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Le caractère ambivalent de leur indépendance, renforcé par la persistance des relations incestueuses qu’ils entretiennent avec les pays colonisateurs, rendent difficiles depuis les soixante premières années de leurs existences, la réalité du souverainisme des pays africains difficiles à établir. Autant sur les plans politique, économique, financiers et social, les choses sont désormais en train de changer sous la pression des événements et de l’action politiques des mouvements radicaux panafricanistes et souverainistes. Ces évolutions qui prennent timidement corps sont néanmoins de plus en plus perceptibles dans l’ensemble du continent.

FCFA : l’Afrique centrale propose à pas de sénateur des pistes d’une réforme « profonde »

Sur le plan monétaire notamment, la réforme du franc CFA, exigée par les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) depuis 2019 se rapporte à l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France.

Au cours du colloque qui s’est tenu à Libreville, les 17 et 18 novembre derniers, sur le thème « Monnaie et développement en Afrique centrale », les enseignants d’université, économistes et autres acteurs de la société civile de la zone Cemac ont globalement penché pour une réforme « profonde » du FCFA.

« Je crois qu’il est apparu de manière assez claire de ces travaux que la coopération monétaire avec la France mérite d’être réformée. Maintenant, au niveau du sens de la réforme, les avis bien évidemment sont partagés. Il y en a qui se contenteraient par exemple d’une réforme même simplement de l’appellation, vu la charge symbolique qui est autour de ce nom. Mais, pour la grande majorité, la réforme ne devrait pas se limiter à un changement de nom. Il faudrait une réforme profonde », a expliqué le professeur Alain Kenmogne Simo, agrégé des facultés de droit.

« Nous ne voulons plus du franc CFA, nous n’en voulons plus ! » La scène se passe au début de mars sur le grand marché de Lomé, capitale du Togo. Et la femme qui s’exprime avec une telle véhémence est une commerçante dont le client prétend régler ses achats avec des billets de la BCEAO flambant neufs, et qui, selon lui, ont davantage de valeur et de prestige que d’autres monnaies africaines. Autour d’elle, ses collègues s’attroupent et acquiescent.

Dans ce fief des célèbres Nana Benz (vendeuses de tissus wax), à des milliers de kilomètres de Rome, les récentes déclarations de Luigi Di Maio, le vice-président du Conseil italien, accusant la France d’« appauvrir » l’Afrique par le biais du franc CFA, ont fait mouche. Dans les quatorze pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest utilisant cette monnaie (dont la convertibilité est garantie par la France), l’opinion est de plus en plus sensible aux diatribes souverainistes des activistes anti CFA.

Comme on le voit donc, la question a cessé d’être tabou et le Rubicon est désormais franchi au sujet de la question lancinante et hautement délicate du franc CFA. Et quatre pistes de réflexion sont proposées pour réformer la monnaie controversée.

Les uns souhaitent abolir ce qu’ils présentent comme un anachronique symbole de la colonisation. Les autres redoutent de déstabiliser les économies de la zone par des initiatives précipitées. Pour enfin sortir du débat autour du franc CFA.

Politique : Russie et Afrique

Le conflit en Ukraine a éclaté alors que les relations entre Moscou et le continent africain étaient en plein renouveau. Souvent fragmentée, l’approche russe à l’égard de l’Afrique demeure réactive et encore trop arrimée à la confrontation à l’œuvre entre la Russie et l’Occident. Si la trajectoire de ces liens est aujourd’hui soumise à l’épreuve de la guerre, cette crise a cependant aussi mis au jour une forme de compréhension politique entre Moscou et des capitales africaines, illustrée par des prises de positions inédites à l’ONU. Pour le Kremlin, comme pour certains États d’Afrique, cette guerre voit se matérialiser des représentations profondément ancrées (« Occident collectif », « double standard ») qui se font écho. En outre, au-delà du récit hostile à l’Occident et de celui sur la souveraineté, déployée par Moscou, ainsi que de l’offre sécuritaire russe, cette relation manque encore de densité économique. Or le mille-feuille de sanctions qui pèse aujourd’hui sur la Russie est de nature à compliquer l’épanouissement de ces liens commerciaux, déjà lestés par une compatibilité économique parfois toute relative entre les partenaires. Beaucoup dépendra de la volonté du Kremlin d’investir du capital politique et des ressources financières dans sa relation avec l’Afrique. À ce défi économique s’ajoute celui de la logistique – peu de connexions aériennes et maritimes relient directement la Russie au continent africain – et de la culture africaine insuffisamment maîtrisée par les cadres chargés du développement commercial des entreprises russes en Afrique. À la veille de l’éclatement de la guerre en Ukraine, ce « retour » russe en Afrique paraissait ainsi quelque peu inachevé. Ce conflit, sans pour autant obérer la réinsertion de la Russie sur le continent africain, devrait cependant accentuer cette impression.

