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Le MRC se déclare social libéral. Cependant son programme économique néolibéral très proche de celui de Ouattara en fait un parti non pas de centre-droite mais de droite tout court. Ce que ne dément d’ailleurs pas son casting emblématique Ekoka-Dzongang, des néolibéraux issus de la matrice du libéralisme communautaire rdpciste. Le flirt de ce parti avec Nganang un ethno-fasciste connu le rapproche des mouvements racistes de l’extrême droite européenne. Celestin Monga n’est pas de gauche non plus. Il est de la droite libérale, voire néolibérale. La Banque mondiale et la Bad ne sont pas des universités d’été pour socialistes. Les querelles entre Kamto et Monga sont des contradictions internes au sein de la même famille idéologique. Monga est de la droite qui se veut sophistiquée, aristocratique et universaliste. Il est donc naturellement allergique à la grossièreté, au repli identitaire et aux insultes qui caractérisent certains militants et sympathisants du MRC. Le conflit entre la gauche historique et le MRC est idéologique et réel. Mais elle ne s’explique pas par le fait que ce parti ait « siphonné si facilement, et sans son aval, une bonne partie de son électorat ». L’électorat naturel de la gauche est le prolétariat. Cette classe sociale est constituée de travailleurs ayant des revenus modestes mais réguliers. Le MRC recrute essentiellement dans le lumpen prolétariat qui est l’électorat naturel de la droite et de l’extrême droite. Ce sous-prolétariat en haillons est constitué des laissés-pour-compte, des chômeurs sans avenir, des sans-papiers de la diaspora, des aigris et autres rebus de la société. Les « talibans » ont pour alter ego non pas les militants socialistes de gauche mais les casseurs du front national, des mouvements néo-nazis et autres mouvements populistes de droite et d’extrême droite.

Encadré

Comprendre la brouille Kamto-Monga

Au delà des invectives et du mépris qu’elle a pu susciter ici et là, la récente sortie de Celestin Monga, évoquant, sans le citer, Pr Kamto Maurice dans un Tweet devenu viral en quelques heures, est révélatrice d’un conflit qui couve depuis peu et qui va à n’en point douter, déterminer le destin des oppositions camerounaises au cours des années qui viennent.Il y a d’un côté, la gauche dure et historique. Et de l’autre, un centre-gauche dont Maurice Kamto et le MRC sont les figures symboliques. Le MRC et son leader ont confortablement pris place dans le marché politique national grâce à deux déterminants majeurs.1- L’essoufflement des forces de gauche. 2- La « droitisation » des socio-démocrates, dont l’embourgeoisement de l’élite est un marqueur tangible parmi tant d’autres. Le contexte, marqué par l’appauvrissement de la pensée politique, accentué par la crise économique et sociale dont Février 2008 fut le point culminant ; avec l’éclatement du leadership des forces alternatives à l’ordre gouvernant, ont pour beaucoup, contribué à offrir au MRC, un boulevard d’opportunités et un positionnement favorable ; au centre gauche.

La bataille de gauche

Le conflit qui couve : quel est-il ? Quelle en est la nature, et quels en sont les enjeux ? La gauche historique, de son aile marxisante (Manidem, Upc et autres) à son bord le plus révolutionnaire dont Djeukam Tchameni est la figure emblématique, et dont Monga fut passablement l’un des idéologues, refuse d’adouber Maurice Kamto. Elle considère, parfois avec un brin de dogmatisme, que l’histoire et les contradictions personnelles, les idées aussi, de Maurice Kamto en font naturellement un homme de droite ; et que son positionnement à gauche n’est qu’artificiel et relèverait davantage de l’opportunisme politique que d’autre chose. C’est précisément ce que Monga a voulu dire à Kamto dans son Tweet. La gauche historique ne pardonne pas à Maurice Kamto, d’avoir siphonné si facilement, et sans son aval, une bonne partie de son électorat ; alors même qu’elle revendique à cor et à cri, un rôle prépondérant, si ce n’est l’exclusivité d’une certaine antériorité – fondatrice- , en matére de luttes populaire et révolutionnaire, depuis le retour au multipartisme au Cameroun. Pour ainsi dire, la gauche historique se sent violer dans son coma profond… Et tente comme elle peut de négocier son retour en grâce sur un échiquier politique qui se transforme et met en scène de nouveaux acteurs. Devenue moribonde, depuis son victorieux échec des années 90, la gauche historique peine toujours à se régénérer. Pour autant, elle se refuse de voir en Kamto Maurice et le MRC, l’espoir de sa réinvention. Le MRC a beau faire les yeux doux, avec un certain succès, à une frange importante des électeurs de gauche, il a encore du mal à passer pour crédible et légitime, aux yeux de ses leaders historiques et de certains acteurs de la société civile. À tort ou à raison ? L’histoire tranchera. À l’évidence, sur les idées, l’approche et la méthode, il y a comme une distorsion fondamentale, une fracture presqu’ontologique entre le « nouveau centre » et la gauche historiquement radicale et révolutionnaire. La brouille entre Patrice Nganang et le MRC, ainsi que la taquinerie peu amicale de Monga à l’adresse de Kamto, n’en sont que de parfaites illustrations. Au Cameroun, alors que les oppositions s’opposent, la droite se réinvente et ratisse large. Elle a manifestement de beaux jours devant elle, à moins qu’elle soit à son tour, rattrapée par ses propres contradictions internes.

Luc Perry Wandji

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