Depuis le début du mois d’Avril 2023, une rumeur de la pénurie de carburant et de gaz butane avait été circulée sur les réseaux sociaux, suscitant aussitôt une panique anticipative au sein de la population tchadienne. D’après un écrit non signé largement partagé sur le net, la raffinerie de Ndjamena cesserait incessamment de produire pendant 50 jours, en prélude à une révision générale de ses installations industrielles.
Cette rumeur avait été aussitôt démentie par les services de communication du ministre des hydrocarbures et de l’énergie qui avait parlé d’information mensongères non vérifiées émanant d’individus mal intentionnés dont le seul but était de semer la panique dans les esprits des citoyens.
Malheureusement pour les tchadiens, la prophétie des réseaux sociaux relative à la pénurie de carburant et de gaz butane, est depuis la fin du mois d’avril 2023, en train de se réaliser. Selon les avis des spécialistes, ce sont des pratiques spéculatives des marketeurs qui créent cette pénurie artificielle en vue d’engranger des profits inespérés dans la perspective de l’arrêt de production de la raffinerie. Depuis quelques, des queues interminables s’observent dans les stations-services, alors qu’un marché parallèle de vente de carburant se crée. Et manifestement, les files d’attente ne sont pas prêtes de se réduire. Le phénomène est aggravé par la volonté de certains automobilistes de se constituer des réserves de carburant au cas où ces difficultés d’approvisionnement parviennent à perdurer.
La crise du carburant touche Le secteur Social au Tchad
Salariés, professions libérales, entreprises, ménages, consommateurs, aucun automobiliste ou détenteur de moto n’est épargné par cette carence. Même les usagers de certains transports en commun sont impactés. Les tarifs des transports urbains et interurbains ont triplé.
Quand on connait le niveau de vulnérabilité de la grande majorité des tchadiens, on ne peut que s’inquiéter du renchérissement du coût de la vie que ces pénuries vont nécessairement engendrer, aggravant ainsi leur pauvreté.
En outre, en cette période de canicule de ces mois de Mars, Avril et Mai due à un ensoleillement excessif, il n’est pas à exclure qu’une pénurie de carburant va assurément constituer un facteur aggravant la mortalité des plus petits et des plus âgés.
Par ailleurs, la population connait également une pénurie de gaz butane, qui impacte directement et durement sur son quotidien. Après l’interdiction des autorités de l’utilisation du bois de chauffe et du charbon, la demande du gaz domestique a littéralement explosé, obligeant la population à parcourir de longues distances pour s’en procurer, ce qui entraine bien évidemment des coûts supplémentaires et des difficultés pour les ménages les moins nantis.
Cette carence a également des conséquences directes sur l’écrasante majorité des ménages, contraintes à recourir des moyens de cuisson alternatifs, pourtant déconseillés pour les maladies respiratoires qu’ils peuvent causer et des risques d’incendies et de destruction de l’environnement.
Ces faits sont également observés et scrutés par la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) qui, dans une correspondance à l’intention du gouvernement et du parlement énumère quelques recommandations pour remédier aux crises énergétiques actuelles. Pour la CNDH, il faut :
Diversifier les sources d’énergie ; augmenter dans les meilleurs délais les capacités de transport pour l’importation des produits ; prévoir la construction des stocks stratégiques de carburant pouvant répondre à une demande d’au moins 90jours, soit trois mois pour palier des situations d’urgence énergétique ; répartir équitablement les capacités de stockage sur tout le territoire national en fonction des capacités d’absorption de carburant de chaque province ; adopter un cadre normatif de gestion du secteur soucieux des droits de l’Homme qui accorde une attention particulière aux individus et aux groupes vulnérables(…).
La CNDH soucieuse du bien être des populations souhaite par cet avis attirer l’attention des plus hautes autorités sur les conséquences des pénuries sur les paisibles citoyens.
Jean-Philippe BELEDE