Le cas concret de la relation avec le Cameroun

Arrivé en fin de séjour au Cameroun, l’Ambassadeur de la Fédération de Russie, Anatoly Bashkin, a fait ses adieux au Chef de l’Etat, S.E. Paul BIYA, au cours d’une audience au Palais de l’Unité, le 26 octobre 2023.  Cette ultime rencontre, qui a duré deux heures, a permis au Président de la République et à son hôte de passer en revue la coopération bilatérale et d’évoquer des sujets d’actualité internationale.

Face à la presse, l’Ambassadeur a indiqué que les entretiens ont beaucoup porté sur le 2ème Sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, du 27 au 28 juillet 2023, et auquel le Président Paul BIYA a participé aux côtés de son homologue russe, le Président Vladimir Poutine.  Il a relevé que les orientations données par les deux Chefs d’Etat au cours de leur rencontre bilatérale du 28 juillet dernier pour renforcer la coopération ont ensuite fait l’objet de concertations avec le Gouvernement camerounais.  L’Ambassadeur a fait part au Chef de l’Etat des conclusions de ses différentes discussions avec le Gouvernement.

Le Président Paul BIYA et le plénipotentiaire russe ont noté que beaucoup d’avancées au niveau de la coopération entre les deux pays. Celle-ci, a souligné le diplomate, devrait connaître un nouveau coup d’accélérateur à l’occasion de la célébration, au mois de février 2024, des 60 ans d’établissement des relations diplomatiques. Il a annoncé, à cette occasion, la tenue de la première session de la grande commission mixte de coopération russo-camerounaise. Il a également souhaité que les relations entre les deux pays puissent se développer davantage au plan économique, précisant que le volet politique connait une évolution très appréciable. Le diplomate russe a notamment réitéré la volonté de de son pays de construire une usine de production d’engrais au Cameroun et des unités de transformation des produits agricoles pour éviter les pertes après récolte. 

Concernant la situation internationale, l’Ambassadeur russe a simplement relevé qu’il s’est surtout agi d’examiner les conséquences des crises qui secouent le monde sur les conditions de vie des populations dans les pays en développement en général et en Afrique en particulier au plan alimentaire.

Ces dernières décennies, l’Etat du Cameroun n’a pas caché sa volonté à diversifier ses partenaires. Ceux déjà présents dans son portefeuille, sont régulièrement consolidés question de rester sur la scène politique et économique internationale. Avec la fédération de Russie, les relations prennent du volume. Au lendemain du dernier sommet Russie – Afrique, les Sbornaïa ont affronté les Lions Indomptables dans le cadre d’un match amical. Les retombées économiques étaient conséquentes.

Samedi dernier, le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l’Accord entre les deux gouvernements, relatif à la suppression réciproque de l’obligation de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service est sur la table des députés. Cet accord est conclu pour une durée indéterminée. Il matérialise la volonté des parties à approfondir leur amitié et leur coopération, par des aménagements plus souples facilitants le déplacement mutuel de leurs ressortissants titulaires de passeports diplomatique ou de service en cours de validité.

De manière concrète, les ressortissants des Etats de l’une des parties, détenteurs desdits titres de déplacement, auront le droit d’entrer sur le territoire de l’autre partie, d’y séjourner, d’y transiter et d’en sortir, sans obligation de visa pour une durée maximale de 90 jours à compter de la date d’entrée. Des facilités similaires sont accordées au personnel diplomatique et consulaire sur le territoire de l’autre partie, sous réserve de l’enclenchement des procédures d’accréditation. L’exemption de visas est sans incidence sur la capacité d’une des parties à déclarer non grata les détenteurs des titres susvisés, qui demeurent du reste astreint au respect de la législation de l’Etat d’accueil pendant toute la durée de leur séjour.

