idée d’un libéralisme outrancier qui minore le rôle de l’État en le réduisant au statut de gendarme devant des intérêts privés, tout comme nous sommes convaincus du caractère inconséquent d’un alignement sur un socialisme exacerbé et imbibé de communisme , prônant un étatisme et un dirigisme anesthésiants. Nous croyons en l’Etat qui libère le génie personnel vertigineux, mais nous croyons également en l’Etat gardien de la collectivité, qui génère de la richesse et qui veille à l’équité, nous croyons en la conciliation entre l’économie libérale et la société collective dans un sage dosage. Notre Etat sera en définitive un État africain, fixé sur un socle doctrinal fédéraliste et économiquement centriste. Nous croyons en l’Etat des valeurs traditionnelles, et qui craint Dieu.

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