Au début, le discours était beau. On pouvait le commenter et l’analyser. Le discours se matérialisait par des actes que tout le monde rêvait voir se réaliser en Guinée depuis des décennies. Le discours n’était pas pour plaire, mais il plaisait bien. Et même s’il choquait dans certains milieux sociaux assez politisés, il s’entendait comme une vérité indéniable à accepter comme tel. Une vérité du moment aussi, adaptée à la situation qui prévalait. Le discours a fait accepter un chef, en qui on a trouvé de l’espoir. L’espoir de sortir du désordre et du désappointement pour enfin marcher la tête haute. Fiers de détenir autant de richesses naturelles sur lesquelles, le pays a bâti sa réputation.
Le discours, c’était au début. Plus de discours, à part ceux qui sont une obligation pour le Chef spécial. Il est toujours le véritable patron des forces spéciales à la tête desquelles il a été placé par Alpha Condé qu’il a forcé à libérer le palais. Il recrute, forme et équipe cette unité, déjà bien au-dessus de bien d’autres. Du moins du constat de profane. Et comme un message qu’il envoie, il agit de manière à renforcer davantage le pouvoir, tout aussi déjà fort pour les humains. En gros, la force du pouvoir déchu en septembre 2021, dépendait en grande partie, de la puissance des forces du Chef spécial.
Alors, le débat qui a prévalu au lendemain du putsch et auquel certains voulaient s’accrocher n’est plus d’actualité. Les forces spéciales n’ont répondu à l’appel de personne. Elles ont agi sous l’ordre et pour le seul compte de leur Chef. Il leur doit, tout comme elles lui doivent. Ils s’aiment et se sont promis grande loyauté. Les autres unités fortes de leur histoire ont aussi promis au Chef, le respect et la loyauté. Elles ont promis toutes, de travailler dans l’unité. Nous n’oserons pas parler à ce stade de frictions, puisque de toutes les façons, il n’y a jamais eu d’unité parfaite. Sous Conté, on parlait beaucoup plus du Bataillon autonome des troupes aéroportés BATA. Les commandos chinois comme on les appelait. Ils ont connu un temps si glorieux, qu’ils ont eux aussi pris le pouvoir qu’ils ont mal géré.
Les forces du Chef spécial, c’est une création du Président Alpha Condé qui n’a pas su s’en servir. Il observe désormais de loin le groupe qui lui a permis de réussir le changement constitutionnel et de gagner la présidentielle de 2020 pour un troisième mandat. S’il savait. Et donc, chacun peut se poser mille questions : pourquoi autant de recrutements ? Pourquoi autant de recrutements au compte de tel groupe et non de l’autre ?
C’est le droit de chacun. Et le contexte sécuritaire qui s’explique par la présence des groupes terroristes en Afrique de l’ouest (raison de la création des forces du Chef spécial), ne saurait être la seule véritable réponse. Les demandes politiques demeurent. On s’intéresse au chronogramme de la transition auquel ne devrait pas forcément s’arrimer les recrutements dans les forces de défense et de sécurité. Mais quoi qu’on veuille dire, le lien est vite fait.
ALSENY BALDE
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