Cet instrument juridique est l’un des fruits du sommet Russie-Afrique tenu les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Il réaffirme la volonté mutuelle du Cameroun et de la Russie à diversifier et à optimiser leur coopération. Sa ratification permettrait de fluidifier les rencontres et les échanges entre les officiels des deux Etats et d’élargir la carte géographique des pays avec lesquels le Cameroun dispose d’Accords similaires.


Le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana, et l’ambassadeur de Russie au Cameroun, Anatoly Bashkin, ont remis sur la table le projet de création d’une bourse du café qui « servirait de trait d’union » entre Yaoundé et Moscou. Il s’agit d’une plateforme de commercialisation du café camerounais à destination du marché russe, une sorte de lieu de rencontre entre les producteurs camerounais et les acheteurs russes. Le Mincommerce ne précise toutefois pas s’il s’agira d’une plateforme physique ou numérique.

L’idée de créer cette bourse avait été émise par les opérateurs économiques camerounais et la Chambre de commerce de Moscou, lors des premières Journées économiques camerounaises organisées du 19 au 23 octobre 2016 dans la capitale russe. L’année suivante, le Mincommerce listait ce projet parmi les activités à soutenir par son département ministériel en 2017. Mais plus rien n’a filtré sur le sujet après, jusqu’à ce que celui-ci soit ressuscité lors d’une audience que Luc Magloire Mbarga Atangana a accordée au diplomate russe courant septembre 2023.

Selon le membre du gouvernement, cette bourse du café viendrait renforcer la coopération commerciale entre les deux pays et permettrait de promouvoir le Cameroun comme destination privilégiée pour les investissements russes, au moment où le pays manifeste l’envie de densifier la coopération économique et commerciale avec la Russie. Pour l’heure, Yaoundé trouve que ce volet de la coopération avec Moscou est « très peu développé », en comparaison avec la relation militaire entretenue entre les deux pays.

« La Fédération de Russie représente 6 à 7% des parts du marché avec le Cameroun, pour un volume en termes d’exportations assez faible : autour de 96 milliards de FCFA. La situation s’est plutôt dégradée depuis le déclenchement de la guerre avec l’Ukraine au mois de février 2022 (…), plus au détriment de la Russie que du Cameroun puisqu’au cours des deux dernières années, nous avons amélioré nos exportations. Elles ont été multipliées par 16, alors que les importations en provenance de la Russie ont régressé », déclarait Luc Magloire Mbarga Atangana, au lendemain de la tenue du 2e Sommet Russie-Afrique tenu en juillet dernier.

Le Mincommerce affirme que la Russie est un client « potentiellement » important du fait de sa population de 146 millions d’habitants, ce qui en fait un marché non négligeable pour le Cameroun. En rappel, le Cameroun a exporté 11 557 tonnes de café (10 579 tonnes de robusta et 977 tonnes de robusta) lors de la campagne caféière 2021-2022, d’après les données de l’Office national du cacao et du café (Oncc). Le balancier oscille entre les annonces et la volonté de concrétiser un bilatéralisme commercial favorable aux deux partenaires.

Les soubresauts et les rivalités politiques au Sud du Sahara

Le coup d’État au Gabon, comme ceux des dernières années dans les anciennes colonies françaises, illustre la difficulté de la France à maintenir une zone d’influence en Afrique. Cette semaine, Emmanuel Macron, dans son discours annuel aux ambassadeurs français, a souligné l’importance pour son pays de maintenir et de consolider son influence à travers le monde. Malheureusement pour lui, le terme même d’influence sonne aux oreilles des Africains comme une intolérable survivance de l’époque coloniale. Le gouvernement français se retrouve dans la position inconfortable des politiciens tombés en discrédit dans la faveur populaire : quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, ses paroles et ses gestes seront interprétés de manière négative par une bonne partie des populations africaines. 

1) Comment la France cherche-t-elle à augmenter son influence ?

À la fin de son discours aux ambassadeurs, semblant sortir de son texte, Macron a évoqué le problème de communication qui afflige la France en Afrique et ailleurs. Les médias français sont libres, mais ils sont perçus par beaucoup d’Africains comme étant à la solde du gouvernement français. Et le lien de Radio France International avec le Quai d’Orsay est un des éléments qui les conforte dans cette manière de voir les choses. Or, ces médias ont face à eux d’autres médias qui eux sont à la solde de divers gouvernements ennemis des intérêts français. Le gouvernement français doit donc trouver un moyen de répondre à la propagande antifrançaise. Macron n’a donné aucune indication sur la manière dont il comptait accomplir cette tâche.

2) Les accusations contre la France sont-elles sans fondement ?

Les accusations de néocolonialisme contre la France en Afrique ne sont pas toutes sans fondement. Par exemple, les pays africains qui utilisent le franc CFA doivent obligatoirement déposer la moitié de leurs réserves de change à la Banque de France. Ce dépôt obligatoire entrave la liberté économique de ces pays, en même temps qu’il renforce l’économie française. Cependant, les critiques du franc CFA oublient commodément que la France s’était ainsi portée garante d’une certaine stabilité du franc CFA. Cette garantie est-elle encore nécessaire aujourd’hui ? Sans cette garantie, les coups d’État et les affaires de corruption pourraient facilement transformer le franc CFA en une monnaie sans valeur, comme au Zimbabwe.

3) Quel est le principal rival de la France en Afrique ?

Historiquement, le plus féroce rival de la France en Afrique était l’Angleterre mais désormais il est l’Arabie saoudite. Depuis des décennies cette dernière finance des mosquées et des écoles coraniques qui détruisent l’islam traditionnel africain et qui instaurent à sa place un islam fondamentaliste. Cet islam déstructure les sociétés africaines et encourage le jihad. 

4) Quels sont les autres rivaux de la France ?

Le second rival est la Chine. La Chine est le premier partenaire commercial de la majorité des pays africains. Le gouvernement chinois, à travers divers projets de construction, a favorisé la constitution d’une forte diaspora chinoise dans plusieurs pays africains. Les Chinois de cette diaspora sont souvent très entreprenants. Ils tendent naturellement à commercer avec la Chine plutôt qu’avec d’autres pays. Le troisième rival de la France est la Russie. Redoutable propagandiste, la Russie a envoyé environ 6000 mercenaires en Afrique. Ceux-ci semblent derrière plusieurs coups d’État récents. La disparition du groupe Wagner devrait cependant ralentir la progression de la Russie. Le dernier grand rival est le gouvernement américain. Après les désastres du Mali, du Burkina Fasso et du Niger, celui-ci semble estimer qu’il peut apaiser la région mieux que la France.

L’année 2023 marque-t-elle le réveil et l’éveil de l’Afrique ?

Dans une certaine mesure, on pourrait répondre à cette question par oui. Et le cas de l’Afrique du Sud prêche positivement pour cette thèse.

En général, l’esprit du panafricanisme gagne les pays du cône sud de l’Afrique tels le Zimbabwe, la Zambie, le Mozambique, la Namibie et surtout la colonie du cap en Afrique du Sud dès le 18 ème siècle.

Cet élan se concrétise par la victoire de l’ANC et de Nelson Mandela aux élections présidentielles de mai 1994 où le Congrès national africain remporte 63% des voix aux élections. Et depuis cette date, l’Afrique du Sud, souhaite assurer le leadership du mouvement panafricaniste, mais celui-ci est tempéré par une certaine réalité de la gestion du pouvoir dans un pays où les blancs avaient jusque-là la mainmise sur tous les secteurs d’activités.

Si le panafricanisme prône à terme l’unité de tous les états africains, il faut relever qu’au préalable ceux-ci doivent respectivement avoir conquis leur véritable indépendance qui se caractérise par une réelle souveraineté. Une indépendance leur permettant entres autres, d’assurer eux-mêmes leur sécurité (contrôle de leur frontière), de défendre leurs intérêts, de choisir eux-mêmes leurs partenaires dans les relations bilatérales, de choisir leur modèle économique, etc….

Si peu de pays prennent les initiatives réelles pour demander la fin des hostilités dans cette guerre au Moyen-Orient, entre Israël-Palestine, ce panafricanisme souverainiste s’est manifesté par la liberté de ton adoptée par l’Afrique du Sud qui a d’ailleurs surpris le reste du monde. Elle a en effet  porté plainte le 29 décembre 2023 contre Israël pour « génocide » à Gaza auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), le tribunal de l’ONU chargé de régler les différends entre Etats.

La plainte est en effet assortie d’une demande de mesures d’urgence susceptibles d’ordonner la fin des hostilités.

L’insistance de cette démarche montre qu’au regard du niveau de conscience politique de leur indépendance et du sens de leurs responsabilités vis-à-vis de la société internationale, Il va sans dire que plus les Etats africains s’exprimeront librement et mieux le monde se portera.

La Rédaction

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